mercredi 18 novembre 2015

La messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse

La messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse


Chanson française – La messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse – Marco Valdo M.I. – 2015

Ulenspiegel le Gueux – 12

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – I, LIII)

Cette numérotation particulière : (Ulenspiegel – I, I), signifie très exactement ceci :
Ulenspiegel : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs, dans le texte de l’édition de 1867.
Le premier chiffre romain correspond au numéro du Livre – le roman comporte 5 livres et le deuxième chiffre romain renvoie au chapitre d’où a été tirée la chanson. Ainsi, on peut – si le cœur vous en dit – retrouver le texte originel et plein de détails qui ne figurent pas ici.


Je viens ici parler au pape Jules Trois...

Aussi, dit Jules, pèlerin pèlerinant, je te bénis.

Maintenant, il te faut payer ton pardon écrit.


Nous voici, Lucien l’âne mon ami, à la douzième canzone de l’histoire de Till le Gueux. Les onze premières étaient, je te le rappelle :

01 Katheline la bonne sorcière [[50627]] (Ulenspiegel – I, I)
02 Till et Philippe [[50640]](Ulenspiegel – (Ulenspiegel – I, V)
03. La Guenon Hérétique [[50656]](Ulenspiegel – I, XXII)
04. Gand, la Dame [[50666]](Ulenspiegel – I, XXVIII)
05. Coupez les pieds ! [[50687]](Ulenspiegel – I, XXX)
06. Exil de Till [[50704]](Ulenspiegel – I, XXXII)
07. En ce temps-là, Till [[50772]](Ulenspiegel – I, XXXIV)
08. Katheline suppliciée [[50801]](Ulenspiegel – I, XXXVIII)
09. Till, le roi Philippe et l’âne [[50826]](Ulenspiegel – I, XXXIX)
10. La Cigogne et la Prostituée [[50862]](Ulenspiegel – I, LI)
11.Tuez les hérétiques, leurs femmes et leurs enfants ! [[50880]](Ulenspiegel – I, LII)


Comme habituellement, Lucien l’âne mon ami, tu pousses des cris d’orfraie rien qu’en voyant le titre de la canzone et que tu me demandes de t’en expliquer le sens, je vais commencer par là. On devrait gagner du temps. Comme tu l’as vu, ce titre est un triptyque, c’est-à-dire un titre à trois temps, comme une valse :
Premier temps : La messe du Pape
Deuxième temps : Le pardon de Till
Troisième temps : Les florins de l’Hôtesse.
Ce sont les éléments principaux de la chanson, mais ce tempo provient d’ailleurs.


En effet, ça me rappelle quelque chose, mais je n’arrive pas à savoir exactement quoi. Veux-tu bien m’éclairer…


Je vais le faire et la chose est assez amusante. Ce quelque chose, dont tu parles, est une expression populaire de nos régions qui désigne une personne avide qui veut tirer profit de tout, jusqu’au dernier centime. Cette expression prend également la forme d’un triptyque et elle se formule ainsi. S’agissant de cette personne, on dit qu’elle veut « le beurre, l’argent du beurre et les fesses de la crémière ».

C’est beaucoup demander, dit Lucien l’âne en riant aux éclats. Par ailleurs, il me semble aussi reconnaître dans le premier couplet le début de certaine autre chanson.


Bon sang, tu as l’oreille, Lucien l’âne mon ami. C’est bien le début, presque mot pour mot, de L’Histoire du Soldat [[7366]] de Charles-Ferdinand Ramuz, mise en musique par Igor Stravinski, quand le soldat 
« a marché beaucoup marché
S’impatiente d’arriver
Parce qu’il a beaucoup marché. »

Ce qui est le cas de notre « pèlerin pèlerinant » de Till.


N’est-ce pas là, Marco Valdo M.I. mon ami, cette même chanson dont tu uses comme exemple quand tu réponds à ceux qui disent que tes chansons n’ont pas de musique, que ce sont les musiciens qui sont en retard ?


Bien sûr et c’est un bon exemple. Je voudrais souligner encore – bien que d’ordinaire j’évite de le faire – le début du deuxième couplet pour faire ressortir cette quasi-citation de Gilles Vigneault. Va voir sa chanson :
Mon Pays [[40597]] et spécialement, ce passage :
« Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’envers
D’un pays qui n’était ni pays ni patrie
Ma chanson ce n’est pas une chanson, c’est ma vie... »
Et une fois encore, ce n’est pas un hasard. En fait, ces citations renvoient aux chansons d’où elles sont extraites et à tout l’univers qu’elles impliquent.


