samedi 1 octobre 2022

Petit Manuel de Survie

 


Petit Manuel de Survie



Chanson française — Petit Manuel de Survie — Marco Valdo M.I. — 2022




LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.




LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64. Que faire ?; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ;


Épisode 72







LES ENFANTS DU CORBEAU

Ioulia Iakovliéva — 2019


Où les enfants recherchent leurs parents disparus





Dialogue Maïeutique



Encore une étape, encore un épisode de ce voyage en Zinovie, dit Lucien l’âne, quelle histoire !


Oui, mon ami, dit Marco Valdo M.I., tout simplement, car il se passe plein de choses en Zinovie. Et puis, il importe véritablement de le savoir, de savoir ce qui s’y passe vu de l’intérieur, par les voix du peuple, par les mots des gens d’autant que la vie en Zinovie est une drôle de vie.


Pour ce qu’on en a appris jusqu’ici, dit Lucien l’âne, la chose est déjà évidemment évidente. Un drôle de pays avec un drôle de régime doit forcément engendrer pour ceux qui y vivent une drôle de vie et les doter d’une aptitude particulière pour y mener tant bien que mal leur propre existence.


C’est bien ça, répond Marco Valdo M.I., à tel point qu’un Zinovien a eu l’idée — c’est la première voix de la chanson — de proposer un petit manuel de survie aux gens de Zinovie — c’est-à-dire à toute la population à l’exception du Guide, des Guidons, des dirigeants, de leurs sbires et de leurs affidés. C’est l’objet des deux premières strophes et comme on peut s’y attendre, il s’agit d’une série de conseils que je t’invite à découvrir. J’ajoute cependant que d’une certaine façon, on aurait pu l’intituler : Manuel élémentaire de résistance en milieu hostile.


Ça m’a l’air fort intéressant, dit Lucien l’âne. Et ensuite, pour le reste, qu’y a-t-il ?


Ensuite, résume Marco Valdo M.I., il y a deux autres voix qui racontent de toutes autres choses. Une relate comment elle a échappé à la corvée de la figuration forcée pour saluer avec l’enthousiasme populaire de rigueur le passage d’un cortège (automobile) de personnalités officielles. La dernière voix fait état des résultats de la récolte forcée des pommes de terre, des carottes et des choux par une équipe de citadins « volontaires ».


Voyons tout ça, conclut Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde sans grande signification, plein de voix et de discorde et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Petit manuel de survie

Pour la vie en Zinovie :

Ni en douce, ni ouvertement

Ne dénoncez personne aux autorités ;

Ne collaborez pas avec les dirigeants ;

Défilez-vous de tout sans hésiter ;

Sous aucun prétexte, ne vous laissez

Embrigader dans leurs entreprises,

Pour un salaire minable, elles vous avilissent.

Elles ne visent qu’à vous abaisser,

Ne vous souciez ni de l’État, ni de la Cause,

Ni l’une, ni l’autre, ne valent grand-chose.


Faites comme si vous étiez un d’eux,

Convaincu des idéaux radieux.

Toujours réagissez avec un humour serein,

Avec patience, avec retenue, avec bonté.

Saluez les gens avec cordialité,

N’enviez personne, ni rien.

Ne revendiquez pas de place à leur table,

Ne participez qu’à l’inévitable.

Et tenez pour négligeable

Ce qui est réputé formidable

Vivez comme si tout ça pour vous

Ne valait pas un clou.


Qui étaient ces personnalités ? Mystère.

Des dirigeants, des chefs, des militaires ?

Qui venaient d’où ? Qui allaient où ?

À la vérité vraie, nous, on s’en fout.

On nous a envoyés sur le boulevard

À rester là, sur le trottoir, l’air réjoui,

Saluer le passage d’on ne sait qui.

Le cortège est passé tellement en retard.

J’étais déjà rentré chez moi manger.

On m’a demandé pourquoi

Je n’étais pas au bon endroit ;

J’ai dit : on a oublié de me noter.


Les trains ne sont jamais arrivés ;

Le chemin de fer est débordé.

La récolte est minable comme tout ;

Extraordinaire, disent les chefs et les journaux.

Le monde des patates, des carottes et des choux

Par ordre, s’est noyé en tas sous les eaux

Dans ces « dépôts provisoires en attendant »,

Destinés à durer éternellement.

La grandiose récolte laissée sur place

A pourri avant l’arrivée des glaces.

On aurait mieux fait de laisser les paysans

S’occuper des cultures comme avant.




vendredi 30 septembre 2022

ALLONS LÀ-BAS, MA JOLIE

 


ALLONS LÀ-BAS, MA JOLIE



Version française — ALLONS LÀ-BAS, MA JOLIE — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Gian Piero Testa — POEMA — 2013

d’une chanson grecque — ΠΟΙΗΜΑ Katerina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1978

voir en appendice dans : Με κόκκινο



ALLONS LÀ-BAS, MA JOLIE

Où, rose pâle, les sommets brillent.

