CECI
EST LA PAIX,
CECI
EST LA GUERRE, DIT-IL.
Version
française - CECI EST LA PAIX, CECI EST LA GUERRE, DIT-IL - Marco
Valdo M.I. – 2014
Chanson
italienne - Chi sta in alto dice: questa è pace, questa è guerra –
Kalashnikov
– 2014
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre, Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre. Peinture de Marc Chagall |
Pour ce morceau que nous avons gravé, nous avons emprunté une poésie de Bertolt Brecht, en la ciselant ci et là pour l’adapter à la chanson. Nous croyons que le camarade Bert aurait été ravi de nous prêter sa composition. Ou non ? De toute façon, c'est fait ! Le texte cherche à mettre en discussion l'idée qu'une nette ligne de séparation court entre l'état de guerre et celui de paix ; cette démarcation existe peut-être plus dans notre imagination, ou bien dans les livres d'histoire, qu'en réalité. Le morceau se veut même être une réflexion sur la signification que nous donnons aujourd'hui aux mots de paix et de guerre, qui cachent une subtile ambiguïté, une valence idéologique : un vide sémantique. Dans les années 1990, on n'a rien fait d'autre que parler de « missions de paix » rapportées à des campagnes de guerre qui ont apporté plus ou moins l'habituelle dose que morts, de misère et de destruction. Cette hypocrisie linguistique et conceptuelle est le miroir de notre société, dans laquelle les mots sont toujours plus décollés de la réalité, dans laquelle les médias ne racontent pas le monde qui nous entoure, mais le modèlent.
Du
Collectif Kalashnikov.
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Regarde
Lucien l'âne mon ami, regarde, cette canzone du collectif
Kalashnikov, elle va te plaire tout comme elle me plaît et je vais
te dire pourquoi...
En
effet, dit l'âne Lucien un peu interloqué qui dresse subitement les
oreilles en points d'exclamation. En effet, pourquoi ? Ce
serait bien que tu précises un peu...
Ce
serait déjà fait, si tu ne m'avais pas interrompu... Donc, je
reprends où j'en étais. Regarde leur commentaire et regarde aussi
le texte du poème de Bertolt Brecht... Tous parlent très
précisément de la Guerre de Cent Mille Ans, de « leur
guerre », celle que les riches font aux pauvres pour s'enrichir
plus encore, pour maintenir et étendre leur domination, pour
renforcer l'exploitation, pour maintenir leurs privilèges et
satisfaire les folles ambitions... Une guerre qu'ils mènent depuis
tant de temps, cette guerre qui est la mère de toutes les guerres,
cette guerre qui se cache sous les oripeaux d'une paix qui se veut
sans histoire.
Voilà
qui est bougrement intéressant, dit Lucien l'âne en se dandinant
des quatre fers... Même si, comme toi, je savais bien que
d'autres que nous y avaient songé et bien avant nous... À part
peut-être le nom sur l'étiquette, à part sans doute aussi la
manière de la raconter... Pour le reste, primo, cette guerre était
là et secundo, nous deux, on est comme Laverdure : « On
cause, on cause, c'est tout ce qu'on sait faire ».
Tiens
alors, à propos de Laverdure, Raymond Queneau – je rappelle, à
toutes fins utiles, que Laverdure est un des personnages principaux
de Zazie dans le métro, roman hyperbolique dudit Queneau et que
c'est un perroquet – donc, à Marguerite Duras qui l'interviewait,
Raymond Queneau disait de Laverdure : « Dans
« Zazie dans le métro
»,
il y a un personnage qui rappelle les autres à l’ordre, c'est
Laverdure, le perroquet. Il dit toujours : « Tu
causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire »
Dès que les gens commencent à envelopper ce qu'ils disent, à «
mettre la sauce », c'est le rappel à l'ordre. » Et bien
voilà, tu m'as rappelé à l'ordre.
Ça
alors, une interview de Raymond Queneau par Marguerite Duras, qui
aurait imaginé pareille rencontre... C'est fabuleux ! Je m'en
vais de ce pas la lire...
Oh,
Lucien l'âne mon ami, ne t'en va pas comme ça ! On n'a pas
fini de causer de la canzone. Et d'abord, il convient de signaler
combien elle rejoint aussi certaine idée de George Orwell en ce qui
concerne l'usage de la langue et des mots et leur place centrale dans
la manière dont le système s'instaure et s'installe à demeure, y
compris et surtout, dans la tête des gens. Avec ces amplificateurs
d'hypnose sociale que sont les mass-média, ces moyens de diffusion
massive qui s'insinuent partout, jusque dans les chambres, jusque
dans les lits, comme les tristes touristes de Ricet Barriet ; en
fait, il vaudrait mieux dire les vacanciers...
Tu
avais raison de m'arrêter, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien
l'âne en faisant demi-tour sur place. Tu avais bien raison, car
c'était fort grossier de ma part de tout planter là et puis aussi,
il n'était pas correct de ne pas tenir mon rôle... Car sans moi, le
dialogue s'interrompt et même, reste suspendu dans un vide
désolant. Mais rassure-toi, je ne vais pas jouer la fille de l'air.
Car, il me revient quand même que c'est à moi de conclure en te
rappelant à l'ordre et à notre tâche qui, comme tu le sais sans
doute, est de tisser – tels de modernes Canuts
– le linceul de ce vieux monde doublement guerrier, faussement
paisible, exacteur, rongeur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Leur paix et leur guerre ne sont pas d'essence différente
Elles sont comme le vent et la tempête.
De leur paix naît la guerre
Comme l'enfant d'une mère
Qui voit son visage dans le sang d'une mare.
Ce
que la paix a épargné est tué par leur guerre
Leur paix est une guerre qui prépare le massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Leur paix est une guerre qui prépare le massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Leur
paix et leur guerre ne sont pas d'essence différente
Elles sont comme le vent et la tempête.
De leur paix naît la guerre
Comme l'enfant d'une mère
Qui voit son visage dans le sang d'une mare.
Elles sont comme le vent et la tempête.
De leur paix naît la guerre
Comme l'enfant d'une mère
Qui voit son visage dans le sang d'une mare.
Ce
que la paix a épargné est tué par la guerre
Leur paix est une guerre qui prépare le terrain au massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Leur paix est une guerre qui prépare le terrain au massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Ce
que la paix a épargné est tué par la guerre
Leur paix est une guerre qui prépare le terrain au massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Leur paix est une guerre qui prépare le terrain au massacre.
Celui d'en haut dit : ceci est la paix, ceci est la guerre,
Mais leur paix n'est pas très différente de leur guerre.
Le
texte du poème de Brecht dont le Kalashnikov se sont inspirés
:
Tiré de « Svendborger Gedichte » (« Poésies de Svendborg »), le premier recueil de poèmes que Brecht écrivit en exil, publié en 1939.
Tiré de « Svendborger Gedichte » (« Poésies de Svendborg »), le premier recueil de poèmes que Brecht écrivit en exil, publié en 1939.
Poème
allemand de Bertolt Brecht : Die Oberen Sagen: Friede Und Krieg
– 1939
Leur guerre tue
Ce que leur paix
A laissé.
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