Il
est
cinq
heures,
Paris s'éveille
Chanson
française – Il
est cinq heures, Paris s'éveille – 1968
Texte :
Jacques Dutronc, Jacques
Lanzmann, Anne
Ségalen
Chanson française – Il est cinq heures, Paris s'éveille – 1968
Texte : Jacques Dutronc, Jacques Lanzmann, Anne Ségalen
Je suis le dauphin de la place Dauphine Et la place Blanche a mauvaise mine. |
Cette
chanson originale, dans le ton et la forme,
mérite et de loin d'être reprise comme chanson contre
la guerre en tant que telle. Peu importe d’ailleurs,
quand et pour quoi elle avait été conçue… Même
si elle avait été conçue en mars
(était-ce aussi le 22 mars?), même si elle n'était qu'une chanson
parmi d'autres, liée au commerce de l'édition médiatique, elle
déboula comme le son de la tempête. On
entendait cet étrange bruit serpentant, le solo de flûte inventé
par Roger Bourdin, à toutes les heures du jour et de la nuit…
Puis, sortant des transistors à pile, venait la voix un peu
métallique et sèche de Jacques Dutronc… « Il est cinq
heures, Paris s'éveille ». On était en mai 1968 et Paris (et
pas seulement Paris, d'ailleurs, mais c'était le cœur de la révolte
qui gagnait feu de brousse le territoire de langue française) était
en révolte contre la société qui l'étouffait et qui soit dit en
passant, l'étouffe encore.
Car,
c'est elle, la chanson de mai 1968. Pas seulement en théorie, dans
une sorte de nostalgique réminiscence. Non, elle était la voix du
mouvement. Comme Grandola
[[229]], pour d'autres lieux et d'autres jours. C'était la chanson
de mai 1968, celle qu'on entendait partout et qu'on chantonnait
partout - pour être plus précis, que les révoltés chantaient, qui
les aidait à passer les nuits et spécialement, lors des occupations
vers l'aube naissante. Forcément, quand on occupe, on y reste les
nuits entières et le matin est bienvenu pour ceux qui ont tenu la
garde ; c'est l'heure où en effet, ils rentrent se coucher. Pour la
situer, « Il
est cinq heures... » est
en quelque sorte à mai 1968, ce que par exemple, est « Le
Temps des Cerises » [[41674]]
à la Commune de Paris.
Certes,
à un autre moment, cette chanson aurait pu être le pendant des
« Paumés
du petit matin » [[41858]] de Jacques Brel ; ce
qu'elle devait être au départ… Mais entretemps, la vague
estudiantine a déferlé, les ouvriers ont embrayé et le soleil de
mai a brillé.
Elle
était tellement présente, tellement prégnante qu'elle fit
quasi-immédiatement l'objet d'une parodie
situationniste [[48570]], d'un détournement qui était dans
l'air du temps. Le situationnisme se répandait ; c'était un
des facteurs de la révolte.
Au
fait, elle devrait figurer dans les « Canzoni fondamentali »
aux côtés de Lili
Marleen [[1600]] et du Déserteur
[[1]]… Car là est sa vraie place.
Puis,
elle apparaît avec le recul comme une chanson prémonitoire…
Surtout, si l'on veut bien la lire en entier.
Par
exemple, ceci :
« Les
journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n'ai pas sommeil »
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n'ai pas sommeil »
qui
– volens nolens – annonçait la liquidation du mouvement par les
apparatchicks des grandes organisations ouvrières – politiques
(PCF) et syndicales (CGT) en tête, qui n'avaient rien compris à ce
qui était en train de se passer … ou alors, avaient trop bien
compris. Allez savoir ! Il est vrai que comme en d'autres lieux
– à Prague, par exemple, la révolte se faisait sans eux, sans
qu'ils l'aient préméditée et sans qu'ils puissent la conduire.
Alors, on liquide ! Circulez, il n'y a rien à voir !
Ô
la grande victoire des accords de Grenelle… Depuis lors, les
journaux sont imprimés, les ouvriers sont déprimés et ils ne sont
pas près d'en sortir de cette dépression. Et de fait encore
aujourd'hui, « Les gens se lèvent, ils sont brimés... ».
La
Guerre
de Cent Mille Ans [[7951]] que les riches font aux pauvres se
poursuit.
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I et Lucien Lane
qui
tissent encore aujourd'hui le linceul de ce vieux monde déprimé, en
éternelle crise, plein d'accords, de stratégies et de tactiques,
d'apparatchicks, de dirigeants et cacochyme. Heureusement !
Je
suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine.
Les camions sont pleins de lait,
Les balayeurs sont pleins de balais.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les travestis vont se raser,
Les striptiseuses sont rhabillées ;
Les traversins sont écrasés,
Les amoureux sont fatigués.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Le café est dans les tasses,
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse,
La gare n'est plus qu'une carcasse.
Et la place Blanche a mauvaise mine.
Les camions sont pleins de lait,
Les balayeurs sont pleins de balais.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les travestis vont se raser,
Les striptiseuses sont rhabillées ;
Les traversins sont écrasés,
Les amoureux sont fatigués.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Le café est dans les tasses,
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse,
La gare n'est plus qu'une carcasse.
Il
est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les banlieusards sont dans les gares,
À la Villette, on tranche le lard.
Paris by night, regagne les cars,
Les boulangers font des bâtards.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
La tour Eiffel a froid aux pieds,
L'Arc de Triomphe est ranimé
Et l'Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les journaux sont imprimés,
Les ouvriers sont déprimés.
Les gens se lèvent, ils sont brimés ;
C'est l'heure où je vais me coucher.
Il est cinq heures,
Paris se lève.
Il est cinq heures,
Je n'ai pas sommeil.
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les banlieusards sont dans les gares,
À la Villette, on tranche le lard.
Paris by night, regagne les cars,
Les boulangers font des bâtards.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
La tour Eiffel a froid aux pieds,
L'Arc de Triomphe est ranimé
Et l'Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée.
Il est cinq heures,
Paris s'éveille,
Paris s'éveille.
Les journaux sont imprimés,
Les ouvriers sont déprimés.
Les gens se lèvent, ils sont brimés ;
C'est l'heure où je vais me coucher.
Il est cinq heures,
Paris se lève.
Il est cinq heures,
Je n'ai pas sommeil.
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