vendredi 29 novembre 2013

DERNIER DES MOHICANS

DERNIER DES MOHICANS

Version française – DERNIER DES MOHICANS – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne - Ultimo mohicano - Gianfranco Manfredi – 1977
Paroles et musique de Gianfranco Manfredi
Du disque intitulé “
Zombie di tutto il mondo unitevi” (Zombies de tous les pays, unissez-vous!)






Dernier des Mohicans
Un pavé à la main
Seul ici dans la rue
Et la barricade
Où l'ont-ils emmenée ?
Il n'y en a plus.

Dernier des Mohicans
Un pavé à la main
Il n'y a plus de police
À qui je le jette, alors ?
Je vais faire un tour,
J'entre au café.

Appuyé au comptoir, je bois un thé avec le balayeur
Il me demande si la commune le payera
Je ne sais que dire, mon ami, jouons un peu
Un jour peut-être cette rue
Sera sale comme avant, quand...

Dernier des Mohicans
Un verre à la main
Ils m'ont laissé ici
Peut-être qu'ils reviendront
Cette année peut-être ou alors...
Ceux comme moi.

Dernier des Mohicans
Je fais un peu de fumée
Le signal monte
Monte dans la nuit
Cherche les marmottes

Ici, on ne s'éveille plus.

jeudi 28 novembre 2013

MAIS QUI A DIT QU’ELLE N'EXISTE PAS


MAIS QUI A DIT QU’ELLE N'EXISTE PAS

Version française - MAIS QUI A DIT QU’ELLE N'EXISTE PAS – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Ma chi ha detto che non c'è – Gianfranco Manfredi – 1976

Texte et musique de Gianfranco Manfredi
Album :Ma non è una malattia (Ce n'est pas une maladie)




Cette fois, mais c'est souvent le cas, je t'apporte une chanson à haute teneur poétique, une chanson de haute intensité mentale, une chanson qui parle au cœur et à l'esprit.


Je me réjouis déjà de te l'entendre dire, Marco Valdo M.I. mon ami, dit l'âne Lucien en souriant. C'est toujours un plaisir de découvrir une nouvelle chanson et ce plaisir se multiplie dans son attente de ce que tu m'annonces là. Mais, dis-moi vite ce qu'elle raconte cette chanson, de quoi elle parle, qui l'a écrite... Enfin, tout ce qu'il te plaira de raconter...

Ah, Lucien l'âne mon ami, j'aime beaucoup que tu aimes ce que je te mitonne et aussi que tu réagisses avec tant enthousiasme à mes annonces. Et puis, tu fais bien de poser toutes ces questions, car en effet, l'intérêt d'une chanson tient à ce qu'elle raconte, à l'auteur, à la façon dont elle raconte les choses, d'où elle vient...


D'abord l'auteur, si tu veux bien.


En deux mots, Gianfranco Manfredi est né à la moitié du siècle dernier et avait vingt ans en 1968 – ce qui le situe déjà assez bien. Ses parents enseignaient la musique. Lui a fait des études de philosophie dans des années assez agitées en des temps où les intellectuels ne trahissaient pas tous, ne s'alignaient pas tous systématiquement du côté des riches et des puissants.


Je vois, je vois, dit Lucien l'âne en avançant un sabot noir comme la nuit sans lune. Par parenthèse, ce mal (la trahison des clercs) a été récemment analysé et dénoncé par Andrea Camilleri qui disait, c'était au début novembre : « La mauvaise santé de l'Italie aujourd'hui est due aussi à cette sorte de mélasse dans laquelle tous se roulent et à la conformisation qui en découle. Un jeune intellectuel qui commence à émerger aujourd'hui, n'émerge pas car il représente une voix hors chœur mais précisément car il sait incarner mieux que tout autre, un désir dominant de non-engagement, de non participation... » et il conclut : « Mais je dois le dire avec beaucoup de déplaisir – les intellectuels d'aujourd'hui n'ont même pas conscience de leur trahison ». Pour le reste, je te renvoie à son récent article « Alla ricerca dell’impegno perduto », titre proustien s'il en est. [http://temi.repubblica.it/micromega-online/camilleri-alla-ricerca-dellimpegno-perduto/]


De fait, ce mal est pernicieux et frappe de stupeur – à quelques rares exceptions – les intellectuels dans toute l'Europe, sinon dans le monde. La trahison des clercs est universelle. En fait, ce sont les courtisans du système. Ils en recueillent avec componction les prébendes. Mais, assez causé de cela. J'en viens à la chanson... De qui, de quoi parle-t-elle ? Du moins, la version que j'en ai tirée. Mais d'abord, il convient de préciser son titre : « MAIS QUI A DIT QU’ELLE N'EXISTE PAS », qui, tu en conviendras, est assez énigmatique. Laissons de côté tout le reste et voyons l'essentiel, à savoir qui est cette « elle », dont certains disent qu'« elle n'existe pas ». Je vois deux hypothèses... Ce peut être soit la liberté, soit la révolution ; mais j'imagine mieux la chose avec l'une englobant l'autre ou alors, les deux ensemble. Il y a quand même un indice : la taupe.


