LA BOMBE INTELLIGENTE
Version
française – LA BOMBE
INTELLIGENTE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson
italienne – Bomba
intelligente
– Elio
e le Storie Tese
– 2016
Paroles
de Francesco
di Giacomo
(2005)
Musique de Paolo Sentinelli
Musique de Paolo Sentinelli
Les amours de la femme-poisson rose, alias la Bombe intelligente. |
« C’était
2005 le souvenir reste comme
si c’était
hier, en plein
dans la deuxième
guerre du Golfe. Bagdad avait été frappée
plusieurs fois et une bombe dite
intelligente avait manqué sa
cible. Ali avait
14 ans, il perdit
ses bras et à Bagdad,
il y avait le soleil
qui brûlait vraiment très fort.
Je me le rappelle comme si c’était
hier, face à
cette nouvelle qui nous remplissait de rage. Ensuite Francesco
commença à
raconter une histoire, il ouvrit
son cœur, il
alignait des phrases très belles que
j’écrivais en
toute hâte sur une feuille de papier, l’arrière
d’une quittance d’électricité, trouvée sur la table de
la cuisine. « En soutenant, avec la
force de la raison, qui une bombe puisse être très intelligente, on
pourrait lui
demander peu avant l’explosion la description d’un coucher de
soleil ou si elle
a déjà ou non fait l’amour ». « Continue Francè,
c’est beau ».
Oui, c’est
beau.
« À ce moment, cette bombe très intelligente parlerait, elle dirait avec le cœur en main, elle raconterait son amour qui était un avion mythique qui disait le monde est étrange, peut-être vaut-il mieux rester à l’écart, mon amour. Ah ! Ce séducteur me portait contre le vent, ah ! qui aurait dit qu’ensuite, il me larguerait ici. » Avec la feuille pleine d’encre et de notes, je rentrai chez moi et imaginant raconter cette histoire à un enfant, je composai une musique légère, presque une comptine. C’était le premier morceau que nous écrivions ensemble. Depuis nous avons commencé à nous voir plus souvent jusqu’à ce que ça devienne une agréable habitude. Il racontait, je prenais note, je rentrais chez moi, et j’en faisais des chansons. Durant ces dix ans, il a écrit des choses merveilleuses, sa créativité ne s’était pas du tout tarie, au contraire, elle était vive. Elles sont là dans un tiroir, chantées, jouées, et il n’est pas facile rassembler la force pour les publier. Pour nous, ça n’avait aps d’importance, ça ne nous intéressait pas, on échangeait des pensées, des émotions, de la créativité, et le vin n’était jamais banal. C’était 2005, je m’en souviens comme si c’était hier chez Francesco. Je rapportai la quittance avec le texte écrit au verso, la lumière ne fut pas débranchée, et avec un microphone d’un portable, nous avons enregistré la voix à la cuisine, entre une gousse d’ail et une aubergine, comme en passant. Une histoire à faire frémir un ingénieur du son.
...
« À ce moment, cette bombe très intelligente parlerait, elle dirait avec le cœur en main, elle raconterait son amour qui était un avion mythique qui disait le monde est étrange, peut-être vaut-il mieux rester à l’écart, mon amour. Ah ! Ce séducteur me portait contre le vent, ah ! qui aurait dit qu’ensuite, il me larguerait ici. » Avec la feuille pleine d’encre et de notes, je rentrai chez moi et imaginant raconter cette histoire à un enfant, je composai une musique légère, presque une comptine. C’était le premier morceau que nous écrivions ensemble. Depuis nous avons commencé à nous voir plus souvent jusqu’à ce que ça devienne une agréable habitude. Il racontait, je prenais note, je rentrais chez moi, et j’en faisais des chansons. Durant ces dix ans, il a écrit des choses merveilleuses, sa créativité ne s’était pas du tout tarie, au contraire, elle était vive. Elles sont là dans un tiroir, chantées, jouées, et il n’est pas facile rassembler la force pour les publier. Pour nous, ça n’avait aps d’importance, ça ne nous intéressait pas, on échangeait des pensées, des émotions, de la créativité, et le vin n’était jamais banal. C’était 2005, je m’en souviens comme si c’était hier chez Francesco. Je rapportai la quittance avec le texte écrit au verso, la lumière ne fut pas débranchée, et avec un microphone d’un portable, nous avons enregistré la voix à la cuisine, entre une gousse d’ail et une aubergine, comme en passant. Une histoire à faire frémir un ingénieur du son.
...
Aujourd’hui
cette chanson est publiée par Elio e Le Storie Tese ... La première
écrite avec Francesco, la première à être publiée ».
En
Italie, les premiers à traduire l’idée en musique ont été les
Bisca,
avec un morceau appelé précisément
La
bomba
intelligente.
Dans
leur version, la bombe intelligente s’appelait Carmela et elle
tombait amoureux éperdument
de Ciruzzo, un vieux surplus de guerre. Le bruit de la bombe qui
tombe est en réalité un échantillon de l’avion de Back
in the U.S.S.R.
des
Beatles. (marok)
Dialogue
maïeutique de l’âne
Les
bombes intelligentes, dit Lucien l’âne, en voilà une idée. Ce
doit être une idée de militaire ou alors, d’un savant amoureux
fou d’une sirène atomique.
