Version
française – JE VIENS MOI AUSSI. NON TOI NON ! – Marco Valdo
M.I. – 2015
Chanson
italienne – Vengo
anch'io. No, tu no! – Enzo Jannacci – 1967
Auteurs : F.
Fiorentini - D. Fo - E. Jannacci – Enzo Jannacci – 1967
Enzo Jannacci - Dario Fo - 1963
On pourrait aller tous ensemble dans les mercenaires
Là-bas au Congo de Mobutu se faire enrôler
Là-bas au Congo de Mobutu se faire enrôler
Je viens moi aussi ? Non toi non.
Regarde,
Lucien l'âne mon ami, comment vont les choses dans ce monde étrange
dans lequel il nous est arrivé de vivre parallèlement l'un à
l'autre.
Sans
doute, sans doute. Pour paraphraser en le détournant le titre de la
chanson que tu as récemment traduite : Je viens moi aussi et
toi de même. Mais au fait, dis-moi Marco Valdo M.I. mon ami, ce
qu'elle vient faire ici cette chanson et aussi, un peu, pourquoi tu
l'insères en italien, comme si nos amis des CCG n'en avaient pas
connaissance. Elle leur aurait donc échappé ?
D'abord,
commençons par le commencement. Et... Au commencement était Carlo
Levi.
Quoi ?
Que vient faire Carlo Levi dans cette affaire ? Tu ne vas quand
même pas me dire que c'est Carlo Levi qui t'as fait connaître cette
chanson… Si je me souviens bien, Carlo Levi est mort depuis
longtemps…
En
effet, Carlo Levi est mort il y a quarante ans et pourtant, c'est
bien lui qui m'a suggéré cette chanson. D'où, mon « Au
commencement était Carlo Levi... ». Mais venons-en au fait.
Depuis quelques temps, je me suis remis à refaire une version en
langue française de cet étonnant et très intrigant livre de Carlo
Levi : Paura della Libertà – La Peur de la Liberté. Je te
rappelle au passage que Carlo Levi est un des fondateurs et des
penseurs du mouvement clandestin de résistance au fascisme,
Giustizia e Libertà. C'était au début des années vingt du siècle
dernier. Donc… Pour des raisons de traduction, d'éclaircissement
du processus qui avait conduit Carlo Levi à écrire – pour
lui-même – Paura della Libertà, j'ai relu une série d'interviews
qu'il avait données dans les années soixante et septante à la
radio et à des journaux. Et c'est dans une de ces transcriptions,
que j'ai trouvé le passage suivant, où il est question de cette
chanson de Jannacci. La journaliste de la RAI – Terzo Programma (14
juin 1969), Marina Como, lui demande :
« Può
far mi il nome de qualche canzone che Le è capitato di ascoltare et
che Le piace, oppure il nome di qualche cantante… »
(Pouvez-vous me donner le nom d'une chanson qu'il vous est arrivé
d'écouter et qui vous plaît, ou le nom d'un chanteur...)
Et
Carlo Levi répond… Avant de donner sa réponse, j'indique qu'elle
intéresse particulièrement les CCG en ce qu'elle dit à propos de
la chanson en général. Donc, Carlo Levi :
« Ce
ne sono un'infinità…
Ci
sono poi altre canzoni fra le centomila che si ascoltano per le quale
ho interesse proprio per la scoperta di un loro motivo psicologico
attuale : per esempio certe canzoni di Jannacci… quella di
Jannacci ad esempio che dice Vango anch'io… questo « vengo
anch'io » l'ho trovato fantastico, bellissimo... » (Il y
en a une infinité… Il y a ensuite d'autres chansons parmi les cent
mille qu'on entend et pour lesquelles j'ai de l'intérêt précisément
en raison de la découverte d'un motif psychologique actuel :
par exemple certaine chanson de Jannacci… celle de Jannacci qui dit
Vengo anch'io … ce « vengo anch'io », je l'ai
trouvé fantastique, très beau... »). Arrivé là, je me suis
précipité dans les CCG pour voir cette chanson… Elle n'y était
pas. Je l'ai donc cherchée et maintenant, je l'ai insérée dans les
CCG. D'abord, la version italienne et ensuite, comme tu le vois, ma
version en français. Mais…
Tu
ne vas quand même pas me dire qu'il y a encore des éléments
inattendus : tu t'intéresses à une chanson, tu la trouves, tu
l'insères, tu insères une version en français… Que peux-tu y
ajouter ? Tout est dit, non ?
