TOMBES
Version
française – TOMBES – Marco Valdo M.I. – 2014
En Crète, j'ai trouvé un cimetière
Pour Patrie et Führer
Beaucoup de soldats allemands y dorment
Dans la colline au bord de la route
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Le
père de Wolf Biermann, Dagobert, non seulement était juif mais
aussi ouvrier, non seulement était ouvrier, mais aussi communiste.
Et non seulement il était communiste, mais aussi membre de la
résistance antifasciste. Il fut arrêté et condamné à six ans de
captivité pour avoir saboté les pièces destinées à un navire de
guerre. En 1942, lorsque les nazis décidèrent d'appliquer la
« solution finale au problème juif », le père de Wolf
Biermann fut aussi déporté dans un camp d'extermination, à
Auschwitz, où il fut assassiné le 22 février 1943.
En
Allemagne démocratique de l'après-guerre, Wolf Biermann devînt ami
et élève de Hanns Eisler, revenu au pays après avoir été chassé
des USA car il était communiste ; avec le maestro , il partagea
rapidement une attitude critique envers le « socialisme réel ».
À partir de 1963, peu après la mort d'Eisler, les autorités
communistes commencèrent à censurer les œuvres de Biermann et en
1965, ils le marquèrent officiellement comme « traître de la
classe ouvrière ». Comme il le raconte lui-même dans cette
chanson, il fut même empêché de voyager en Pologne voisine pour
rendre hommage à son père tué à Auschwitz (« Je n'ai pas
besoin de chercher la tombe de mon père : il est partout, où je
vois une cheminée fumer »). Ensuite en 1976, pendant qu'il se
trouvait en tournée en Allemagne de l'Ouest, le gouvernement de
l'Est lui rétira la citoyenneté, l'empêchant de rentrer et le
forçant à l'exil.
En
Crète, j'ai trouvé un cimetière
Pour
Patrie et Führer
Beaucoup
de soldats allemands y dorment
Dans
la colline au bord de la route
Et
sur eux mûrit
Le
vin jaune
Trop
doux ! Le vin jaune
Que
j'ai englouti.
Et
à Formentera, les morts habitent
Dans
le confort, juste à côté
Du
grand cimetière de voitures.
Cela
m'a un peu effrayé
Qu'avec
leurs armes, comme des guerriers
Ils
reposent, morts, disposés
Au
voyage dans l'éternité
Dans
des voitures démobilisées
À
Moscou, au cimetière des nonnes
Se
tiennent là sous les images et les pierres
Les
meurtriers et leurs victimes
Os
sur os, ils gisent
Et
jurent et geignent et cognent
Et
à vif se griffent l'un l'autre
Et
crient avec la terre sanglante
Dans
leur bouche béante
Ainsi,
j'ai brouté quelque tombe
J'ai
bouffé des fleurs mortes
Et
sur mon âme pèse
Une
pierre de juif de Prague
Les
morts ont une vie particulière
Ils
parlent calme et clair
Même
les mensonges de leur vie
Deviennent
vrais dans le silence
Moi
je sais, les morts vivent
Et
veulent, que leur rende visite
Celui
qui passe froid près d'eux, froids
Damné
et maudit, il sera – Moi pas !
La
pierre tombale de mon père
Est
partout. Moi je n'ai pas
À
chercher longtemps sa tombe
Elle
est très facile à trouver
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