La
Bague de la Mère Morte
Chanson
française – La Bague
de la Mère Morte – Marco Valdo
M.I. – 2015
ARLEQUIN
AMOUREUX – 11
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Famille paysanne vers 1800 |
Lucien
l'âne mon ami, il
te souviendra que nous avions laissé notre Arlecchino tout
à la joie du bel accord intervenu lors de la Paix d'Amiens. On était
en 1802 et il était déserteur depuis deux ans déjà, à vagabonder
au travers de l'Europe, tentant en réalité de rentrer chez lui en
évitant de se faire remarquer. On l'avait laissé au sortir de la
forêt, à l'entrée du village.
Mais
quand -même on ne peut pas le laisser là éternellement, dit Lucien
l'âne en riant rien qu'à l'idée de ce déserteur suspendu à
quelques pas de chez lui.
Certes,
l'entrée du village, c'est l'entrée du village et le paysage qu'on
y voit est très familier. Bref, on se sent déjà chez soi ;
mais chez soi, c'est encore autre chose… On y a vécu, dormi,
grandi… Que sais-je ? On y a un toit, un lit, un coin à soi
et même, de quoi vivre. Pour Matthias,
alias Matĕj, Matys, Matysek, Mathieu, Arlecchino
le déserteur, Arlequin amoureux, chez
soi, c'est dans la maison, dans la ferme familiale, dans ce qui
devrait être aussi son héritage. C'est à ce retour de l'Arlequin
qu'est consacrée cette chanson.
C'est
une histoire classique, dit Lucien l'âne, qui a fait l'objet de bien
des chansons. Par exemple : Quand
un soldat [[718]], la très jolie chanson de Francis Lemarque
et l’inénarrable Adèle
[[8254]], que chantaient si drôlement les Quatre Barbus ou encore,
La
demoiselle de magasin [[8969]]. Et sans doute, bien des autres et
dans d'autres langues.
Comme
cela
est arrivé à des milliers, si ce n'est des millions d'autres, notre déserteur de retour au foyer arrive à l'improviste et il va découvrir une situation nouvelle :
entretemps, sa mère est morte, sa sœur est morte, il ne reste de la
famille que son frère Lukas. Mais Lukas s'est doté d'une compagne
et de la fille de cette matrone. Il faut bien faire tourner la ferme
et seul, c'est seul. En fait, la chanson est tout entière consacrée
à la découverte de la situation. En somme, un état des lieux, mais
qui laisse transparaître certaines dérives embarrassantes. Matthias
peut constater – de visu – qu'une puissante étrangère s'est
emparée de la bague de la mère morte, un peu comme on s'empare des
signes du pouvoir et a mis la main sur le faible Lukas. On
dirait même
qu'on
n'espérait plus trop le retour du soldat.
C'est
souvent le cas et parfois, l'aventure tourne au tragique et dans le
fond, ce sera peut-être le cas. En attendant d'en savoir plus,
reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
oublieux, incertain, désolant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Déserteurs,
soldats
Même
combat !
Il
faut rentrer chez soi.
Ah !
Ça ira ! Ça ira ! Ça ira !
Une
femme bien aimée, quand on en a,
Nous
attend-elle ou ne nous attend-elle pas ?
A-t-elle
trouvé un jeune homme avec des bras ?
L’agriculture
manque de bras, tout le monde sait ça.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Pour
le revenant, toute la question est là :
Être
ou ne pas être
Par
le chien, comme Ulysse, peut-être
Reconnu
sous son propre toit.
Avant,
il y avait Katerina
La
puînée, tant aimée, de Matthias le soldat
À
présent, elle n'est plus là, la bonne Katerina
Veuve
et morte, la sœur d'Arlecchino le déserteur
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Il
reste Lukásěk,
mon frère,
Mon
petit frère bien-aimé, Lukas
Il
a grandi avec Katerina et moi
On
en était si fiers
Être
ou ne pas être ?
Comme
je n'étais pas là
Qui
sait ? Mort
peut-être
À
force d'être soldat.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Lukas,
lui, n'était plus seul sous notre toit.
Il
y avait Barbora et sa mère opulente :
Des
seins comme des balles ballantes,
Un
fessier marchant comme deux oies.
Puissante,
avide, conquérante,
Elle
avait tout pris : les vaches, leurs pis,
La
ferme, la terre et l'homme dans le lit
Et
la bague de la mère morte de la fièvre ardente.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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