lundi 1 février 2016

REMEMBRANCES D’UN VIEIL HOMME


REMEMBRANCES 
D’UN VIEIL HOMME

Version française – REMEMBRANCES D’UN VIEIL HOMME – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Ein alter Mann geht vorüber – Erich Kästner – 1933




Autrefois, j’étais un enfant. Comme vous, précisément.
J’étais un homme. Et maintenant, je suis un 
homme âgé.
Le temps a passé. Je suis encore ici, 
maintenant.
Et 
je voudrais oublier, ce que je sais.


Les livres d'Erich Kästner sont à présent bien connus des enfants (et si ce n'est pas encore le cas, il convient de leur faire connaître), ce sont des romans qu'il a écrits à leur intention :
Émile et les Détectives (Emil und die Detektive, 1929)
Le 35 mai ou Le 35 mai ou Konrad chevauche sur les mers du Sud, (Der 35. Mai, 1931)
La Classe volante, (Das fliegende Klassenzimmer,1933)
Trois hommes dans la neige (de), (Drei Männer im Schnee, 1934)
Émile et les trois jumeaux (Emil und die drei Zwillinge, 1934)
La Miniature volée (Die verschwundene Miniatur, 1935)
Deux pour une (Das doppelte Lottchen, 1949)
La Conférence des animaux (Die Konferenz der Tiere, 1949).

En 1933, à Berlin, avec les livres d'autres auteurs, les S.A. ( Sections d'Assaut) du parti nazi brûlèrent l'ensemble de ses oeuvres.
Les « Remembrances d'un Vieil Homme » ( Ein alter Mann geht vorüber) furent écrites cette année-là et – qu'on le lise – parle sans fard de ce qui se passe et avec une lucidité de haute précision. Écoutez ce vieil homme :
« Le pouvoir est ce qu’il veut. Mais écoutez cette sentence :Chacun doit acquérir la raison individuellement,
Et la bêtise se reproduit
gratis avec constance. »

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.



Autrefois, j’étais un enfant. Comme vous, précisément.
J’étais un homme. Et maintenant, je suis un
homme âgé.
Le temps a passé. Je suis encore ici,
maintenant.
Et
je voudrais oublier, ce que je sais.
J’étais un enfant. Un homme. Maintenant, je suis
usé.
Celui qui vit longtemps,
un jour en a assez.
Je n’aurais rien contre, si je mourais.
Je suis si fatigué.
C’est normal, en effet.

J’étais autrefois un enfant, comme vous l’êtes.
J’étais autrefois un homme. Un ami. Un père.
Et le plus souvent, c’était la faute au temps…
Je pourrais vous conter diverses choses,
Qui ne sont pas dans vos livres.
Les histoires qui manquent dans les livres d’Histoire,
Sont toujours celles autour desquelles tout tourne.
Nous avons eu la guerre. Nous avons vu, comment elle était.
Nous avons souffert de la misère et vu, comment elle naissait.
Les grands mensonges faisaient fureur.
J’ai bien connu quelques-uns de ces menteurs.

Ah, j’ai vu le théâtre du monde.
Le droit d’entrée me pèse encore à présent.
J’étais un enfant. Un homme. Un ami. Un père.
Et le plus souvent, c’était la faute au temps…

Nous avons espéré. Mais l’espoir avait failli
Et la raison est restée un astre éloigné.
Ceux venus après nous ont vite oubliés.
Ceux venus après nous n’ont rien appris.
Ils ont eu une guerre. Ils ont vu, ce que c’était.
Ils ont souffert de la misère et vu, comment elle naissait.
Les grands mensonges étaient clairement apparus .
Les grands mensonges ne sont jamais reconnus.

Et vous venez. Je ne peux rien vous léguer maintenant :
Le pouvoir est ce qu’il veut. Mais écoutez cette sentence :
Chacun doit acquérir la raison individuellement,
Et la bêtise se reproduit gratis avec constance.
Le monde est fait d’envie. Et de dispute. Et de peine.
Et le plus souvent, c’est la faute au temps…

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