O
GORIZIA, SOIS MAUDITE
Version
française – O GORIZIA, SOIS MAUDITE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
italienne – O Gorizia, tu sei maledetta – anonimo - 1916
Voir
aussi : https://www.youtube.com/watch?v=HbFINI9pxuU
Messieurs les officiers traîtres
C'est vous qui avez voulu la guerre !
Vous les égorgeurs de chair à vendre
Et ruine de la jeunesse.
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La
bataille de Gorizia (9-10 août 1916) coûta, selon des données
officielles, la vie à 1.759 officiers et 50.000 soldats environ, du
côté italien ; du côté autrichien à 862 officiers et 40.000
soldats environ.
Ce fut un des massacres les plus fous d'une guerre complètement folle.
Ce fut un des massacres les plus fous d'une guerre complètement folle.
« O
GORIZIA, SOIS MAUDITE » est une chanson « dans » la
guerre, qui fait toujours fait partie de la tradition anarchiste et
antimilitariste.
On dit que celui qui était surpris à chanter cette chanson pendant la guerre était accusé de défaitisme et pouvait être fusillé.
La version originale fut recueillie par Cesare Bermani, à Novare, d'un témoin qui affirma l'avoir entendue des fantassins qui conquirent Gorizia le 10 août 1916.
En 1964, elle fut présentée au Festival des Deux Mondes de Spoleto par le Nuovo Canzoniere Italiano dans le spectacle « Bella ciao», en suscitant la colère des bien-pensants. Lorsque Michele L. Straniero et Fausto Amodei commencèrent à chanter « Gorizia », il se produisit des incidents dans la salle ; la droite chercha à empêcher les représentations ; Straniero, Leydi, Crivelli et Bosio furent dénoncés pour outrage aux Forces Armées.
[Michele Straniero], remplaçant pour l'interprétation de O Gorizia tu sei maledetta Sandra Mantovani, victime d'une extinction de voix, chanta en effet une strophe imprévue (Officiers traîtres/qui avez voulu la guerre / égorgeurs de chair à vendre/et ruine de la jeunesse) qui suscita dans la salle la réaction d'un officier et de dames en fourrures, tandis que lors des soirées suivantes, le spectacle a été constamment perturbé par des groupes de fascistes. Ce scandale au centre de l'intérêt journalistique pendant plus d'une semaine sera par ailleurs le meilleur lancement pour les Dischi del Sole (Disques du Soleil), qui renforcent ainsi leur présence politico-culturelle dans le pays.
(Cesare Bermani, de A - rivista anarchica)
« Finalement
nous sommes en scène face à une salle comble. Nous commençons à
chanter. Silence mortel : tous sont curieux de ces chants, à
commencer par Bella Ciao de Giovanna Daffini. À mesure qu'on avance,
s'enflent les commentaires, murmurés, parfois même dits à haute
voix. À la strophe de Sandra Mantovani « … et dans les
stalles nous ne voulons plus mourir… » une voix de femme
hurle : « Je possède deux cents âmes et aucune d'elles n'est
morte dans les stalles ! ». Suivent une série de « Bouh »
du poulailler.
Finalement
se
lève
Michele Straniero et entonne
Gorizia. À la strophe « Messieurs
les officiers
traîtres
/qui
avez voulu la guerre / égorgeurs
de
chair à
vendre/cette
guerre nous enseigne à punir » se déchaîne
la colère de Dieu. Une voix se lève du parterre : « Hourra
les officiers », suivie de choeurs « Hourra l'Italie ».
Du poulailler arrive une réponse immédiate et on
lance
une chaise sur
le
parterre, pendant qu'on entonne
Bandiera
Rossa (Drapeau rouge).
Du
bas, ils répondent avec Facetta
Nera
(chanson fétiche des fascistes italiens).
Bousculades
à droite et à gauche. Tout autour, les gens continuent à discuter
avec toujours plus d'« animation ».
En somme, ils se cognent. »
La strophe « Messieurs les officiers traîtres» n'est pas présente dans toutes les versions et a été certainement ajoutée par la suite. À l'origine, elle provient de « O Venezia », sur la mélodie de laquelle, parfaitement adaptable, est parfois chantée « O Gorizia ». Entre les deux chansons existe certainement une corrélation très étroite.
Outre
celle
de Joe Fallisi, nous signalons aussi
la
très belle interprétation,
pour voix féminine, de la part du groupe « Les
Anarchistes » dans l'album «Figli di origine oscura -
Enfants
d'origine obscure » (2003) et celle
de Suso dans l'album « Danni Collaterali », édité
par Il
Manifesto. Les versions plus classiques pour voix féminine,
cependant, sont sans
doute
celles
de Giovanna Marini et de Sandra Mantovani.
