La Guerre des Haches
ou
Les horreurs des hostilités.
Chanson
française – Marco Valdo M.I. – 2013
Voilà,
je viens de terminer « La Guerre des Haches », une
canzone qui m'était venue comme la courante ; d'un coup, au
moment où on s'y attend le moins...
Ben
voyons, ce sont des choses qui arrivent... Pour la courante, en tous
cas, j'en sais quelque chose. Je ne te dis pas...
Ce
n'est pas nécessaire. Cependant, pour la canzone, c'est quand même
différent. Certaines d'entre elles arrivent comme des illuminations
sur un chemin de Damas. On ne sait trop d'où vient cette lueur,
cette subite clarté. Mais enfin, l'idée est là, intangible et il
faut la prospecter, la nourrir, la mûrir et la fleurir. Tout ça
pour te dire comment m'est venue la dernière canzone en date. Elle
est née d'une lente rumination à propos des haches et des
difficultés de prononciation qu'ils ou elles entraînent pour le
locuteur de langue française ; une rumination qui soudain a
débondé. Évidemment, le titre de la canzone est lui-même à
double sens et quelque peu calembourdesque. Oh, je vois ton œil
droit qui cille et j'entends ton reproche silencieux... Je sais, tu
le sais, que de calembour, on aurait pu faire calembouresque,
calemboureux ou calembourin... Mais lointainement, je veux dire à
son origine, « calembour » est un motvalise, en quelque
sorte le fruit du croisement entre calembredaine et bourde... D'où
la réapparition du « d » dans calembourdesque.
Je
me demande s'il n'y aurait pas là une hypothèse intéressante à
trouver du côté du « hasch »... Quand même, après une
telle démonstration, dit Lucien l'âne en hochant la tête et en
secouant conséquemment les oreilles, j'incline le chef et avant de
tourner la page, je te fais remarquer que de là, on eût pu tout
aussi logiquement, tirer calembourdeux et calembourdin. Mais
restons-en là ; sinon, on n'en sortira pas. Ainsi, je t'en
prie, continue...
Donc,
foin de bourdes et de calembredaines, comme nous sommes ici dans
l'univers des Chansons contre la Guerre, il convient de souligner
qu'il s'agit d'une chanson sur la Guerre et même, d'une chanson qui
au-delà de la Guerre générique, la Guerre en général, se réfère
à une série d'autres guerres que l'on y trouve au détour d'un vers
– ce qui, en soi, est un jeu historique auquel je te convie. Et en
premier lieu, la Guerre de la Vache qui entre 1275 et 1278 fit quand
même environ quinze mille morts aux confins du Condroz et ce fut une
très belle guerre, qui démarra sur une peccadille – le vol d'une
vache, d'où son nom. C'est devenu une curiosité et même, une
attraction touristique. Bref, un joli massacre bien de chez nous et
comme il est souligné dans le site qui s'y rapporte : une « guere
des Walons
inte zels » (une guerre des Wallons entre eux)
[http://wa.wikipedia.org/wiki/Guere_del_vatche]
et si tu n'as pas compris, il y a même une version en français de
la Guerre de la Vache.
[http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_la_Vache].
D'accord,
mais pourquoi la Guerre des Haches, alors ?, dit Lucien l'âne
quelque peu éberlué.
D'abord,
Lucien l'âne mon ami, tu auras remarqué la similitude et
l'homophonie presque parfaite des deux mots : vache et hache. Il
y a là un incontestable lien. Mais aussi, et c'est – comme tu le
verras à la lire et mieux encore, à la dire – une sorte
d'exercice de style oulipien sur la lettre « ache ». Il
te souviendra sans doute que le « ache » ou la « ache »
est une lettre particulière, avec une variation entre deux types de
« aches ». Voici ce qu'en dit wiki : « En
français, h
peut être muet
ou aspiré ;
son type dépend de son étymologie. Le h muet ne représente pas un
son. Le h aspiré représente un coup
de glotte[réf. nécessaire].
Le h aspiré ne se trouve qu'au début d'un mot et empêche la
liaison
et l'élision.
Le h muet n'a quant à lui aucune valeur phonétique. »
Je
t'arrête là, dit Lucien l'âne avec vigueur. Si j'en crois
Grevisse, un grammairien qui mit une vie entière à boucler un « Bon
Usage » de la langue française, une brique énorme, soit dit
en passant. Donc, le dénommé Grevisse indiquait dans son vénérable
ouvrage que et je cite : « Cet « h », dit
aspiré, s'est effacé, dès le XVIième siècle, dans le français
de Paris et du Centre (de la France). Toutefois, ajoute-t-il en note,
l'h aspiré s'entend encore dans certaines régions (Normandie,
Bretagne, Gascogne, Lorraine, Wallonie). Et meiux encore, il ajoute,
et en somme, conclut : « Ainsi la lettre « h »,
dans honte, héros, etc., est improprement appelée « h
aspiré » : elle a simplement pour effet d'empêcher
l'élision et la liaison : la / Honte, les / Héros.
Certes,
certes... J'ai le plus grand respect pour Grevisse et je m'en réfère
assez volontiers à son Bon Usage, mais selon moi, la gageure était
de faire un texte en regroupant un maximum de mots commençant par
« ache » et de raconter une histoire, celle de la Guerre.
