mercredi 27 novembre 2013

La Guerre des Haches

La Guerre des Haches
ou Les horreurs des hostilités.

Chanson française – Marco Valdo M.I. – 2013










Voilà, je viens de terminer « La Guerre des Haches », une canzone qui m'était venue comme la courante ; d'un coup, au moment où on s'y attend le moins...


Ben voyons, ce sont des choses qui arrivent... Pour la courante, en tous cas, j'en sais quelque chose. Je ne te dis pas...


Ce n'est pas nécessaire. Cependant, pour la canzone, c'est quand même différent. Certaines d'entre elles arrivent comme des illuminations sur un chemin de Damas. On ne sait trop d'où vient cette lueur, cette subite clarté. Mais enfin, l'idée est là, intangible et il faut la prospecter, la nourrir, la mûrir et la fleurir. Tout ça pour te dire comment m'est venue la dernière canzone en date. Elle est née d'une lente rumination à propos des haches et des difficultés de prononciation qu'ils ou elles entraînent pour le locuteur de langue française ; une rumination qui soudain a débondé. Évidemment, le titre de la canzone est lui-même à double sens et quelque peu calembourdesque. Oh, je vois ton œil droit qui cille et j'entends ton reproche silencieux... Je sais, tu le sais, que de calembour, on aurait pu faire calembouresque, calemboureux ou calembourin... Mais lointainement, je veux dire à son origine, « calembour » est un motvalise, en quelque sorte le fruit du croisement entre calembredaine et bourde... D'où la réapparition du « d » dans calembourdesque.


Je me demande s'il n'y aurait pas là une hypothèse intéressante à trouver du côté du « hasch »... Quand même, après une telle démonstration, dit Lucien l'âne en hochant la tête et en secouant conséquemment les oreilles, j'incline le chef et avant de tourner la page, je te fais remarquer que de là, on eût pu tout aussi logiquement, tirer calembourdeux et calembourdin. Mais restons-en là ; sinon, on n'en sortira pas. Ainsi, je t'en prie, continue...


Donc, foin de bourdes et de calembredaines, comme nous sommes ici dans l'univers des Chansons contre la Guerre, il convient de souligner qu'il s'agit d'une chanson sur la Guerre et même, d'une chanson qui au-delà de la Guerre générique, la Guerre en général, se réfère à une série d'autres guerres que l'on y trouve au détour d'un vers – ce qui, en soi, est un jeu historique auquel je te convie. Et en premier lieu, la Guerre de la Vache qui entre 1275 et 1278 fit quand même environ quinze mille morts aux confins du Condroz et ce fut une très belle guerre, qui démarra sur une peccadille – le vol d'une vache, d'où son nom. C'est devenu une curiosité et même, une attraction touristique. Bref, un joli massacre bien de chez nous et comme il est souligné dans le site qui s'y rapporte : une « guere des Walons inte zels » (une guerre des Wallons entre eux) [http://wa.wikipedia.org/wiki/Guere_del_vatche] et si tu n'as pas compris, il y a même une version en français de la Guerre de la Vache. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_la_Vache].


D'accord, mais pourquoi la Guerre des Haches, alors ?, dit Lucien l'âne quelque peu éberlué.


D'abord, Lucien l'âne mon ami, tu auras remarqué la similitude et l'homophonie presque parfaite des deux mots : vache et hache. Il y a là un incontestable lien. Mais aussi, et c'est – comme tu le verras à la lire et mieux encore, à la dire – une sorte d'exercice de style oulipien sur la lettre « ache ». Il te souviendra sans doute que le « ache » ou la « ache » est une lettre particulière, avec une variation entre deux types de « aches ». Voici ce qu'en dit wiki : « En français, h peut être muet ou aspiré ; son type dépend de son étymologie. Le h muet ne représente pas un son. Le h aspiré représente un coup de glotte[réf. nécessaire]. Le h aspiré ne se trouve qu'au début d'un mot et empêche la liaison et l'élision. Le h muet n'a quant à lui aucune valeur phonétique. »


Je t'arrête là, dit Lucien l'âne avec vigueur. Si j'en crois Grevisse, un grammairien qui mit une vie entière à boucler un « Bon Usage » de la langue française, une brique énorme, soit dit en passant. Donc, le dénommé Grevisse indiquait dans son vénérable ouvrage que et je cite : «  Cet « h », dit aspiré, s'est effacé, dès le XVIième siècle, dans le français de Paris et du Centre (de la France). Toutefois, ajoute-t-il en note, l'h aspiré s'entend encore dans certaines régions (Normandie, Bretagne, Gascogne, Lorraine, Wallonie). Et meiux encore, il ajoute, et en somme, conclut : « Ainsi la lettre « h », dans honte, héros, etc., est improprement appelée « h aspiré » : elle a simplement pour effet d'empêcher l'élision et la liaison : la / Honte, les / Héros.


Certes, certes... J'ai le plus grand respect pour Grevisse et je m'en réfère assez volontiers à son Bon Usage, mais selon moi, la gageure était de faire un texte en regroupant un maximum de mots commençant par « ache » et de raconter une histoire, celle de la Guerre. On en a donc plusieurs lectures possibles : soit en ne faisant aucune liaison – ce qui donne un récit haché et extrêmement fatigant pour le diseur ou le chanteur ; soit en faisant toutes les liaisons, c'est-à-dire en prononçant - par exemple : les humains, de la manière qu'on entende : les zumains. Un peu comme pour les Zétazunis.