Non.
Il y a plus qu'on ne l'imagine dans ce cheminement hasardeux, le
voyage au pays de la chanson est sujet à d'étranges aléas. Il y a
le texte et le texte. Et l'histoire de la chanson elle-même. Il y a
que parmi les auteurs, il y a Dario Fo et j'avais déjà traduit le
texte que j'avais trouvé et qui reprenait exactement ce qu'on peut
entendre dans les enregistrements publics de Jannacci et dans les
compilations que l'on trouve sur Internet. Cependant, je trouvais à
ce texte, un goût d'un peu trop peu, lorsque j'ai découvert que la
version diffusée et connue avait été censurée et les deux
dernières strophes avaient été interdites d'édition. Et quelles
strophes… C'étaient de vraies bombes politiques et imagine, elles
touchaient à la Belgique 'une part, dans sa politique
post-coloniale au Congo et à la dictature de Mobutu et d'autre part,
à la catastrophe minière du Bois du Cazier, mettant également
directement en cause le résultat de la politique d'émigration
italienne : Uomini contro carbone. J'ai donc rajouté ces deux
strophes. Je te laisse découvrir.
Laissons
découvrir… Car de fait, avec ces deux strophes, c'est réellement
une autre chanson, très explicitement chanson contre la guerre,
cette fois.
Alors,
écoutons-la et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce
vieux monde dérisoire, arrogant, avide, aveugle, assassin et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
On
pourrait tous aller au zoo communal.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Pour voir comment sont les bêtes féroces
Crier au secours, le lion s'est enfui, à l'aide
Et voir en cachette l'effet que ça fait.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Pour voir comment sont les bêtes féroces
Crier au secours, le lion s'est enfui, à l'aide
Et voir en cachette l'effet que ça fait.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On pourrait tous aller maintenant que c'est le printemps.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Avec sa belle bras dessus, bras dessous parler d'amour,
Découvrir qu'il finit toujours par pleuvoir
Et voir en cachette l'effet que ça fait.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On pourrait tous espérer un monde meilleur.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Où
chacun, est prêt à te couper une main,
Un
beau monde de haine et sans amour
Et
voir en cachette l'effet que ça fait.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On pourrait tous aller à ton enterrement
Je viens moi aussi. Non toi non.
Pour voir si les gens pleurent vraiment,
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On pourrait tous aller à ton enterrement
Je viens moi aussi. Non toi non.
Pour voir si les gens pleurent vraiment,
Comprendre
que pour tous, c'est là chose banale
Et
voir en cachette l'effet que ça fait.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On
pourrait aller tous ensemble dans les mercenaires
Je viens moi aussi ? Non toi non.
Je viens moi aussi ? Non toi non.
Là-bas
au Congo de Mobutu se faire enrôler
Puis
tirer dans les nègres à la mitrailleuse
Chaque
tête rapporte à la civilisation.
Je
viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
On
pourrait aller tous en Belgique dans les mines
Je
viens moi aussi ? Non toi non.
Voir
ce qui se passe quand éclate le grisou
Remonter
de beaux cadavres avec les ascenseurs
Ensevelis
sous le drapeau tricolore.
Je
viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
Je viens moi aussi. Non toi non.
Je viens moi aussi. Non toi non.
Mais pourquoi ? Parce que non !
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