Mais que vient donc faire une taupe dans cette histoire ? D'où sort-elle celle-là ? Que peut-elle bien signifier ?, dit Lucien l'âne en fronçant les sourcils et en ramenant ainsi ses oreilles vers l'avant esquissant ainsi une jolie grimace.

Je te raconte vite cette histoire de taupe et tu verras en effet qu'elle n'est si anodine. Ainsi, la première apparition de la taupe remonte à Shakespeare et à la réponse qu'Hamlet fait au spectre de son père qui remue la terre de sa tombe...

Et rappelle-moi ce que dit Hamlet..., dit l'âne Lucien vivement intéressé.


Je te cite la traduction française : « Bien dit, vieille taupe ! Peux-tu donc travailler si vite sous terre ?. L'excellent pionnier ! ». Et bien des années plus tard, nouvelle apparition de la même taupe chez le philosophe allemand Hegel, que je te cite : « Il arrive souvent que l'esprit s'oublie, se perde ; mais à l'intérieur il est toujours en opposition avec lui-même ; il est progrès intérieur - comme Hamlet dit de l'esprit de son père : 'Bien travaillé, vieille taupe!" - jusqu'à ce qu'il trouve en lui-même assez de force pour soulever la croûte terrestre qui le sépare du soleil [...] L'édifice sans âme, vermoulu, s'écroule et l'esprit se montre sous la forme d'une nouvelle jeunesse. ».


Ah, dit Lucien l'âne, voilà qui est intéressant. Mais ce serait donc l'esprit et non la liberté ou la révolution...


Attends la suite avant de te prononcer, car la voici revenue notre taupe dans le discours de Karl Marx et là, il s'agit de la révolution : « Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement… » et enfin, j'ai encore repéré sa trace chez Rosa Luxemburg, qui disait : « vieille taupe, tu as fait du bon travail ! ... Impérialisme ou socialisme. Guerre ou révolution, il n'y a pas d'autre alternative ! »
Dès lors, la présence de la taupe, comme tu le vois, impose inévitablement l'idée de révolution. Enfin, liberté ou révolution se confondent finalement, vues de ce côté-ci de la barrière – je veux dire du côté où se situent la chanson, Gianfranco Manfredi, Andrea Camilleri et toi et moi et des millions d'autres... dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'accroître leur domination, de renforcer l'exploitation, d'étendre leurs possessions, de multiplier leurs profits, de protéger leurs privilèges, de magnifier leurs richesses.

Alors, bienvenue à cette chanson, un « poing levé » (en italien : « pugno chiuso ») à son auteur et à tous ceux de ce côté de la barrière et reprenons notre tâche de « taupes », creusons le tombeau de ce vieux système (comme disait Hamlet : « Notre époque est détraquée. Maudite fatalité... ») et tissons le linceul de ce vieux monde marchand, étouffant, conformiste, ennuyeux, mensonger et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On la trouve dans le fond de tes yeux
À la pointe de tes lèvres
On la trouve dans ton corps réveillé
La fin du péché
La courbe de tes flancs
La chaleur de ton sein
Au plus profond de ton ventre
Dans l'attente du matin

On la trouve dans le rêve réalisé
On la trouve dans le pistolet-mitrailleur poli
Dans la joie, dans la rage
La destruction de la cage
La mort de l'école
Le refus du travail
L'usine déserte
Ta maison sans porte

On la trouve dans l'imagination
La musique sur l'herbe
On la trouve dans la provocation
Le travail de la taupe
L'histoire du futur
Le présent sans histoire
Les moments d'ivresse
Les instants de mémoire

On la trouve dans le noir de la peau
Dans la fête collective
Elle emporte la marchandise
Elle te prend la main
Elle incendie Milan
Elle lance les pavés
Les pierres sur les blindés
Elle cogne sur les fascistes
On la trouve dans les rêves des voyous
Dans les jeux des enfants
La connaissance du corps
L'orgasme de l'esprit
L'envie dévorante
Le discours transparent.