Carl Rottmann – 1841 (Paysage de Laconie)



Mirtò Tasiou, dont les pensées occupent ce poème dramatique, est la fille, vivante, de Catherine Gogou. Sa présence de fille dans l’œuvre de sa mère est importante, et cette importance grandit et se révèle à moi au fur et à mesure que je m’enfonce dans le labyrinthe dans lequel cette femme, à la fois fragile et courageuse, s’est perdue. La clé principale de ce site bien méritant nous oblige souvent à choisir là où les textes sont les plus marqués par le feu de la lutte, dont, cependant, l’aspiration à l’humanité et le bonheur de la tendresse sont les préalables pour ceux qui rêvent d’un monde humain et ne plient pas. Nous avons jusqu’à présent, forcément, connu une Catherine Gogou qui passe et repasse la râpe sur ses propres blessures et celles de la société : maintenant, l’évocation de sa petite fille me donne l’occasion — que j’espérais — de montrer un autre visage. Je l’ai souhaité, non seulement pour que nos visiteurs le sachent, mais aussi parce que la chanson dans laquelle ces vers ont été transformés dans l’album « Su e giù per via Patissia » parvient à toucher les cordes les plus tendres de chacun. Le mérite en revient à un excellent compositeur, Panos Hatsimihas, qui l’interprète également. Écoutez-la, s’il vous plaît. (GPT)








Allons là-bas, ma jolie,

Où, rose pâle, les sommets brillent.

Allons là où nues, les filles

Sur des chevaux sauvages galopent ;

Où leurs cheveux ondulent

Et dessus, flamboient

Les fleurs de pêcher et les étoiles rouges.

Là-bas même,

Au bout de la branche du cerisier

Où le prince philistin extasié

Te voit dans son rêve…

Avec Pégase, tu souriras.

Un diamant sur ton cou en jacinthe,

Tu brilleras, éblouissante,

Ah, ma vierge Mirtò, plus jamais ah…

Personne ne t’a jamais aimé autant

Que Catherine aima son enfant.



J’entends seule la pluie,

J’écoute le silence

Sur ma terre brûlée.



jeudi 29 septembre 2022

AU ROUGE

 

AU ROUGE



Version française — AU ROUGE — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Gian Piero Testa — COL ROSSO — 2013

d’une chanson grecque — Mε κόκκινοKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1978

Interprétation et musique — Vasso Alaghianni — 2012



CATERINE GOGOU ET LE CHAT

Athènes 2022

 

 

 

Dialogue maïeutique


On a déjà croisé ici, plusieurs fois, Lucien l’âne mon ami, la poétesse athénienne Caterine Gogou — je francise son nom juste pour entendre le son dans ma langue.


Oh, dit Lucien l’âne, il sonne bien. Et sûrement, je me souviens des autres chansons de cette athénienne poétesse et des versions françaises qu’on a proposées. Il doit y en avoir une dizaine. Mais au fait, que dit celle-ci ?


D’abord, avant d’aller plus avant, je voudrais revenir sur le fait que j’ai nommé Catherine Gogou « poétesse ». Je l’ai fait en sachant pertinemment qu’elle — c’était dans une des chansons — se refusait à être ainsi cataloguée. Mais il y a poétesse et poétesse : celle qu’elle se refusait à être la « poétesse de salon » et celle qu’elle était — je l’appellerai « poétesse de rue ». Car la poésie ne l’entend pas de cette oreille, elle ne veut pas laisser Caterine Gogou à l’abandon et elle la revendique comme une de ses voix. À cela, je pense que Caterine Gogou aurait acquiescé.


Je l’imagine aussi, dit Lucien l’âne, car comme le disait Léo Ferré : « La poésie est dans la rue ». (http://leo-ferre.eu/html-l/lapoesieestdanslarue.html).


C’est bien ce que j’entendais, reprend Marco Valdo M.I. ; maintenant, ce que dit cette chanson est assez virulent. C’est une attaque directe contre les discours de propagande, contre ce qui est colporté par les bonimenteurs et qui finit par s’enfoncer dans la tête des gens Caterine Gogou, on le verra, entend s’en débarrasser par « un grand feu de joie ». Il faut cependant comprendre le rétro-acte de cette pièce. Au cœur de cette chanson, il y a la dichotomie entre la population des quartiers populaires d’Athènes (et ses multiples et très violentes révoltes) et le courant marxiste qui tend à récupérer ces luttes. Apparemment, pour ce qui est de Caterine Gogou, pendant un temps, elle comme les gens y ont cru, puis est venu le désenchantement. C’est de ce désenchantement, de cette rupture que parle la chanson et du désespoir qui finalement conduira (dit la chanson) Caterine Gogou à la mort. Et même si elle affirme qu’elle ne veut pas que sa fille Mirtò le sache la raison de sa mort, en disant :


« je jetterai là

Tous mes livres marxistes en tas

Pour que Mirtò ne sache jamais

La cause de mon décès. »,


elle lui fait passer le message ainsi qu’à tous ceux qui le liront ou l’entendront. Mais oui, le rouge, le rouge est lié à sa mort.


Ainsi va la vie, dit Lucien l’âne, la vie et la mort. Allons, tissons le linceul de ce vieux monde rougeoyant, flambant, mortel et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane













Avec la tête détruite

Par le vice de vos boniments,

À l’heure de pointe,

Et à contre-courant,

Je vais allumer un grand feu de joie.


Et je jetterai là

Tous mes livres marxistes en tas

Pour que Mirtò ne sache jamais

La cause de mon décès.


Vous pouvez toujours lui dire,

Que je ne pouvais supporter le printemps,

Ou que je suis passée au rouge,

Oui… c’est plus crédible, vraiment.


Au rouge, vous devez dire

Au rouge… au rouge

C’est ce que vous devez dire


C’est plus crédible

Au rouge… c’est ce qu’il faut dire.

Au rouge, au rouge

C’est ce qu’il faut dire.


Au rouge, au rouge,

Au rouge.