On en a donc plusieurs lectures possibles : soit en ne faisant
aucune liaison – ce qui donne un récit haché et extrêmement
fatigant pour le diseur ou le chanteur ; soit en faisant toutes les
liaisons, c'est-à-dire en prononçant - par exemple : les
humains, de la manière qu'on entende : les zumains. Un peu
comme pour les Zétazunis.
Houla
là, là, ça doit être bien étrange...
En
effet... et bien entendu, on peut aussi prononcer le texte comme il
faut – avec parfois la liaison – en cas de « ache »
muette et parfois, la césure en cas de « ache »aspiré.
Car petite modulation complémentaire : le mot « ache »
est normalement un mot féminin, assimilé ici à l'outil ou l'arme –
la « hache », mais il a de plus en plus tendance à être
« masculinisé ».
Rendons-lui
des hormones, dit Lucien l'âne en hoquetant hystériquement.
Reprenons nos activités et recommençons à tisser le linceul de ce
vieux monde hyperréaliste, hanté, halophile, hétérogène,
hargneux, hémorragique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
guerre des haches ne date pas d'hier
Déjà,
dans les halliers sous les halos houlants
Des
Hellènes hirsutes, hoplites haletants
Halaient
des hallebardes et des hastes austères
Dans
les haloirs, des Helvètes hémophiles
Mangeaient
des haricots halophiles
Tels
des handballeurs, des héros hagards
Levaient
des haltères, des haches, des hachoirs et des hansarts.
Derrière
des haies, les hôtes escaladaient les hunes
Dans
leurs grandes halles, des Hollandais habiles
Dévoraient
des haddocks et des huîtres
En
hachant des hominidés hitlériens et des humains hispides.
En
réponse aux homélies des hannetons hoquetants,
Les
haleines des Hindous heurtaient les harengs
Par
leurs harangues hypocrites. Sous les hyptères héliocentriques,
Des
Hélènes hydrophobes lançaient des harpons halieutiques.
Dans
les harams harmonieux, telles des harpistes hués
Des
houris honteuses hurlaient des haros, des holà
Hypocondriaques,
les hulottes hululaient d'hystériques hourras.
Des
homosexuels homozygotes hibernaient dans des hêtres hospitaliers.
Les
holothuries hispaniques humaient les humeurs humaines
Les
hoirs honorables honnissaient les horlogers hiératiques
Les
hiérarques hébétés houspillaient leurs habituelles hyènes
Leurs
hordes hongrées harcelaient des Hongrois herpétiques
Les
hérons hautains herchaient des hématites
Et
les haquenées et les hermines habilitaient
Les
hécatombes, ces habitudes des Hittites
Et
des heiduques hypostatiques.
Les
Honduriens hésitants faisaient des histoires
Humiliant
les hérétiques hétérophiles
Hérissant
ces herculéens haltérophiles
Comme
des hétaïres humiliant des hussards.
D'horribles
holocaustes hantaient les heures des Hébreux
Les
haruspices hédonistes hébraïsaient des horoscopes heureux
Les
hommes-orchestres haletaient dans les hélicons
Et
engloutissaient des hectolitres d'halbis hesbignons.
Les
houaches hypnotisaient les halbrans
Les
Hutois hilares huaient les humanoïdes hésitants
Dans
les hectares, les huttes des Huns homériques
Horrifiaient
les herboristes hépatiques
Les
huguenots en houppelande sur les hourds hélaient les harangueurs
Et
des homéopathes héliocentriques heurtaient les huches d'heure en
heure.
Par
les hublots, les harengères humectaient les huarts avec leurs
houpettes
Les
hostilités hémorragiques hypothéquaient les herbettes.
Les
hérauts hurons huchaient les histrions hanséatiques.
Dans
leurs homes et leurs hospices, habitaient les hommes – des hordes
Ces
hobbits en habits hétérogènes – des hardes
Homologuaient
des horodateurs hippiques.
Les
héritiers homicides humblement honnissaient ces hideux hochets
Les
hongres et les haquenées harnachés hennissaient
Les
homoncules hermaphrodites hissaient haut les haubans
Les
huîtriers halitueux huilaient les hypsomètres des homards
hoquetants
Dans
les hortillons horizontaux, les horticulteurs héliciculteurs
Aux
honnêtes habitudes et pour l'honneur,
Hâtaient
les hélianthes et les héliotropes.
Haut
au-dessus des hysopes, les hirondelles harcelaient les hooligans
hyménoptères
L'Harmattan
soufflait sans cesse sur les hennins hétéroclites
Dans
les haras, les haridelles herbivores – hourra !
Humectaient
leurs humeurs hircines
Les
harkis suçant leurs harissas haletaient dans leurs houkas
Sur
leurs hourques, les humanistes heimatlos hellénisaient des
hurluberlus
Dans
les hibiscus, les harets hargneux harcelaient les hochequeues
Durant
leurs hiemals, les hipparques et les hobereaux hivernaient en
himation
Dans
les hinterlands, les hippopotames histaminiques humaient leurs
hémorroides
D'un
hydravion, des humoristes hélitreuillaient des hommes-grenouilles
Sur
leurs hémiones, les hetmans héroïnomanes hersaient les hévéas
Les
hégéliens hawaïens hébergeaient dans leurs havres
Des
hommes-sandwichs hybrides et d'hâtifs hautboïstes et de leurs
hautbois.
Le
long des hippodromes herbus, telles les harpies
Hallucinent
des Hottentotes hippies
Harassant
leurs hanches, leurs harmoniums et leurs harmonicas,
Dans
des habaneras horrifiantes en criant Hosanna !
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