Qui a dit qu'elle n'existe pas
Qui a dit qu'elle n'existe pas

On la trouve dans le fond de tes yeux
À la pointe des lèvres
On la trouve dans le pistolet-mitrailleur poli
Dans la fin de l'État

Elle existe, elle existe. Oui qu’elle existe.
Mais qui a dit qu'elle n'existe pas...

mercredi 27 novembre 2013

QUE SONT LES OUVRIERS DEVENUS ?

QUE SONT LES OUVRIERS DEVENUS ?


Version française - QUE SONT LES OUVRIERS DEVENUS ? – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne - Che fine han fatto gli operai? - Gianfranco Manfredi – 1993

Texte et Musique de Gianfranco Manfredi
Album: In paradiso fa troppo caldo (Il fait trop chaud au paradis)






Maintenant, on en vient à se demander, comme le faisait déjà il y a vingt ans Gianfranco Manfredi, que sont devenus les ouvriers ?



Que sont les ouvriers devenus ? Depuis peu, on n'en parle presque plus
Il reste un petit souvenir, si, si, ils étaient habillés de bleu...
Qui a jamais vu les ouvriers à la Fininvest, à la Rai...

Que sont les ouvriers devenus ? Ont-ils jamais existé pour de vrai ?
Quelqu'un dit qu'il les a vus dans les usines du ciel
Walesa y a foutu le bordel et le Pape se demande quoi

Que sont-ils devenus ?
Que sont-ils devenus ?
Que sont les ouvriers devenus ? Et toi, tu ne vas pas me dire que tu le sais...

Que sont les ouvriers devenus ? Ceux qui y ont vraiment cru.
À présent, les héros sont les bandits des marchés
Que sont les ouvriers devenus ? Courage, Eltsine, dis-le nous si tu le sais !

Que sont-ils devenus ?
Que sont-ils devenus ?
Que sont les ouvriers devenus ? Et toi, tu ne vas pas me dire que tu le sais...

Que sont les ouvriers devenus ? On devenait riches grâce à eux
Ils étaient la « force de travail », à présent, c'est le « coût du travail »
Que sont les ouvriers devenus ? Giovanni Agnelli, peut-être le sais-tu ?

Que sont-ils devenus ?
Que sont-ils devenus ?
Que sont les ouvriers devenus ? Et toi, tu ne vas pas me dire que tu le sais...

Il y a encore des ouvriers dans les rues, plus de cent mille
Ils s'en tapent du moteur de Deux Mille
Que sont les ouvriers devenus ? ... de quel côté es-tu Lucio Dalla, ?

Que sont-ils devenus ?
Que sont-ils devenus ?
Que sont les ouvriers devenus ? Il y en a encore même si tu ne le sais pas !

La Guerre des Haches

La Guerre des Haches
ou Les horreurs des hostilités.

Chanson française – Marco Valdo M.I. – 2013










Voilà, je viens de terminer « La Guerre des Haches », une canzone qui m'était venue comme la courante ; d'un coup, au moment où on s'y attend le moins...


Ben voyons, ce sont des choses qui arrivent... Pour la courante, en tous cas, j'en sais quelque chose. Je ne te dis pas...


Ce n'est pas nécessaire. Cependant, pour la canzone, c'est quand même différent. Certaines d'entre elles arrivent comme des illuminations sur un chemin de Damas. On ne sait trop d'où vient cette lueur, cette subite clarté. Mais enfin, l'idée est là, intangible et il faut la prospecter, la nourrir, la mûrir et la fleurir. Tout ça pour te dire comment m'est venue la dernière canzone en date. Elle est née d'une lente rumination à propos des haches et des difficultés de prononciation qu'ils ou elles entraînent pour le locuteur de langue française ; une rumination qui soudain a débondé. Évidemment, le titre de la canzone est lui-même à double sens et quelque peu calembourdesque. Oh, je vois ton œil droit qui cille et j'entends ton reproche silencieux... Je sais, tu le sais, que de calembour, on aurait pu faire calembouresque, calemboureux ou calembourin... Mais lointainement, je veux dire à son origine, « calembour » est un motvalise, en quelque sorte le fruit du croisement entre calembredaine et bourde... D'où la réapparition du « d » dans calembourdesque.


