Ballade
des Pauvres
Chanson
française – Ballade des Pauvres – Marco Valdo M.I. – 2013
Holà,
Marco Valdo M.I. mon ami, j'entends que tu viens de nous faire une
parodie et de Villon encore... De sa si belle Ballade des Pendus
[[5843]]... Et bien, mon ami, mon frère humain, là, je te le dis
tout net, tu oses... faut espérer que Villon voudra bien
t'absoudre...
Faut
l'espérer, tu as raison... Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, cette
parodie, je l'avais promise... Je l'avais commencée ici même
lorsque, tout récemment, nous commentions « Vamos a trabajar »
[[45160]], l'inénarrable chanson des Charlots. Cependant, tu as
raison, s'en prendre ainsi à François Villon, c'est une gageure...
mais enfin, j'ai bien traduit des chansons de Riccardo Venturi...
Certes,
certes... Là aussi, il faut oser. Mais, passons... Qu'en est-il de
ta chanson parodique ? De quoi cause-t-elle ?
En
somme, cette chanson est un pendant à celle sur la Guerre de Cent
Mille Ans que les riches font aux pauvres depuis déjà fort
longtemps... Aussi loin que se porte la mémoire des hommes. C'est la
chanson des pauvres. Elle rappelle Villon, mais aussi Jean Richepin ;
elle se tourne vers le bon curé Meslier, vers Brassens, Ferré,
Mouloudji, Fanon et bien d'autres. Sans oublier évidemment, Pierre
Valdo et la Fraternité des Pauvres, dont nous nous réclamons
volontiers. Ce n'est donc pas une simple parodie ; elle se veut en
quelque sorte l'hymne de la fraternité des pauvres. Même si, pour
les besoins du genre, elle a conservé – question de forme –
quelques réminiscences chrétiennes, dans lesquelles baigne le texte
de Villon, lui-même pris par les lois du genre... alors que les
pauvres que nous sommes et que nous voulons être "non sono
cristiani" : ne sont pas chrétiens, comme le disaient les
paysans sans terre, travailleurs sans avenir, jeunes sans travail ...
là-bas en Lucanie à Carlo Levi.
Tu
fais bien de le rappeler : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari
» - « Nous, nous ne sommes pas des chrétiens, nous sommes des
bêtes de somme » et cela nous ne le renierons jamais. C'est
d'ailleurs pour cela que nous tissons jour après jour le linceul de
ce vieux monde malade de la richesse, de la religion, des croyances
et cacochyme.
Heureusement
!
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Frères
humains qui près de nous vivez
Et
qui de nous pauvres cure n'avez,
Qui
les cœurs avez contre nous endurcis,
Jamais
n'avons de vous merci.
Vous
nous voyez ci à travailler toute notre vie
Et
notre chair de malbouffe nourrie
Par
mille maladies épuisée et pourrie
Demain
nos os seront cendre et poudre
De
ce sort infernal, vous faites notre vie
Même
Dieu ne pourra vous absoudre !
Si
frères vous nommons, pas n'en devez
Avoir
fierté, car vous nous avez proscrits
Par
votre justice. Toutefois, vous savez
Que
les hommes n'acceptent pas ainsi
De
vivre à genoux, de rester transis
Appelez-en
au fils de la Vierge Marie
Si
sa grâce n'est pas déjà pour vous tarie
Afin
de vous préserver de l'infernale foudre
Vivants,
vous êtes morts et terne votre vie
Et
Dieu lui-même ne pourra vous absoudre !
La
pluie vous a débués et lavés,
Et
le soleil desséchés et noircis:
Pognon,
boulot vous ont les yeux crevés
Et
arraché la barbe et les sourcils.
Jamais
nul temps vous n'êtes assis;
Puis
ça, puis là, comme le vent varie,
À
son plaisir sans cesser vous charrie,
Plus
affairés pour tant aimer en découdre.
Ainsi
ne serez donc de notre confrérie;
Et
Dieu lui-même ne pourra vous absoudre !
L'humaine
nation, qui de tous est patrie,
N'a
que faire de vos seigneuries :
Il
ne vous reste qu'à les dissoudre
Hommes,
ceci n'est point moquerie;
Car
Dieu lui-même ne pourra vous absoudre !
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