Le
Roi Printemps – Till et Nelle (2)
Chanson française – Le Roi Printemps – Till et Nelle (2) – Marco Valdo M.I. – 2016
Ulenspiegel
le Gueux – 27
Opéra-récit
en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La
Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs
(1867).
(Ulenspiegel
– I, LXXXV)
Cette
numérotation particulière : (Ulenspiegel
– I, I), signifie très
exactement ceci :
Ulenspiegel :
La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs,
dans le texte de l’édition de 1867.
Le
premier chiffre romain correspond au numéro du Livre – le roman
comporte 5 livres et le deuxième chiffre romain renvoie au chapitre
d’où a été tirée la chanson. Ainsi, on peut – si le cœur
vous en dit – retrouver le texte originel et plein de détails qui
ne figurent pas ici.
Nous
voici, Lucien l’âne mon ami, à la vingt et septième canzone de
l’histoire de Till le Gueux. Les vingt-six premières étaient, je
te le rappelle :
01
Katheline
la bonne sorcière
(Ulenspiegel
– I, I)
02
Till
et Philippe
(Ulenspiegel
– (Ulenspiegel – I, V)
03.
La
Guenon Hérétique
(Ulenspiegel
– I, XXII)
04.
Gand,
la Dame
(Ulenspiegel
– I, XXVIII)
05.
Coupez
les pieds !
(Ulenspiegel
– I, XXX)
06.
Exil
de Till
(Ulenspiegel
– I, XXXII)
07.
En
ce temps-là, Till
(Ulenspiegel
– I, XXXIV)
08.
Katheline
suppliciée (Ulenspiegel – I, XXXVIII)
09.
Till,
le roi Philippe et l’âne
(Ulenspiegel
– I, XXXIX)
10.
La
Cigogne et la Prostituée
(Ulenspiegel
– I, LI)
12.
La
messe du Pape, le pardon de Till et les florins de Hôtesse (Ulenspiegel – I, LIII)
13.
Indulgence (Ulenspiegel
– I, LIV)
14.
Jef,
l’âne
du diable (Ulenspiegel
– I, LVII)
15.
Vois-tu
jusque Bruxelles ?
(Ulenspiegel
– I, LVIII)
16.
Lamentation
de Nelle, la mule et la résurrection
(Ulenspiegel
– I, LXVIII)
17.
Hérétique
le Bonhomme
(Ulenspiegel
– I, LXIX)
18.
Procès
et condamnation (Ulenspiegel
– I, LXIX)
19.
La
Mort de Claes, le charbonnier
(Ulenspiegel
– I, LXXIV)
20.
Le
Talisman rouge
et noir
(Ulenspiegel
– I, LXXV)
21.
La
Vente à l’encan
(Ulenspiegel
– I, LXXVI)
22.
Telle
est la Question (Ulenspiegel
– I, LXXVIII)
23.
Charles
et Claes (Ulenspiegel –
I, LXXIX)
24.
Trois
cents ans de torture
(Ulenspiegel
– I, LXXIX)
25.
Au
bord du canal (Ulenspiegel
– I, LXXXIV)
26.
Le
Géant Hiver (Ulenspiegel
– I, LXXXV)
Et
donc, dans le rêve fantastique où sont plongés Nelle et Till,
Lucifer, littéralement « le porteur de lumière », vient
d’apparaître. C’est le Roi Printemps qui vient ainsi chasser le
Géant Hiver.
Oh,
Marco Valdo M.I. mon ami, cette histoire-là, je la connais. Pour
moi, elle est vieille comme le monde. Il s’agit d’une de ces
péripéties de la grande saga de la nature, une manière totalement
païenne d’immortaliser le monde, de scander la vie, de saluer
l’infinitude du cycle de la vie.
Cette
infinitude à l’échelle de la vie humaine sempiternellement
répétée. C’est le sacre du Printemps que chantera et fera danser
plus tard le musicien Strawinsky ; mais je te rassure tout de
suite : en beaucoup moins barbare. On ne sacrifiera pas Nelle à
un Iarilo, dieu sanguinaire dans la plus pure tradition. Ici, comme
on le verra, le Roi Printemps sera finalement bienveillant avec ces
humains venus clandestinement dans son royaume.