Je me demande s'il n'y aurait pas là une hypothèse intéressante à trouver du côté du « hasch »... Quand même, après une telle démonstration, dit Lucien l'âne en hochant la tête et en secouant conséquemment les oreilles, j'incline le chef et avant de tourner la page, je te fais remarquer que de là, on eût pu tout aussi logiquement, tirer calembourdeux et calembourdin. Mais restons-en là ; sinon, on n'en sortira pas. Ainsi, je t'en prie, continue...


Donc, foin de bourdes et de calembredaines, comme nous sommes ici dans l'univers des Chansons contre la Guerre, il convient de souligner qu'il s'agit d'une chanson sur la Guerre et même, d'une chanson qui au-delà de la Guerre générique, la Guerre en général, se réfère à une série d'autres guerres que l'on y trouve au détour d'un vers – ce qui, en soi, est un jeu historique auquel je te convie. Et en premier lieu, la Guerre de la Vache qui entre 1275 et 1278 fit quand même environ quinze mille morts aux confins du Condroz et ce fut une très belle guerre, qui démarra sur une peccadille – le vol d'une vache, d'où son nom. C'est devenu une curiosité et même, une attraction touristique. Bref, un joli massacre bien de chez nous et comme il est souligné dans le site qui s'y rapporte : une « guere des Walons inte zels » (une guerre des Wallons entre eux) [http://wa.wikipedia.org/wiki/Guere_del_vatche] et si tu n'as pas compris, il y a même une version en français de la Guerre de la Vache. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_la_Vache].


D'accord, mais pourquoi la Guerre des Haches, alors ?, dit Lucien l'âne quelque peu éberlué.


D'abord, Lucien l'âne mon ami, tu auras remarqué la similitude et l'homophonie presque parfaite des deux mots : vache et hache. Il y a là un incontestable lien. Mais aussi, et c'est – comme tu le verras à la lire et mieux encore, à la dire – une sorte d'exercice de style oulipien sur la lettre « ache ». Il te souviendra sans doute que le « ache » ou la « ache » est une lettre particulière, avec une variation entre deux types de « aches ». Voici ce qu'en dit wiki : « En français, h peut être muet ou aspiré ; son type dépend de son étymologie. Le h muet ne représente pas un son. Le h aspiré représente un coup de glotte[réf. nécessaire]. Le h aspiré ne se trouve qu'au début d'un mot et empêche la liaison et l'élision. Le h muet n'a quant à lui aucune valeur phonétique. »


Je t'arrête là, dit Lucien l'âne avec vigueur. Si j'en crois Grevisse, un grammairien qui mit une vie entière à boucler un « Bon Usage » de la langue française, une brique énorme, soit dit en passant. Donc, le dénommé Grevisse indiquait dans son vénérable ouvrage que et je cite : «  Cet « h », dit aspiré, s'est effacé, dès le XVIième siècle, dans le français de Paris et du Centre (de la France). Toutefois, ajoute-t-il en note, l'h aspiré s'entend encore dans certaines régions (Normandie, Bretagne, Gascogne, Lorraine, Wallonie). Et meiux encore, il ajoute, et en somme, conclut : « Ainsi la lettre « h », dans honte, héros, etc., est improprement appelée « h aspiré » : elle a simplement pour effet d'empêcher l'élision et la liaison : la / Honte, les / Héros.


Certes, certes... J'ai le plus grand respect pour Grevisse et je m'en réfère assez volontiers à son Bon Usage, mais selon moi, la gageure était de faire un texte en regroupant un maximum de mots commençant par « ache » et de raconter une histoire, celle de la Guerre. On en a donc plusieurs lectures possibles : soit en ne faisant aucune liaison – ce qui donne un récit haché et extrêmement fatigant pour le diseur ou le chanteur ; soit en faisant toutes les liaisons, c'est-à-dire en prononçant - par exemple : les humains, de la manière qu'on entende : les zumains. Un peu comme pour les Zétazunis.


Houla là, là, ça doit être bien étrange...


En effet... et bien entendu, on peut aussi prononcer le texte comme il faut – avec parfois la liaison – en cas de « ache » muette et parfois, la césure en cas de « ache »aspiré. Car petite modulation complémentaire : le mot « ache » est normalement un mot féminin, assimilé ici à l'outil ou l'arme – la « hache », mais il a de plus en plus tendance à être « masculinisé ».


