LA VALISE
Version française – LA VALISE – Marco Valdo M.I. – 2015
Et tout notre courage,
Dans la valise.
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La
question, Lucien l'âne mon ami,
que je me pose… c'est :
y a-t-il autant de valises dans les chansons en d'autres langues que
l'italien ?
Franchement,
Marco Valdo M.I. mon ami,
je n'en sais
rien. En fait, je ne le
pense pas. J'ai même l'impression que cette foutue valise, qui tient
à peine debout parfois, est le symbole-même de l'émigration
italienne. C'est en tout cas, comme ça, que les immigrés ici en
Wallonie le ressentent.
De
fait, à propos de l'émigration des gens
de tous les pays, j'ai entendu parler de
bagages, de sacs, de malles, de boîtes, de caisses… de
toutes sortes d'autres objets destinés à contenir les affaires de
l'exil, mais pas autant de valises que chez
les émigrés italiens… Faudrait voir
dans d'autres émigrations et donc dans d'autres langues… Peut-être
y en a-t-il chez les émigrés espagnols, portugais, grecs, roumains,
russes, tchèques , irlandais… Que sais-je ?
Enfin,
quoi qu'il en soit, ces chansons du départ sont toujours assez
mélancoliques ; il est vrai qu'on ne quitte pas son village, sa
ville, son pays, sa campagne, ses amis, ses parents pour un exil
contraint et indéfini sans y être obligé par
des circonstances graves, qu'elles soient économiques ou politiques,
ce qui revient au même, car il s'agit toujours d'épisodes de la
Guerre
de Cent Mille Ans que
les riches font aux pauvres afin de conserver leurs privilèges,
accroître leurs richesses, étendre leur pouvoir, multiplier leurs
bénéfices et renforcer l'exploitation.
L'exil de l'émigré est toujours un départ
forcé et sans joie, sans enthousiasme. On
est loin là de l'aventurier séduit par la perspective des grands
espaces ou les mystères de l'inconnu ; d'ailleurs, ce dernier
n'emporte pas de valise… Quant à nous, dit
Lucien l'âne en hochant son grand col, même
si je connais l'exil itinérant depuis très, très longtemps,
reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde plein
d'émigrés volontaires ou non, d'exils politiques, de fuites devant
les persécutions, de courses vers la vie et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Une bouteille de vin du pays,
Dans la valise ;
Une poignée de terre,
Dans la valise ;
Et un ciel bleu,
Dans la valise ;
Et tout notre courage,
Dans la valise.
Et
tous les champs qu'on a pu voir,
Dans la valise ;
Et les mots qu'on n'a jamais su dire,
Dans la valise ;
Et une grappe de rêves,
Loin, loin, loin, loin, loin…
Dans la valise ;
Et les mots qu'on n'a jamais su dire,
Dans la valise ;
Et une grappe de rêves,
Loin, loin, loin, loin, loin…
Et maintenant, le train nous tire vers demain.
Il y a la terre perdue avec l'espérance,
Les rêves qui naissent à l'aube,
Et ne se couchent jamais.
Les
au revoir à ceux qu'on ne reverra plus,
Dans
la valise ;
Et
les yeux de la mère,
Dans
la valise,
Dans
la valise.
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