Tu
ne crois pas si bien dire, Lucien l’âne mon ami, c’est
exactement de ça que parle la chanson. Enfin, plus ou moins. Je
ne dirai rien d’autre de sa genèse, car nos amis italiens l’ont
déjà fait dans le commentaire introductif que j’ai traduit (en
partie). Mais je vais te dire quelques mots de l’illustration, car
elle en vaut la peine. À première vue, elle n’a aucun rapport
avec la bombe intelligente dont il paraît qu’il en existe vraiment
et même beaucoup, mais elles sont équipées d’une intelligence
militaire, toute tournée vers la destruction et l’art de la
guerre. Ces bombes intelligentes en uniforme sont des êtres
spécialement conçus pour la Guerre
de Cent Mille Ans , cette guerre que les riches font aux
pauvres depuis tant de temps aux seules fins de renforcer leur
pouvoir, d’étendre leur domination, d’accroître leurs
richesses, de multiplier leurs profits… Il suffit d’ouvrir les
yeux pour s’en apercevoir.
Certes,
dit Lucien l’âne, mais il n’est pire aveugle que celui qui ne
veut pas voir.
À
propos de voir, revenons à notre illustration. À quoi donc
fait-elle penser ?
Oh !,
dit Lucien l’âne en riant de toutes ses dents et en clignant de
l’œil gauche. On dirait des femmes-poissons qui vont s’enlacer.
On dirait une parade amoureuse au fond de l’océan.
Et
c’est exactement ça. Deux femmes-poissons se cajolent au fond de
la mer, ce qui est sans doute le destin de notre « bombe
intelligente » :
« Ah,
l’amour est silencieux là sur le fond,
Ah, quel grand jour quand l’amour la fit poisson ! », chante la chanson.
Ah, quel grand jour quand l’amour la fit poisson ! », chante la chanson.
Ceci
dit, il y a diverses interprétations possibles
de
cette expression « bombe intelligente », qui m’a tout
l’air d’un oxymore à plus d’un titre. Suis bien mon
explication. Le premier sens, c’est celui que les militaires ont
donné à une bombe qui, grâce à un système de guidage se dirige
« seule » vers son objectif, comme si elle pensait
réellement et c’est d’elle que parle la chanson. Toutefois, dans
la
chanson,
cette bombe va user de son intelligence pour se mettre à penser,
comme les créatures des frères Čapek
ou plus tard,
d’Asimov
– les
robots,
et à agir à l’encontre de la mission de destruction qui lui
était assignée. Sa récompense sera, sans doute par la grâce de
Poséidon,
de devenir une femme-poisson promise à l’amour marin.
Ah,
l’amour marin,
c’est le plus tonique, dit Lucien l’âne radieux, et j’ai connu
personnellement un certain nombre de ces dames depuis que je
baguenaude autour de la Méditerranée. Généralement,
on les nomme des sirènes ; ce sont de braves filles aux amours
humaines et pas seulement, comme tu le devines. Ulysse lui-même les
avait rencontrées.
Cependant,
Lucien l’âne mon ami, il est une autre interprétation qui m’est
venue en tête. Depuis peu de temps, les humains, principalement les
mâles, dénomment « bombes », les jeunes personnes :
jeunes femmes, jeunes filles aux proportions anatomiques percutantes.
Quant à l’intelligence, on ne sait trop ce qu’il en est, car
c’est une caractéristique qui échappe généralement à
l’entendement de ces messieurs.
Ah !,
dit Lucien l’âne, c’est une interprétation indiscutable, mais
elle ne colle pas vraiment avec la chanson. Ceci dit, que voulais-tu
dire encore à propos de l’illustration ?
Je
voulais indiquer qu’il s’agit d’un dessin connu du peintre
Magritte, dessin qui doit dater de 1924 et selon les habitudes
héritées des courants dada, expressionniste, surréaliste et plus
tardivement, situationniste, ce dessin – comme beaucoup d’autres
illustrations dont j’use pour ces chansons que j’écris ou dont
je fais une version française – est une variation, une dérivée,
une dérive, un détournement. C’est et c’est pas (’tis or ’tis
not) un dessin, une image, une peinture de tel ou tel autre. Ceci
rejoint bien évidemment le « je est un autre et
inversement », de l’autre jour.
De
toute façon, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien l’âne en
agitant les oreilles alternativement en commençant par la gauche, en
formant des points d’interrogation sur le dessus de son crâne,
n’est-ce pas Magritte lui-même qui avait fait cette peinture
représentant une pipe en indiquant sur la toile : « Ceci
n’est pas une pipe ».
Bien
sûr que c’est lui…
Alors…,
dit Lucien l’âne en levant les yeux au ciel comme pour chercher
son fantôme dans les nuages. Alors, poursuivons notre route et
reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
explosif, létal, poissonneux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Si l’on peut soutenir, par la force de la raison,
Qu’une bombe peut être très intelligente,
On peut aussi lui demander juste avant qu’elle n’explose
La description d’un crépuscule
Ou si elle a déjà fait l’amour, oui ou non.
À ce moment, cette bombe pleine d’intelligence
Parlerait, elle dirait les yeux dans les yeux,
Son fol amour pour un avion fabuleux
Qui lui serinait « Le monde est étrange,
Tenons-nous à l’écart, mon amour, ça vaut mieux. »
En séduisant le mécanisme de guidage,
Elle se montra une bombe très intelligente,
D’un geste exceptionnel, elle mobilisa toute sa force
Et se jetant dans la mer, elle sauva tout le monde.
Ce criminel qui l’emmenait dans le vent,
Ah mais quel amour ? Quel amour là-dedans ?
Entretemps
passent les saisons ; et les factions
Rédigent des accords et des conclusions
Sans tenir compte, ni prévoir d’éventuels amours… d’exception.
Rédigent des accords et des conclusions
Sans tenir compte, ni prévoir d’éventuels amours… d’exception.
Si l’on peut soutenir, par la force de la raison,
Qu’une bombe peut être très intelligente,
On peut aussi lui demander juste avant qu’elle n’explose
La description d’un crépuscule
Ou si elle a déjà fait l’amour, oui ou non.
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