Houla là, là, ça doit être bien étrange...


En effet... et bien entendu, on peut aussi prononcer le texte comme il faut – avec parfois la liaison – en cas de « ache » muette et parfois, la césure en cas de « ache »aspiré. Car petite modulation complémentaire : le mot « ache » est normalement un mot féminin, assimilé ici à l'outil ou l'arme – la « hache », mais il a de plus en plus tendance à être « masculinisé ».


Rendons-lui des hormones, dit Lucien l'âne en hoquetant hystériquement. Reprenons nos activités et recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde hyperréaliste, hanté, halophile, hétérogène, hargneux, hémorragique et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




La guerre des haches ne date pas d'hier
Déjà, dans les halliers sous les halos houlants
Des Hellènes hirsutes, hoplites haletants
Halaient des hallebardes et des hastes austères

Dans les haloirs, des Helvètes hémophiles
Mangeaient des haricots halophiles
Tels des handballeurs, des héros hagards
Levaient des haltères, des haches, des hachoirs et des hansarts.

Derrière des haies, les hôtes escaladaient les hunes
Dans leurs grandes halles, des Hollandais habiles
Dévoraient des haddocks et des huîtres
En hachant des hominidés hitlériens et des humains hispides.

En réponse aux homélies des hannetons hoquetants,
Les haleines des Hindous heurtaient les harengs
Par leurs harangues hypocrites. Sous les hyptères héliocentriques,
Des Hélènes hydrophobes lançaient des harpons halieutiques.

Dans les harams harmonieux, telles des harpistes hués
Des houris honteuses hurlaient des haros, des holà
Hypocondriaques, les hulottes hululaient d'hystériques hourras.
Des homosexuels homozygotes hibernaient dans des hêtres hospitaliers.

Les holothuries hispaniques humaient les humeurs humaines
Les hoirs honorables honnissaient les horlogers hiératiques
Les hiérarques hébétés houspillaient leurs habituelles hyènes
Leurs hordes hongrées harcelaient des Hongrois herpétiques

Les hérons hautains herchaient des hématites
Et les haquenées et les hermines habilitaient
Les hécatombes, ces habitudes des Hittites
Et des heiduques hypostatiques.

Les Honduriens hésitants faisaient des histoires
Humiliant les hérétiques hétérophiles
Hérissant ces herculéens haltérophiles
Comme des hétaïres humiliant des hussards.

D'horribles holocaustes hantaient les heures des Hébreux
Les haruspices hédonistes hébraïsaient des horoscopes heureux
Les hommes-orchestres haletaient dans les hélicons
Et engloutissaient des hectolitres d'halbis hesbignons.

Les houaches hypnotisaient les halbrans
Les Hutois hilares huaient les humanoïdes hésitants 
Dans les hectares, les huttes des Huns homériques
Horrifiaient les herboristes hépatiques

Les huguenots en houppelande sur les hourds hélaient les harangueurs
Et des homéopathes héliocentriques heurtaient les huches d'heure en heure.
Par les hublots, les harengères humectaient les huarts avec leurs houpettes
Les hostilités hémorragiques hypothéquaient les herbettes.

Les hérauts hurons huchaient les histrions hanséatiques.
Dans leurs homes et leurs hospices, habitaient les hommes – des hordes
Ces hobbits en habits hétérogènes – des hardes
Homologuaient des horodateurs hippiques.

Les héritiers homicides humblement honnissaient ces hideux hochets
Les hongres et les haquenées harnachés hennissaient
Les homoncules hermaphrodites hissaient haut les haubans
Les huîtriers halitueux huilaient les hypsomètres des homards hoquetants

Dans les hortillons horizontaux, les horticulteurs héliciculteurs
Aux honnêtes habitudes et pour l'honneur,
Hâtaient les hélianthes et les héliotropes.
Haut au-dessus des hysopes, les hirondelles harcelaient les hooligans hyménoptères

L'Harmattan soufflait sans cesse sur les hennins hétéroclites
Dans les haras, les haridelles herbivores – hourra !
Humectaient leurs humeurs hircines
Les harkis suçant leurs harissas haletaient dans leurs houkas

Sur leurs hourques, les humanistes heimatlos hellénisaient des hurluberlus
Dans les hibiscus, les harets hargneux harcelaient les hochequeues
Durant leurs hiemals, les hipparques et les hobereaux hivernaient en himation
Dans les hinterlands, les hippopotames histaminiques humaient leurs hémorroides


D'un hydravion, des humoristes hélitreuillaient des hommes-grenouilles
Sur leurs hémiones, les hetmans héroïnomanes hersaient les hévéas
Les hégéliens hawaïens hébergeaient dans leurs havres
Des hommes-sandwichs hybrides et d'hâtifs hautboïstes et de leurs hautbois.

Le long des hippodromes herbus, telles les harpies
Hallucinent des Hottentotes hippies
Harassant leurs hanches, leurs harmoniums et leurs harmonicas,

Dans des habaneras horrifiantes en criant Hosanna !

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