jeudi 16 avril 2015

L'homme qui répare les femmes

L'homme qui répare les femmes

Chanson française – L'homme qui répare les femmes – Marco Valdo M.I. – 2009









L'inconvénient avec les articles de journaux, c'est qu'ils ne durent qu'un moment. On tourne la page.
On passe à une autre histoire.
Le poème, la canzone quant à elle est faite pour durer. Alors, parfois, quand c'est nécessaire, sans forfanterie, sans en tirer de gloire particulière, simple relais, Marco Valdo M.I. écrit une canzone.

Cette chanson a une histoire particulière et elle entend saluer d'un poing levé et les femmes du Kivu et la journaliste qui depuis tant d'années dénonce ces horreurs ( et d'autres) du centre de l'Afrique, du pays de Tintin, du pays de l'uranium et du diamant. Cette journaliste avec courage et obstination tient au cœur de l'Afrique un journal des exactions; elle s'appelle Colette Braeckman, elle écrit dans un journal belge appelé Le Soir.
À l'entendre, et il faut l'entendre et il faut la croire, il se passe là-bas (la zone est assez vaste : plusieurs fois certains pays d'Europe), une sorte de génocide qui n'ose pas dire son nom. Dont le monde n'ose pas dire le nom.
Cette canzone est directement issue d'un article de Colette Braeckman paru dans le Soir du 12 janvier 2009.
Elle entend raconter crûment l'histoire de ce médecin africain (Docteur Denis Mukwege) qui recoud les vagins de ces femmes violées en série, puis rejetées dans une sorte de décharge au centre de nulle part où leur destin serait de crever purement et simplement. Canzone pour dire le mérite et le courage de ces femmes et de cet homme, le courage de retourner vers la vie, chaque jour, chaque fois.
Tels sont les vrais héros de ces guerres infinies et occultées.

Pendant ce temps-là, « Business as usual » pour les trafiquants, les marchands, les sociétés et les gouvernements. Comme disait Léo Ferré, « Pendant que l'Europe bavarde ».

Juste un épisode particulier de la guerre de cent mille ans, celle que les riches font contre les pauvres, les parasites contre les paysans. Ici, là, partout, par tous les moyens et tous les temps.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.




Note additionnelle du 15 avril 2015



Cette canzone précède de presque 6 ans le film qui porte exactement le même titre : L'HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES. Ce film a comme auteurs un cinéaste – Thierry Michel et une journaliste, Colette Braeckman, cette même journaliste qui n'a jamais cessé d'en parler.
Nous avons voulu mettre cette canzone en italien afin prolonger le travail journalistique… Ce n'est pas grand-chose mais c'est une chanson qui dénonce la guerre faite aux femmes, faite à tous au travers des femmes. Elle a sa place ici… et – bonne ou mauvaise – elle devrait être traduite dans un maximum de langues afin que nul n'en ignore.
Il le faut absolument, dit Lucien l'âne. C'est notre manière, ce sera celle de ceux qui nous écouteront, manière de tisser le linceul de ce vieux monde violeur, brutal, stupide, méchant, odieux et cacochyme.









Heureusement !






Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.




Désespérance ou désespoir,
Aux femmes qui viennent le voir,
Le docteur ne pose plus de questions.
Il les examine, puis il les répare.
Tout en douceur, de ses doigts plein d'attention
Il recoud le génital détruit.
Doucement, il tente de ressusciter la vie.
Il ne veut même plus entendre les répons
Ces mots simples des femmes du Sud-Kivu
aux ventres labourés par les tessons
aux entrailles ouvertes aux plantoirs
Serialviols, matraques, fusils, partout.


Désespérance ou désespoir,
Aux femmes qui viennent le voir,
Le docteur ne pose plus de questions.
Dans cette histoire à répétition.
Femmes échappées de l'horreur
À travers la forêt, à travers les pillages,
Marquées à jamais de sang et de terreur.
Rejetées des familles, écartées des villages,
Adultes ou jeunes ou petites filles d'abord
Marquées au fer de honte dans leur corps
Mutilées, méprisées mais femmes encore


Désespérance ou désespoir,
Aux femmes qui viennent le voir,
Le docteur ne pose plus de questions,
Dans cet atroce feuilleton.
Horreur absolue dans les campagnes du Kivu
Serialviols, matraques, fusils, partout.
Ventres de femmes en pagaille
Nouveaux champs de bataille
Femmes, dernier pilier du monde rural
Saignées à blanc, trop tard à l'hôpital
Les soins trop longtemps attendus
Nouvelles martyrs, éternelles proies
Elles errent dans la ville et saignent dans les rues
Par centaines, elles meurent parias
Honte, honte, honte pour qui les rejette
Réparer la femme et la fille défaite
Fistule, reconstruction vaginale
Refaire, redonner une vie normale.
Désespérance ou désespoir,
Aux femmes qui viennent le voir,
Le docteur ne pose plus de questions.
Elles reviennent un peu plus tard
Nouveaux viols, nouvelle destruction
Aux femmes qui viennent le voir,
Désespérance ou désespoir,
Le docteur ne pose plus de questions.



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