LE
PAPILLON
Version
française – LE PAPILLON – Marco Valdo M.I. – 2016
d’après
la version allemande Der Schmetterling d’une
Chanson
tchèque
– Motýl
[[44599]] –
Pavel Friedman – 1942 (Theresienstadt)
Lucien
l’âne mon ami, laisse-moi te conter l’aventure que j’ai connue
avec cette chanson, dont j’ai cru qu’elle avait été écrite en
langue allemande. Il n’en est rien et je m’en suis rendu compte à
temps, comme tu vas t’en apercevoir. Une remarque préliminaire est
importante : s’il ne m’était pas paru anormal qu’un
écrivain tchèque, par ailleurs juif, écrive en langue allemande,
c’est que j’avais en tête l’exemple de Franz Kafka. Il n’y
avait pour moi, rien d’inhabituel à ce que cette chanson ait pour
titre « Der Schmetterling ».
Sauf,
soit dit en passant, que Franz Kafka et Rainer Maria Rilke sont des
exceptions. Généralement, du moins à partir du siècle dernier et
après la guerre de 1914-18, les écrivains tchèques écrivent en
tchèque.
Sauf
aussi qu’il y eut Ilse
Weber [[37938]]…
Donc, reprenons au début de
l’aventure. Il te souviendra que récemment, je travaillais à la
version française de Lager
[[259]], une chanson de Francesco Guccini et que je l’ai finalement
publiée. Ce faisant, j’avais trouvé une version en italien de
« La farfalla » d’un
jeune poète tchèque Pavel
Friedman, sans aucune référence à l’originale, qui figure
pourtant dans les CCG dans sa langue et sous son titre de Motýl.
Pavel Friedman – en fait, je ne le connaissais pas – est bien
un poète tchèque,
né à Prague,
et juif, qui a fini dans le
vent d’Auschwitz en 1944. Il avait 21 ans. Son patronyme à
consonance allemande (mais on est dans l’ancienne Autriche-Hongrie)
n’était pas une indication. Comme tu le vois, cette circonstance
ne m’empêche pas de joindre aux versions tchèque, anglaise et
italienne, une version française, dont je te précise qu’elle est
tirée de la version allemande, que je joindrai aussi.
Et
la chanson elle-même ?, dit Lucien l’âne en souriant.
J’aimerais savoir ce que tu as à en dire.
Je
serai très bref, car elle se dit très bien elle-même. C’est une
chanson d’une beauté et d’une lucidité stupéfiantes et en même
temps, effrayante et bouleversante, car elle se situe très
consciemment au bord de l’abîme (façon feutrée pour dire :
à l’entrée du crématoire). Enfin,
au pissenlit, aux bougies
des châtaigniers
(en fleurs), j’ajouterais volontiers pour donner à butiner au
papillon, le myosotis, tiré
de la chanson
Les Deux Oncles de Georges Brassens
[[394]] afin que nul n’en perde la mémoire.
À
propos de myosotis (en allemand : Vergissmeinnicht
– Ne
m’oubliez pas), j’aimerais que tu reprennes un de ces jours sa
chanson Le Myosotis, réelle chanson d’amour, mais pas seulement,
où Tonton Georges fait allusion (et c’est le sens profond de la
chanson) à son séjour forcé en Allemagne pour cause de S.T.O.
(Service de Travail Obligatoire). C’est
du moins ce qu’il m’a semblé en la lisant l’autre jour. En
attendant, regardons ce Papillon dans toutes ses versions et
reprenons notre tâche qui consiste à tisser encore et encore le
linceul de ce vieux monde guerrier, nationaliste, bête et méchant
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
dernier des derniers,
Aussi fort, clair, jaune luisant,
Qu’une larme du soleil se posant
Sur une pierre blanche.
Aussi fort, clair, jaune luisant,
Qu’une larme du soleil se posant
Sur une pierre blanche.
Le
pissenlit et même les bougies blanches
C’était
le dernier de son genre.
Car les papillons ne vivent pas ici,
Dans le ghetto.
Car les papillons ne vivent pas ici,
Dans le ghetto.
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