MARCHE DE LA LIBERTÉ
Version française – MARCHE DE LA LIBERTÉ – Marco Valdo M.I. – 2015
d'après
la version espagnole – MARCHA DE LA LIBERTAD d'une
Chanson
en polonais
– Marsz o Wolności
– Krystyna
Żywulska
– 1944
Texte
de
Krystyna Żywulska (1914-1992, de
son vrai
nom Sonia Landau), juive polonaise, originaire
de Łódź.
Sur l'air d'une chanson russe « Moskva mayskaya » de Dmitri & Daniel Pokrass, 1937.
Sur l'air d'une chanson russe « Moskva mayskaya » de Dmitri & Daniel Pokrass, 1937.
Avec le temps, tu te rappelleras ton cher lit de bois, |
Chanson
prophétique, composée seulement une semaine avant que, sous la
pression des troupes soviétiques, les nazis décident d'évacuer les
camps d'Auschwitz, en forçant les prisonniers déjà épuisés à
une « Todesmärsche », une marche de la mort en plein
hiver (en janvier 1945). Pour beaucoup, ce fut la fin ; pour
d'autres, comme Żywulska, ce fut vraiment la marche vers la liberté.
Je
suis forcé – pour l'instant - à proposer
la version allemande de l'original polonais, que je
n'ai
pas réussi à trouver à l'exception du fragment « Tańcz,
tańcz dziewczyno / władze ci każą, z przyjemną miną / są dziś
w humorze panowie śmierci, tańcz… »,
les seuls vers présents
sur
le Net.
Après
l'invasion allemande, Sonia Landau se retrouva avec sa famille dans
le ghetto de Varsovie. Mais en 1942, elle décida de passer à
l'action ; elle fuit du ghetto, adopta une identité fausse
(Zofia Wiśniewska) dans la « partie arienne » de la
ville et rejoignit la Résistance. Capturée en 1943, elle fut
identifiée comme prisonnière politique, et pas comme juive, car
elle donna de faux renseignements d'identité en assumant le nom
qu'ensuite elle conserva de Krystyna Żywulska.
Internée à Auschwitz-Birkenau (Brzezinka), elle commença à écrire des poèmes qui rapidement, se répandirent de bouche en bouche parmi les prisonniers polonais du camp. Krystyna Żywulska dut littéralement la vie à une de ces poésies, « Apel » (« l'appel »). Un prisonnier de longue date, bien placé, fut frappé par ces vers, en chercha l'auteur et ainsi il sauva presque moribonde Krystyna en la faisant transférer à l'« Effektenkammer kommando », le magasin où ils étaient ramassés les effets personnels confisqués aux nouveaux arrivés. La vie était beaucoup moins dure que celle réservée aux autres prisonniers, forcés d'oeuvrer dans les équipes de travail en plein air. Krystyna Żywulska reprit des forces et put continuer à décrire à la vie et la mort dans le camp au travers de ses poèmes, dont quelques-uns furent mis en musique et représentés au cours d'un cabaret satirique clandestin préparé des prisonniers dans le grand magasin. Un de ceux-ci, composé à la fin de 1944, s'intitulait « Marsz o Wolnosci » (« la marche de la liberté ») et fut entonné par les prisonniers, Żywulska comprise, lorsqu'en février 1945, ils furent forcés à évacuer le camp devant l'imminente arrivée des troupes soviétiques.
Żywulska
survécut à
cette marche
de la mort et dans l'après-guerre, elle
créa une
famille et continua à écrire des mémoires (« Przeżyłam
Oswiecim », « J'ai
survécu
à Auschwitz »), des
poèmes
et des
chansons
(c'était
aussi
compositrice), dont
quelques-unes
devinrent
populaires en Pologne dans les années
50 et 60. (source : ”Krystyna
Zywulska. The Making of a Satirist and Songwriter in
Auschwitz-Birkenau is Discovered Through Camp Mementos.,
de
Barbara
Milewski, Assistant Professor of Music au
Swarthmore College, Pennsylvania, USA.)
Il
est un lieu sur
Terre,Ni
conte de fées ni
rêve,
Sais-tu qu'il s'y passe
Des choses indignes et macabres ?
Cinq cheminées rejettent une fuméeComme une espèce de magie noire.
À l'intérieur, le sang à grands jets s'écoule…Et crame en un incendie horrible et inimaginable.
Sais-tu qu'il s'y passe
Des choses indignes et macabres ?
Cinq cheminées rejettent une fuméeComme une espèce de magie noire.
À l'intérieur, le sang à grands jets s'écoule…Et crame en un incendie horrible et inimaginable.
Alors,
tire tes
sabots et ton vêtement à rayures,Relève
ta tête rasée, relève-la
!
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
Avec
le temps, tu te rappelleras
ton cher lit de bois,Et comme
tous voulaient se battre,Et
comme tu livrais
des batailles sanglantesPour
prendre un bain une fois par mois.
Et comme durant l'appel, tu restais là, Ravalant tes larmes.
Le kapo du camp et la GestapoTe rendront visite dans tes rêves, tantôt.
Et comme durant l'appel, tu restais là, Ravalant tes larmes.
Le kapo du camp et la GestapoTe rendront visite dans tes rêves, tantôt.
Alors,
tire tes
sabots et ton vêtement à rayures,Relève
ta tête rasée, relève-la
!
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
Des
« Zugangs », on
en a par dessus
la tête
De les avoir entendus ici encore et encore,Marre de ces « Lager-ruhe »
Et de l'orchestre qui joue pour nous-autres.
Adieu, Auschwitz horrible,
Adieu, Birkenau terrible,
De les avoir entendus ici encore et encore,Marre de ces « Lager-ruhe »
Et de l'orchestre qui joue pour nous-autres.
Adieu, Auschwitz horrible,
Adieu, Birkenau terrible,
L'hiver,
sur les baraques
vides
Seul
un vent plaintif souffle.
Alors, tire
tes sabots et ton
vêtement à rayures,Relève
ta tête rasée, relève-la
!
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
Rentre tranquillement chez toi,Avec une chanson joyeuse sur tes lèvres !
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