Rendons-lui des hormones, dit Lucien l'âne en hoquetant hystériquement. Reprenons nos activités et recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde hyperréaliste, hanté, halophile, hétérogène, hargneux, hémorragique et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




La guerre des haches ne date pas d'hier
Déjà, dans les halliers sous les halos houlants
Des Hellènes hirsutes, hoplites haletants
Halaient des hallebardes et des hastes austères

Dans les haloirs, des Helvètes hémophiles
Mangeaient des haricots halophiles
Tels des handballeurs, des héros hagards
Levaient des haltères, des haches, des hachoirs et des hansarts.

Derrière des haies, les hôtes escaladaient les hunes
Dans leurs grandes halles, des Hollandais habiles
Dévoraient des haddocks et des huîtres
En hachant des hominidés hitlériens et des humains hispides.

En réponse aux homélies des hannetons hoquetants,
Les haleines des Hindous heurtaient les harengs
Par leurs harangues hypocrites. Sous les hyptères héliocentriques,
Des Hélènes hydrophobes lançaient des harpons halieutiques.

Dans les harams harmonieux, telles des harpistes hués
Des houris honteuses hurlaient des haros, des holà
Hypocondriaques, les hulottes hululaient d'hystériques hourras.
Des homosexuels homozygotes hibernaient dans des hêtres hospitaliers.

Les holothuries hispaniques humaient les humeurs humaines
Les hoirs honorables honnissaient les horlogers hiératiques
Les hiérarques hébétés houspillaient leurs habituelles hyènes
Leurs hordes hongrées harcelaient des Hongrois herpétiques

Les hérons hautains herchaient des hématites
Et les haquenées et les hermines habilitaient
Les hécatombes, ces habitudes des Hittites
Et des heiduques hypostatiques.

Les Honduriens hésitants faisaient des histoires
Humiliant les hérétiques hétérophiles
Hérissant ces herculéens haltérophiles
Comme des hétaïres humiliant des hussards.

D'horribles holocaustes hantaient les heures des Hébreux
Les haruspices hédonistes hébraïsaient des horoscopes heureux
Les hommes-orchestres haletaient dans les hélicons
Et engloutissaient des hectolitres d'halbis hesbignons.

Les houaches hypnotisaient les halbrans
Les Hutois hilares huaient les humanoïdes hésitants 
Dans les hectares, les huttes des Huns homériques
Horrifiaient les herboristes hépatiques

Les huguenots en houppelande sur les hourds hélaient les harangueurs
Et des homéopathes héliocentriques heurtaient les huches d'heure en heure.
Par les hublots, les harengères humectaient les huarts avec leurs houpettes
Les hostilités hémorragiques hypothéquaient les herbettes.

Les hérauts hurons huchaient les histrions hanséatiques.
Dans leurs homes et leurs hospices, habitaient les hommes – des hordes
Ces hobbits en habits hétérogènes – des hardes
Homologuaient des horodateurs hippiques.

Les héritiers homicides humblement honnissaient ces hideux hochets
Les hongres et les haquenées harnachés hennissaient
Les homoncules hermaphrodites hissaient haut les haubans
Les huîtriers halitueux huilaient les hypsomètres des homards hoquetants

Dans les hortillons horizontaux, les horticulteurs héliciculteurs
Aux honnêtes habitudes et pour l'honneur,
Hâtaient les hélianthes et les héliotropes.
Haut au-dessus des hysopes, les hirondelles harcelaient les hooligans hyménoptères

L'Harmattan soufflait sans cesse sur les hennins hétéroclites
Dans les haras, les haridelles herbivores – hourra !
Humectaient leurs humeurs hircines
Les harkis suçant leurs harissas haletaient dans leurs houkas

Sur leurs hourques, les humanistes heimatlos hellénisaient des hurluberlus
Dans les hibiscus, les harets hargneux harcelaient les hochequeues
Durant leurs hiemals, les hipparques et les hobereaux hivernaient en himation
Dans les hinterlands, les hippopotames histaminiques humaient leurs hémorroides


D'un hydravion, des humoristes hélitreuillaient des hommes-grenouilles
Sur leurs hémiones, les hetmans héroïnomanes hersaient les hévéas
Les hégéliens hawaïens hébergeaient dans leurs havres
Des hommes-sandwichs hybrides et d'hâtifs hautboïstes et de leurs hautbois.

