Version
française – ODE À ANATTORIA – UNE COLONNE DE CAVALIERS –
Marco Valdo M.I. – 2015
d'après
la version italienne de Gian Piero Testa de la version en grec
moderne d' Odysseas
Elytis d'une chanson grecque - Ο]ἰ
μὲν ἰππήων στρότον (Ode ad Anattoria /Frammento
16 V.) – s.d.
Elle, dont je préfère la fière démarche Et le lumineux visage ovale Mille fois face à toutes les armes |
Célèbre
chanson de la poétesse de Mytilène Σαπφώ, de Sappho de Lesbos,
qui vécut entre de VII et VIᵉ siècle (avant Zéro).
Que dire ? Qu'ajouter ? Dans une époque où dominait la musculature guerrière des mâles, Sappho avait osé en affirmer la vacuité, la bêtise, l'inutilité, l'absurdité face à l'Amour, qui est le seul à pouvoir donner un sens aux actions des hommes, à leurs vies.
Même cette grande « truie » d'Hélène, exemple commun d'adultère et de déshonneur familial et de cause de tous les maux, guerre comprise, est par Sappho non seulement réhabilitée comme victime innocente d'Aphrodite (alias Vénus, alias Cypris), mais montrée comme responsable de son choix, comme femme courageuse parce que libre dans le sentiment, « en naviguant jusqu'à Troie » en abandonnant aussi le « très excellent » Ménélas et toute autre affection pour s'unir à Paris, celui que l'Amour lui désignait.
Et comme pour Hélène, pour Sappho aussi, les guerres et « toutes les armes
Que dire ? Qu'ajouter ? Dans une époque où dominait la musculature guerrière des mâles, Sappho avait osé en affirmer la vacuité, la bêtise, l'inutilité, l'absurdité face à l'Amour, qui est le seul à pouvoir donner un sens aux actions des hommes, à leurs vies.
Même cette grande « truie » d'Hélène, exemple commun d'adultère et de déshonneur familial et de cause de tous les maux, guerre comprise, est par Sappho non seulement réhabilitée comme victime innocente d'Aphrodite (alias Vénus, alias Cypris), mais montrée comme responsable de son choix, comme femme courageuse parce que libre dans le sentiment, « en naviguant jusqu'à Troie » en abandonnant aussi le « très excellent » Ménélas et toute autre affection pour s'unir à Paris, celui que l'Amour lui désignait.
Et comme pour Hélène, pour Sappho aussi, les guerres et « toutes les armes
Des
Lydiens et des
hoplites, fiers soldats » ne
sont rien face à « la fière démarche »
et au « lumineux
visage ovale » de l'aimée,
maintenant lointaine, de sa disciple Anattoria…
Dis-moi,
Lucien l'âne mon ami, toi dont tout le malheur – mais peut-être
n'en est-ce pas un – disons, tout le destin a brutalement viré en
des temps si anciens que je n'arrive même pas à les situer, toi qui
traînas tes sabots tout autour de la Méditerranée et dans les
monts lointains de l'Inde et de l'Afrique, toi qui as croisé tant et
tant de gens et de gentes dames, n'aurais-tu pas croisé cette Sappho
et cette Anattoria dont nous parle la chanson ?
Marco
Valdo M.I. mon ami, si j'étais un être prudent et pusillanime, je
prendrais la tangente et je te dirais tel un Normand : peut-être
bien que oui, peut-être bien que non. Je n'oserais l'affirmer, mon
souvenir est vague, c'était il y a si longtemps. Mais je ne me
chauffe pas de ce bois-là. Bien au contraire, l'âne que je suis a
une mémoire d'âne, laquelle transcende les siècles. Tous comptes
faits, il n'y a jamais qu'un peu plus de deux millénaires et demi
que Sappho, Alcée et l'adorable Anattoria ont vécu à Lesbos, en
Ionie. Et donc, non seulement j'en ai gardé la mémoire, mais je
m'en souviens tant que j'en tremble encore. Imagine l'effet que
pourrait te faire d'avoir porté – disons dans tes bras (moi,
c'était à cru sur mon dos...), Sappho et Anattoria. Ce sont là des
choses qu'on n'oublie pas. Jamais. Je te rappelle que je ne suis âne
que par un maléfice, mais que mon cœur est celui d'un jeune homme
d'à peine vingt ans… Je dis mon cœur, mais il te faut comprendre
ainsi le lieu du sentiment, de l'émotion et de la pensée. Formulé
différemment, je dirais : en moi-même, en mon être. Pour en
revenir à ces souvenirs, il me revient qu'ensuite, j'emmenai Alcée
en exil jusqu'en Égypte en passant par la Palestine avec mes sabots
d'albâtre.
Et
donc, te voilà bien placé pour apprécier cette chanson d'amour…
Par ailleurs, tu le verras, une anticipation de ce slogan des années
60 du siècle dernier : « Make love, not war ». Tu
verras, c'est un peu ça, mais évidemment en beaucoup plus poétique
et chantant dans une haute musique.
Certes,
« Faites l'amour, pas la guerre », j'aimerais bien moi…
Mais dis-moi, ô dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, où sont les
roses qui me délivreront un instant, rien qu'une heure seulement ?
Avant
de conclure, laisse-moi égrener encore un bout de souvenance et te
dévoiler combien la main de Sappho était caressante et celle
d'Anattoria, douce et fragile. Laisse-moi te dire comme leurs voix
aguichaient mes longues oreilles et réveillaient en mon corps
d'étranges émotions. Avec ces femmes-là et ces regards-là, je me
serais noyé dans leur éternité. Là-bas, Marco Valdo M.I. mon ami,
tout n'était que beauté, calme
et volupté …
De
quoi ne jamais regretter ma métamorphose… Quoique… Une heure
seulement... Dès lors, reprenons ici notre tâche et tissons le
linceul de ce vieux monde guerrier, matamore, priapique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlait Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Certains
trouvent que sur notre noire
terre Les
cavaliers sont la
plus belle chose ; D'autres,
les matelots et
d'autres, les
hoplites ;
Pour
moi non, c'est ce que chacun aime,
C'est chose facile à comprendre.
Ainsi Hélène à la beauté incomparable
C'est chose facile à comprendre.
Ainsi Hélène à la beauté incomparable
Ni
de ses parents ; le corps par l'amour comblé,
Elle était ensorcelée par Vénus. Ainsi pour un rien
Toujours incline femme ! Tant son cerveau est pris
Elle était ensorcelée par Vénus. Ainsi pour un rien
Toujours incline femme ! Tant son cerveau est pris
Elle,
dont je préfère la fière démarche
Et le lumineux visage ovale
Mille fois face à toutes les armes
Et le lumineux visage ovale
Mille fois face à toutes les armes
Des
Lydiens et des hoplites, fiers soldats
À la bataille, mais je sais qu'on n’admet pas
Que d'une fortune sans temps nous espérions
Mais ne peut-on souhaiter juste un soupçon,
Là où on ne l'attend pas.
À la bataille, mais je sais qu'on n’admet pas
Que d'une fortune sans temps nous espérions
Mais ne peut-on souhaiter juste un soupçon,
Là où on ne l'attend pas.
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