Au
passage, dit Lucien l’âne, je constate que ni Hiver, ni Printemps
ne sont des divinités. C’est une rupture par rapport aux
religions, même paganistes. Cela me réjouit, car chez nous les
ânes, un Dieu ou des Dieux, cela n’existe pas.
Puis,
le Roi est rejoint par sa blonde Reine et commence alors une
sarabande d’êtres divers : elfes, huldres, goublins, nains,
filles-fleurs, esprits et monstres en tous genres. Ainsi, Till et
Nelle assistent de leur cachette au sacre du Printemps.
Mais,
dit Lucien l’âne, ils devraient quand même se méfier car
« Méfious des goublins, méfious des goublins qui rôdent
l’soi dans les qu’mins » (Méfiez-vous des gobelins,
méfiez-vous des gobelins qui rôdent le soir par les chemins),
disait le poète Rossel.
Revenons
maintenant, si tu le veux bien, un instant au personnage de Lucifer,
Roi Printemps. Son nom le désigne comme le « Porteur de
Lumière »…
De
fait, le printemps est le moment où la lumière reconquiert le monde
et la nature et où la vie reprend ses droits. Mais, vois-tu Lucien
l’âne mon ami, il faut aussi prendre en compte le sens symbolique
de ce conte fantastique et voir que la Lumière, c’est la science
qui vainc les ténèbres (« Scientia vincere tenebras »
est la devise de l’université que fréquenta Charles de Coster) ;
les ténèbres que répandent les religions – peu importe ici
qu’elles soient païennes, juives, chrétiennes, musulmanes ou
n’importe lesquelles. Il y en a tellement et de ce point de vue,
elles sont toutes pareilles.
Voyons
la chanson et reprenons notre tâche. Tissons le linceul de ce vieux
monde enténébré par les croyances, rongé par les mythes, manipulé
par les religions et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Au
souffle tiède du roi Printemps
Hiver
perd toute sa force.
Lucifer
avec des chaînes de diamants
Lie
le géant au pôle.
En
un cri amoureux, il appelle
Et
du ciel, une femme blonde, nue et belle
Tombe
doucement. Je suis là, mon roi.
Je
n’ai d’autre faim, d’autre soif que toi.
Ils
gagnent alors leurs trônes
De
roi et de reine ;
De
leurs voix mêlées, ils réveillent
La
nature et la terre s’émerveille.
Pareil
aux vagues de la mer
Le
sol se tord ; monte et descend la terre.
Des
génies, des elfes, des trolls se pressent,
Entre
les arbres, ils vacillent d’ivresse.
Nains,
gardiens de trésor, pattus, bossus, velus ;
Hommes
des bois aux corps de racines tordus ;
Empereurs
des mines, automates brillants,
Trolls
à queue de lézard, têtes de crapauds luisants.
Les
filles-fleurs, Vénus venues d’ailleurs,
Une
douce chanson murmurent.
Elles
n’ont pour manteau que leur chevelure
Et
de leur bouche rouge font un cœur.
On
les voit parfois par les parcs et les jardins,
Au
fond des bois, par les sentiers ombreux,
Insuffler
aux mignonnes le goût des amoureux,
Car
la moitié des baisers leur revient en butin.
Les
esprits protecteurs des étoiles
Les
génies de la pluie, des vents, et de la brise,
Jeunes
gens ailés arrivent droit du ciel
Escortés
par les mignonnes hirondelles.
La
lumière éclate et on entend :
«
Gloire au Roi Printemps ! Lumière ! Sève ! »
Nelle
et Till, cachés par un chêne,
Écoutent
muets ce vacarme angoissant.
Chez
les esprits, c’est la guerre !
Sur
des araignées, des tortues, des serpents,
Des
crocodiles et cent mille insectes répugnants,
Tous
s’entrebattent et le fort mange le faible.
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