Mon
cher ami Lucien l'âne, si j'ai pris la peine d'en faire de ces
derniers jours des versions françaises (plus exactement, en langue
française, vu que comme tu le sais, nous ne sommes pas en France, ni
d'ailleurs originaires de ce pays et que moi, personnellement –
comme disent en flamand les ministres, les burgmeesters et les
coureurs cyclistes de ce pays : « Ik, persoonlijk... »…
Les
derniers, plus optimistes, ajoutent généralement – en français,
cette fois : « je ferai mieux la prochaine fois... »…
Tu
as raison, mon ami l'âne Lucien, je ferai pareil pour mes versions…
Cela dit, j'ai fait toutes ces versions françaises à destination
d'un public qui n'a – dans le meilleur des cas – qu'une
connaissance très très vague de ces épouvantables massacres qui
eurent lieu entre 1915 et 1918 aux confins de l'Autriche et de
l'Italie, afin de lui faire connaître ces événements absurdes et
malheureux – quel que soit le côté où l'on se place.En ce qui
concerne la seule Italie, cette guerre tua 650.000 militaires et
environ la même quantité de civils, soit environ et pur la seule
Italie, environ 1.300.000 morts. Sachant évidemment, que la plus
grande partie des militaires tués étaient eux aussi des civils
qu'on avait obligés – sous peine de sanctions pouvant aller
jusqu'à la mort – à faire une guerre contre d'autres civils, mis
dans les mêmes conditions…
Ah,
si les guerres ne tuaient que les militaires, ce serait logique et
cohérent, car c'est leur vocation, en quelque sorte ! Bref, les
militaires avaient pris les gens (ouvriers, paysans, bourgeois,
intellectuels, étudiants, jeunes...) en otages… C'était
d'ailleurs le cas dans tous les camps adverses… Je te cite quand
même un chiffre rassurant… En Italie, pour cette seule guerre, il
y eut plus de 200.000 déserteurs.
S'ils
n'ont pas été repris et fusillés, ceux-là au moins ont survécu…
Mais revenons aux massacres de Gorizia. Pour information, Gorizia
en
italien
, Gurize en
friulano
standard, Guriza in friulano
goriziano, Gorica en
sloveno,
Görz en
allemand
est
une
commune
italienne d'environ 35.000 habitants, située sur l'Isonzo (Nord-Est
de l'Italie). Elle se situe au point de rencontre entre les mondes
latin, slave et germanique. Donc, les
massacres firent des dizaines de milliers de morts, parmi des gens
qui n'avaient aucun goût pour la guerre – d'où le « Sois
maudite Gorizia ».
Et
j'espère bien qu'elle le reste… dit Lucien l'âne, même si un
lieu ne peut être tenu responsable de ce qui s'y est passé. En
fait, il s'agit de ne plus recommencer, ce qui – l'échelle humaine
– est sans doute un vœu pieux. Du moins tant que durera cette
foutue Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font
systématiquement et obstinément aux pauvres afin d’accroître
leur propre domination, leurs richesses, leurs privilèges et de
conserver et de renforcer leur droit d’exploiter d'autres êtres
humains (et pas seulement). Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, en
mémoire de tous ceux-là de Gorizia et d'ailleurs qui y ont laissé
leur peau, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde absurde, idiot, militaire, massacreur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
cinq août au matin
Partaient les troupes italiennes
Pour Gorizia, terres lointaines
Et chacun partit sans entrain
Partaient les troupes italiennes
Pour Gorizia, terres lointaines
Et chacun partit sans entrain
Les
balles ennemies tombaient à grêle
Sur ces montagnes, ces collines et grands vallons
On mourait en se disant au fond :
O Gorizia sois maudite
Pour le coeur qui écoute sa conscience
L'aller pesait lourd
Et souvent, était sans retour
Sur ces montagnes, ces collines et grands vallons
On mourait en se disant au fond :
O Gorizia sois maudite
Pour le coeur qui écoute sa conscience
L'aller pesait lourd
Et souvent, était sans retour
O lâches vous qui vous pouvez vous tenir
Avec vos femmes dans votre lit de laine
Offenseurs de nous autres chair humaine
Cette guerre nous enseigne à punir
Vous
appelez champ d'honneur
Cette terre au-delà des frontières
Ici on meurt en criant assassins
Vous serez maudits un matin.
Cette terre au-delà des frontières
Ici on meurt en criant assassins
Vous serez maudits un matin.
Chère
femme qui ne peut m'entendre
Je demande à mes camarades survivants
De veiller sur nos enfants
Je meurs avec ton nom dans mon coeur
Je demande à mes camarades survivants
De veiller sur nos enfants
Je meurs avec ton nom dans mon coeur
Messieurs
les officiers traîtres
C'est vous qui avez voulu la guerre !
Vous les égorgeurs de chair à vendre
Et ruine de la jeunesse.
C'est vous qui avez voulu la guerre !
Vous les égorgeurs de chair à vendre
Et ruine de la jeunesse.
O
Gorizia sois
maudite
Pour le coeur qui écoute sa conscienceL'aller pesait lourd
Et souvent, était sans retour.
Pour le coeur qui écoute sa conscienceL'aller pesait lourd
Et souvent, était sans retour.
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