La
Pécheresse aux jolis doigts
Chanson
française – La Pécheresse
aux jolis doigts – Marco Valdo
M.I. – 2015
ARLEQUIN
AMOUREUX – 7
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Cette Maria de Magdala,
Santa Maria Maddalena,
Cette pécheresse aux jolis doigts,
C'est toi, Arlecchina !
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Je
pense avoir déjà dit que notre déserteur, notre Arlequin amoureux
n'avait que de brèves rencontres avec son Arlecchina, laquelle suit
son théâtre ambulant. Il ne la voit que très rarement et
entretemps, il y rêve. Mais pour donner un peu de consistance à ces
égarements songeurs, il s'est procuré une image, un portrait de sa
belle. Ce portrait est une pièce de toile peinte qu'il a découpée
d'un tableau qui portraiture une femme dont Arlecchino dit qu'elle
est la représentation exacte de son amoureuse, Mademoiselle La
Tournesse.
C'est
bien possible…, dit Lucien l'âne un peu interloqué.
Bien
sûr, mais il se trouve que ce n'est pas n'importe quel portrait de
femme. Il s'agit d'une Marie de Magdala, d'une Marie Madeleine
– celle qui exerça le métier de femme qu'on appelle « le
plus vieux métier du monde », autrement dit le mariage
multiple et tarifé, Marie Madeleine qui, selon « L'Évangile
selon Jésus-Christ » (O Evangelho
Segundo Jesus Cristo) que
transcrivit José Saramago, séduisit Jésus Christ, lequel l'épousa
et lui fit beaucoup d'enfants et de ce fait, ne s'en fut pas
mourir sur le Golghota. Quant au tableau, il
s'agit d'une copie d'un panneau de bois peint par
le Perugino, dont
je te rappelle qu'il fut un des maîtres de Raphaël ; panneau
qui, à présent, se trouve
à Florence dans la Galerie Palatine. Cette
toile découpée, il l'emporte dans toute sa longue fuite, roulée au
fond de son sac, la sortant et la dépliant avec précaution, il
contemple ce visage craquelé comme un amoureux regarderait la photo
de sa bien-aimée. Dans ces moments-là, il entretient avec elle un
étrange commerce ; il mène de longues conversations ; il
brise sa solitude et trouve auprès d'elle la force de poursuivre son
chemin.C'est son talisman et l'incarnation de sa liberté. Elle lui
tient chaud au cœur et
il en a bien besoin, lui, l'éternel persécuté.
Sais-tu
quoi, Marco Valdo M.I. mon ami ? Cette Arlecchina, La Tournesse
ou tout autre nom dont on pourrait l'affubler, elle me fait penser à
la Dulcinée du Toboso, la toujours lointaine et fantasmagorique
compagne et inspiratrice de Don Quichotte,
alias Alonso
Quichano …
Et
à moi, Lucien l'âne mon ami, elle me fait songer à cette jeune
personne pour qui, selon la légende colportée depuis des siècles,
tu cherches depuis si longtemps des roses. En réalité, comme
toujours dans un univers romanesque ou poétique, et parfois même
dans la vie de tous les jours, les événements, les choses, les
personnages ont plusieurs rôles à la fois. Ainsi, il me paraît que
La Tournesse, actrice de son état, par une sorte de transmutation
s'inscrit dans le portrait de Maria Maddalena, et par une autre
pirouette, se révèle n'être autre que la liberté que suit
comme son ombre, notre déserteur.
N'épiloguons
pas plus loin, Marco Valdo M.I. mon ami, et reprenons notre tâche
cent fois, mille fois recommencée, et tissons le linceul de ce vieux
monde persécuteur, effrayant, impitoyable et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Cette
pièce de toile roulée
Au
fond de la boîte à chaussures,
Cette
peinture craquelée
D'une
femme en petite fourrure,
Cette
Maria de Magdala,
Santa
Maria Maddalena,
Cette
pécheresse aux jolis doigts,
C'est
toi, Arlecchina !
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Une
copie certes tardive d'un tableau
Du
maître de Raphaël, dit Perugino
Copie
volée, sans valeur
Longtemps
dans le sac du déserteur.
Mêmes
traits, même figure ;
Joli
menton, belle chevelure ;
Tes
joues, tes yeux, tes paupières,
Tes
lèvres à la saveur amère.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
N'est-ce
pas toi, le déserteur Matýsek,
Qui
l'emmena dans ton bagage,
Tout
au long de ton long voyage
Dans
ton sac, bien au sec ?
Regarde-la,
cette Madeleine
Que
partout je promène,
C'est
notre amour, Arlecchina.
Je
ne pourrais me passer de toi.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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