L'AUBE
EST TOUJOURS NEUVE
Version
française - L'AUBE EST TOUJOURS NEUVE – Marco Valdo M.I. – 2014
Dans la préface au recueil « È fatto giorno » de 1954, Carlo Levi définit ces vers du poète de Tricarico comme la « Marseillaise du mouvement paysan »...
J'ajouterais,
dit Marco Valdo M.I., car c'est indispensable ici, ce que Rocco
Scotellaro écrivait de Carlo Levi dans son
roman inachevé « L'uva putannella »
où il met en scène Carlo Levi, « torinese del sud »,
comme disait Gigliola Di Donato, et lucanien d'adoption depuis le
Christ s'est arrêté à Eboli. On verra ici que Carlo Levi était
pour Rocco Scotellaro bien plus qu'un ami, ce
qui les a unis était au-delà même de la fraternité, ce fut
quelque chose que j'appellerais « fratellance », une
commune reconnaissance de fraternité, une sorte de parenté du cœur
et de l'esprit, un engagement sans retour pour l'humanité de
l'humaine nation.
Mais
écoute le récit de Rocco Scotellaro (le « io » de
l'histoire, le je du récit) – en italien et en français, dans ma
version immédiate :
« A
che vale leggere per noi, ve lo dice questo libro, che spiega pure
quando e come e perchè uno scrive, io dissi. - Io ho avuto la
fortuna di conoscere l’uomo che l'ha scritto, non è veramente mio
amico, non è nemmeno, vi avverto, un vostro amico. Ha scritto questo
che è il più appassionato e crudo memoriale dei nostri paesi. Ci
sono parole e fatti da fare schiattare le molli pancie dei signori
nel sonno, meccanicamente, per la forza di verità. Ci sono morti e
lamenti da fare impallidire i santi màrtiri per la forza di verità.
E le nostre terre si muovono da parere fiumi e i morti, tutti i morti
i bambini e i vecchi vivono sulle nude terre tremanti e nei boschi. E
i vivi... Leggiamo ora.
Però
vi dicevo, dello scrittore, che non è un amico.
Non
è un amico, come non può esserlo il padre, la madre, il fratello.
Amico è l'avvocato, il medico, il testimone, il deputato, il prete.
Quest’uomo è un fratellastro, mio, nostro, che abbiamo un giorno
incontrato per avventura. Ciò che ci lega a lui è la fiducia
reciproca per un fatto accaduto a lui e a noi e un amore della
propria somiglianza. Eccolo qui, alla prima pagina, comincia,
sentite. E' stato anche lui in galera e va dicendo che ognuno dal
presidente al cancelliere, dal miliardario al pezzente, dovrebbe
andarci una volta.
«
... Chiuso in una stanza, e un mondo chiuso, mi è grato riandare con
la memoria a quell'altro mondo, serrato nel dolore e negli usi,
negato alla Storia e allo Stato, eternamente paziente; a quella mia
terra senza conforto e dolcezza, dove il contadino vive, nella
miseria e nella lontananza, la sua immobile civiltà, su un suolo
arido, alla presenza della morte »
« Quel
intérêt pour nous de lire, c'est ce que vous dit ce livre, qui
explique aussi qui, comment et pourquoi quelqu'un écrit, dis-je.
J'ai eu la chance de connaître l'homme qui l'a écrit, ce n'est pas
vraiment mon ami, et encore moins, je vous préviens, votre ami. Il a
écrit ce qui est sans doute la
plus passionnante
et la plus crue
des chroniques de
nos villages. Ce sont des mots et des faits
à faire crver les grossses panses de messieurs dans leur sommeil,
mécaniquement, par la force de la vérité. Ce sont des morts et des
lamentations à faire blêmir les saints martyrs à force de vérité.
Et nos terres se meuvent comme des fleuves et les morts, tous les
morts les enfants et les vieux vivent tremblants sur les terres nues
et dans les bois. Et les vivants… À présent, lisons…
Mais
avant, je vous disais, à propos de l'écrivain, que ce n'était pas
un ami.
Ce
n'est pas un ami comme peut l'être le père, la mère, le frère.
Ami est l'avocat, le médecin, le témoin, le député, le prêtre.
Cet homme est un frère de sang , mien, nôtre, que nous avons un
jour rencontré par hasard. Ce qui nous lie à lui, c'est la
confiance réciproque née d'un fait arrivé à lui et à nous et
d'un amour de notre ressemblance. Voilà, il commence ainsi, écoutez.
Lui aussi est allé en prison et il dit que chacun du président au
greffier, du milliardaire au mendiant, devrait y aller une fois.
« …
Enfermé dans une chambre, et un monde clos [ à Florence, dans la
clandestinité, chez Anna Maria Ichino – piazza Pitti, 14 ], il me
plaît de revenir par la mémoire à cet autre monde, enserré dans
la douleur et les usages, nié par l'Histoire et l'État,
éternellement patient ; à cette terre mienne, sans confort et
sans douceur, où le paysan vit, dans la misère et l'éloignement,
sa civilisation immobile, sur un sol aride, en présence de la
mort. »
J'ai
même entendu raconter que lorsque Rocco Scotellaro avait été mis
en prison, il faisait des lectures du « Christ s'est arrêté à
Eboli » aux prisonniers assemblés…
Ainsi
Parlait Marco Valdo M.I.
L'aube
est toujours
neuve
Ne me criez plus en dedans, Ne soufflez pas en mon cœur Vos souffles chauds, paysans.
Ne me criez plus en dedans, Ne soufflez pas en mon cœur Vos souffles chauds, paysans.
Buvons ensemble une tasse emplie de vin !
Quand au temps hilare du soir
S'apaise notre vent désespéré.
Pointent
aux poteaux encore
Les têtes des brigands, et la caverne –
L'oasis verte de la triste espérance –
Conserve impeccable un oreiller de pierre….
Les têtes des brigands, et la caverne –
L'oasis verte de la triste espérance –
Conserve impeccable un oreiller de pierre….
Mais
sur nos sentiers, on ne revient pas en arrière.
D'autres ailes fuiront
Des pailles du nid,
Car au long de l'agonie des temps
L'aube est neuve, est neuve.
D'autres ailes fuiront
Des pailles du nid,
Car au long de l'agonie des temps
L'aube est neuve, est neuve.
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