Lamentation de Nelle, la mule et la résurrection
Chanson française – Lamentation de Nelle, la mule et la résurrection – Marco Valdo M.I. – 2015
Ulenspiegel
le Gueux – 16
Opéra-récit
en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La
Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs
(1867).
(Ulenspiegel
– I, LVIII)
Cette
numérotation particulière : (Ulenspiegel
– I, I), signifie très
exactement ceci :
Ulenspiegel :
La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs,
dans le texte de l’édition de 1867.
Le
premier chiffre romain correspond au numéro du Livre – le roman
comporte 5 livres et le deuxième chiffre romain renvoie au chapitre
d’où a été tirée la chanson. Ainsi, on peut – si le cœur
vous en dit – retrouver le texte originel et plein de détails qui
ne figurent pas ici.
Ne pleure pas, aubergiste, je vais le ressusciter.
Debout ! Hop ! Et le cabot s’est levé.
Ne pleure pas, aubergiste, je vais le ressusciter.
Debout ! Hop ! Et le cabot s’est levé.
Nous
voici, Lucien l’âne mon ami, à la seizième canzone de l’histoire
de Till le Gueux. Les quinze premières étaient, je te le rappelle :
01
Katheline
la bonne sorcière
[[50627]]
(Ulenspiegel
– I, I)
02
Till
et Philippe
[[50640]](Ulenspiegel
– (Ulenspiegel – I, V)
03.
La
Guenon Hérétique
[[50656]](Ulenspiegel
– I, XXII)
04.
Gand,
la Dame
[[50666]](Ulenspiegel
– I, XXVIII)
05.
Coupez
les pieds !
[[50687]](Ulenspiegel
– I, XXX)
06.
Exil
de Till
[[50704]](Ulenspiegel
– I, XXXII)
07.
En
ce temps-là, Till [[50772]](Ulenspiegel
– I, XXXIV)
08.
Katheline
suppliciée [[50801]](Ulenspiegel –
I, XXXVIII)
09.
Till,
le roi Philippe et l’âne [[50826]](Ulenspiegel
– I, XXXIX)
10.
La
Cigogne et la Prostituée [[50862]](Ulenspiegel
– I, LI)
11.
Tuez
les hérétiques, leurs femmes et leurs enfants !
[[50880]](Ulenspiegel
– I, LII)
12.
La
messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse
[[50939]](Ulenspiegel – I,
LIII)
13.
Indulgence
[[51015]] (Ulenspiegel – I, LIV)
14.
Jef,
l’âne
du diable [[51076]] (Ulenspiegel –
I, LVII)
15.
Vois-tu
jusque Bruxelles ?
[[51124]]
(Ulenspiegel
– I, LVIII)
Lucien
l’âne mon ami, voici un épisode un peu étrange des aventures de
Till, car il se situe à la lisère des contes où intervient le
merveilleux, des histoires d’amour et des facéties de ce Till
d’Allemagne qui mourut de la peste vers 1350 et dont l’histoire, moult fois remaniée déjà, parut du temps de François Ier. À
l’origine, c’étaient bien des historiettes d’un Till joyeux
godelureau vivant de ruses et de niches.
Tout
cela est bien beau, Marco Valdo M.I. mon ami, mais de quoi
s’agit-il ? Je vois au titre qu’il s’agit d’une
lamentation, d’une mule et d’une résurrection, ce qui d’un
point de vue religieux n’est pas une mince affaire.
Reprenons
du début. C’est bien une lamentation : celle de Nelle…
Et
on la comprend, dit l’âne Lucien. Le
temps est bien long, les jours toujours s’encourent pour qui espère
un retour.
Till
est parti depuis plus de trois ans. C’est long, vois-tu
Lucien l'âne mon ami, quand
on n’a pas encore vingt ans.
En
effet. Et je vois que la chanson dit : « Nelle
est
triste et lasse et souffre fort de vivre. » À
cet âge, face à l’absence, on est mal armé.
L’adolescence
est un moment où bouillonnent émotions et sentiments. Un moment de
grande poésie. Donc, Lucien l’âne mon ami, regarde la
construction de la canzone. C’est comme dans un film. Nelle pense à
Till et puis, la chanson montre Till en action. Cependant, cette
façon de faire n’est pas une innovation cinématographique. On la
trouve dans les contes orientaux…
Et
pas seulement ; elle est déjà présente dans le roman qui m’a
vu naître dans le monde en
tant qu’âne. Mais, je t’en prie, Marco Valdo M.I. mon ami,
dis-moi ce qu’il en est de la mule et de la résurrection.