Le long des hippodromes herbus, telles les harpies
Hallucinent des Hottentotes hippies
Harassant leurs hanches, leurs harmoniums et leurs harmonicas,

Dans des habaneras horrifiantes en criant Hosanna !

samedi 23 novembre 2013

RÉVOLUTION

RÉVOLUTION


Version française – RÉVOLUTION – Marco Valdo M.I. – 2013
d'après la version italienne de Riccardo Venturi d'une
Chanson corse – Revoluzione – L'Arcusgi – 1995

Paroles et Musique: L'Arcusgi
Album: Scrittori di a storia








L'Arcusgi
(Riccardo Venturi)



« À toi, la parole enracinée
Née dans ce vent qui secoue
Tu te diffuses dans chaque pensée
Sans que personne ne t'entende. » peut-être que les vers initiaux de cette chanson de 1995 (tirée de l'album Scrittori di a storia) sont, en même temps, parmi les plus belles définitions de la Révolution et pas proprement « pacifiste » ou, de toute façon, inoffensive ou bonne pour tous. Les chansons des Arcusgi sont des chansons de lutte et je le sais mieux que personne, les ayant connus dans une de leurs apparitions lors des « Trois Jours de Musique Populaire » du CPA Firenze Sud. Chansons de lutte de peuples opprimés, car il est inutile de faire comme si de rien n'était et tourner la tête de l'autre côté ; les peuples opprimés existent de la même manière là où existent les États oppresseurs, lesquels d'autre part, sont souvent même faits pour opprimer leurs propres peuples. Il n'est pas donc « étrange » que, dans une chanson du genre, il y ait ensuite des références précises et claires à la disparition de la guerre et à la paix ; mais certainement pas la « pacetta » (petite paix) faite d'acceptation du statu quo, et même pas la « paix » personnelle ou « intérieure » – qu'on fait souvent sournoisement passer pour « nécessaire » pour atteindre une « paix universelle » sous l'égide d'une fausse puissance surnaturelle de contrôle. Ce que disent les Arcusgi n'est en rien étrange et entièrement conséquent ces « Basques corses » irréductibles, encore convaincus d'un indépendantisme qui n'est pas une fin en soi, mais inséré dans une rébellion universelle (autrement dit un internationalisme, qui est l'exact contraire de nationalisme). [RV]

Ce sera un « principe inspirateur » de toutes les « traductions du corse » que je ferai dans les temps prochains ; dans un premier temps, il avait été tacitement décidé qu'il n'y en avait pas besoin, vu que les Corses eux-mêmes, sans pour ceci mettre en doute, le moins du monde, la nature et l'usage du corse comme langue à part entière, savent très bien qu'il s'agit d'un langage appartenant au système italien et, en particulier, toscan. Pour le soussigné, retrouver par exemple dans le corse « trinnicà » (ébranler, déplacer, branler) l'elbano occidental « trenicà » entendu et utilisé depuis la petite enfance, fait toujours un grand plaisir comme pour des dizaines d'autres mots. Cependant, ce qui peut être naturel pour moi, peut ne pas l'être pour d'autres ; suivre un texte écrit en corse peut parfois réserver des « moments d'obscurité », et la langue parlée est beaucoup moins simple que celle écrite. Donc on réécrira les textes en italien, avec la perspicacité de coller autant que possible au texte original. [RV]



À toi, la parole enracinée
Née dans ce vent qui secoue
Tu te diffuses dans chaque pensée
Sans que personne ne t'entende.

Avec toi, c'est le baiser volé
D'un avenir plus coloré
Qui au loin se répand
Comme un parfum de printemps.

Révolution appelle des voix rebelles
Révolution veut des voix fraternelles
Révolution appelle des voix rebelles

À toi ce regard bleu foncé
De souffle marin baigné
Qui pour l'avenir rêve
D'une vie sans chaînes.

Par toi sont baignés la prière
Et les larmes d'une mère
Pour ce père qui est tombé
Pour ce fils incarcéré.

Révolution appelle des voix rebelles
Révolution veut des voix fraternelles
Révolution appelle des voix rebelles

Par toi renaîtra le germe
D'une conscience qui se resserre
Pour faire disparaître la guerre
Des confins de la terre.

Cette colombe blanche, en effet
Qui avance à ton flanc
Porte un rameau de paix
Pour cette humanité qui vient là devant

En nous toujours courra
Un fleuve fou qui avalera
Les idées faites de pauvreté
Pour faire renaître la vérité

Révolution appelle des voix rebelles
Révolution veut des voix fraternelles
Révolution appelle des voix rebelles

En nous toujours courra
Un fleuve fou qui détruira
Les digues fondées
De mensonges pétrifiés
Révolution appelle des voix rebelles
Révolution veut des voix fraternelles
Révolution appelle des voix rebelles


Révolution appelle des voix rebelles
Révolution veut des voix fraternelles
Révolution appelle des voix rebelles