Oh,
Lucien l’âne mon ami, ne te monte pas le bourrichon à l’idée
de baiser la mule. Cette mule du Pape n’est pas celle de Daudet,
elle n’a rien de commun avec la bourrique, le bourricot et toute la
famille des asiniens. Cette mule-là, c’est la pantoufle papale, la
Sainte Pantoufle que tout bon
catholique se devait de baiser de ses lèvres ; je ne sais trop
si c’est encore le cas. Et à vrai dire, je ne m’en soucie pas.
Halte-là !
Je ne me laisse plus prendre aux ruses des mules, moi non plus. J’en
ai vu d’autres. Toutefois, je te rassure, je n’ai pas cru un
instant que Till puisse trouver son content dans pareille
circonstance. Passons. Quid enfin de la résurrection ?
Il
me faut d’abord pour appuyer mon propos rappeler combien cette
histoire de Till est emplie d’ironie, de causticité acide et que
sa vocation première est de moquer la religion et l’Église.
J’ajoute que ce serait du pareil au même s’il était question
d’une autre religion ou d’une autre Église. Cela posé, après
avoir blagué la mule du pape et le Pape lui-même, la chanson se
délecte d’une résurrection. Car
nul ne pourrait ne pas s’apercevoir que faire renaître le chien de
l’aubergiste après avoir purgé celui du Pape, c’est présenter
un point de vue particulier sur l’événement fondateur de la
chrétienté, une manière innovante d’évoquer ces moments
bibliques : la résurrection de Lazare et bien entendu, celle du
Christ. Dans le roman, Till dévoile
le mécanisme de la supercherie, ce que la canzone ne fait pas.
À
présent que tu as tout dévoilé ou presque, voyons cette
chanson, puis reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce
vieux monde superstitieux, croyant, crédule
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
troisième année du ban
S’est
écoulée depuis longtemps
Nelle
espère toujours son ami
Mais
où reste le printemps épanoui ?
Nelle
est triste et lasse et souffre fort de vivre.
Till !
Oh Till ! Comme un oiseau ivre,
Tu
t’en allas ! sans moi, sans moi, déjà tantôt.
Mon
cœur pleure, où es-tu mon beau matelot ?
Till
s’en vient pourtant, au gré des détours.
Till
approche, Nelle compte les jours.
D’où
viens-tu voyageur ?, dit la vieille.
J’arrive
de Rome, la ville des merveilles.
J’y
guéris d’une pituite et de la colique
Le
chien du Pape, ce grand maître catholique.
Que
veux-tu ?, dit le camérier archisecret.
Baiser
la mule et soigner le basset.
Et
le Pape dit : Ah, c’est toi, Till !
Baise
mon fils la mule d’or.
Mon
chien, mangeur d’hérétiques, doit vivre encor.
Et
le Pape dit : Ainsi soit-il !
Tu
as baisé la mule, tu as purgé le chien.
Que
veux-tu, glorieux pèlerin ?
Je
viens de Rome et j’ai grand faim.
Pour
payer mon écot, je sauverai ton carlin.
Las,
la malheureuse bête meurt subitement.
Pauvre
chiennet, dit la veuve, c’était mon enfant.
Ne
pleure pas, aubergiste, je vais le ressusciter.
Debout !
Hop ! Et le cabot s’est levé.
Miracle !
Maintenant, dame, il te faut payer,
Dit
Till. Le repas, merci bien, je l’ai mangé.
Pour
la résurrection, c’est vingt florins ;
J’en
ai grand besoin pour continuer mon chemin.
La
gargotière émue aux larmes
Bénit
son étrange visiteur.
Nelle,
le cœur en alarme,
Espère
le printemps et la venue des fleurs.
Quand
se lève le matin,
Till
reprend sa route.
Sans
se soucier du destin.
Till
s’en va sans doute.
10. La Cigogne et la Prostituée [[50862]](Ulenspiegel – I, LI)
11.
Tuez
les hérétiques, leurs femmes et leurs enfants !
[[50880]](Ulenspiegel
– I, LII)
12.
La
messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse
[[50939]](Ulenspiegel – I,
LIII)
13.
Indulgence
[[51015]] (Ulenspiegel – I, LIV)
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