Mais, Marco Valdo M.I. mon ami, dis-moi la chanson, parle-moi d’elle. Comment est-elle faite ?


Concrètement, cette chanson se compose de deux dialogues : le premier entre Till et son hôtesse et le deuxième, entre Till et le Pape Jules Trois.
Entre les deux, Till se rend à la messe du Pape à Saint-Jean du Latran et il s’arrange pour se faire remarquer (chaque fois que le Pape présente l’hostie ou le calice, Ulenspiegel, qui s’est placé bien en vue, lui tourne le dos ostensiblement), afin de parler au pape, obtenir le pardon papal (moyennant finances, une allusion au commerce des indulgences et à la vénalité de l’Église), de gagner son pari avec l’hôtesse (les cent florins qu’elle lui a promis s’il parle au Pape) et enfin, de pouvoir retourner chez lui (voir le Pape et obtenir son pardon était la condition de son retour).


Voilà donc, l’air de rien une chanson fondamentale de cet opéra-récit, comme tu l’appelles. Till est parvenu au bout de son voyage de pèlerin pèlerinant. Il ne lui reste plus qu’à rentrer.


C’est exact. Cependant, il y a quand même plus dans cette chanson en apparence anecdotique. c’est la façon dont Till qui ne croit ni à Dieu, ni à Diable, mais est obligé d’obtenir le pardon du Pape, va répondre lorsque le-dit Pape va l’interroger et comment il va ruser face à l’autorité ecclésiastique. Sans jamais se déjuger sur le fond, remarque-le bien.


C’est en effet un grand numéro d’équilibriste. Une leçon de choses, très concrète, pour tous ceux qui – en ce temps-là ou maintenant ou demain, à Rome, ici ou ailleurs – devront vivre dans une société imprégnée de religion, de politiquement correct, de conformisme. Imagine que certains – fidèles, croyants, sectateurs, ici et maintenant, dans l’Europe de ce siècle, en sont à réclamer des lois réprimant le blasphème (mais je ferai remarquer à propos du blasphème qu’il ne saurait être question de flétrir ou d’insulter quelque chose qui n’existe pas) et d’autres interdisant la critique des religions et des religieux. C’était précisément contre tous ces interdits, contre toutes ces lois scélérates, contre toutes ces restrictions à la liberté de pensée, de parole, d’écriture, de conscience, d’examen que Till le Gueux se battait. Quant à nous, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde religieux, superstitieux, croyant, crédule, insupportable et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Pèlerin, pèlerinant ayant longtemps pèleriné,
Pèlerin, pèlerinant à Rome est arrivé.
Une belle et bonne hôtesse a rencontré :
D’où viens-tu, toi qui as tant pèleriné ?

Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est la terre
Où l’on sème la graine d’illusions,
D’espérances folles et de promesses en l’air.
Une terre fumée de religions.

Je viens ici parler au pape Jules Trois.
Parler au pape, mamma mia, moi, je ne sais pas.
Sais-tu seulement comme il vit, sais-tu comme il est ?
Paillard et dissolu, il est. Je le connais.

Je m’en vais le voir de ce pas, je m’en vais lui parler.
Je te dis ça sans me vanter.
Si tu le fais, cent florins, je te donnerai.
C’est comme si je les avais déjà gagnés.

Pour gagner les florins de son hôtesse,
Till s’en alla voir le Pape à la messe.
Le Pape levait le calice, Till tournait le dos.
Le Pape levait l’hostie, Till tournait le dos.

À force de singeries, le Pape le remarqua ;
Il le fit chercher par quatre robustes soldats.
Le Pape lui demanda : quelle est ta foi ?
La même que mon hôtesse qui partage la vôtre, une fois.

C’est fort bien, ma foi. Mais à quoi, à quoi
À quoi donc, en vérité, pèlerin, tu crois ?
Je crois ce que vous croyez que je crois.
Pourquoi tournais-tu le dos à la Sainte Croix ?

Pèlerin pèlerinant encore, la regarder, je ne pouvais pas.
Aussi, dit Jules, pèlerin pèlerinant, je te bénis.
Maintenant, il te faut payer ton pardon écrit.
Till prit le pardon, les florins de l’hôtesse et de Rome, s’en alla.

mardi 17 novembre 2015

IL N'Y A PLUS D'AMÉRIQUE

IL N'Y A PLUS D'AMÉRIQUE

Version française – IL N'Y A PLUS D'AMÉRIQUE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Nonc’è più l’America Piero Ciampi1990



Jean-louis Lebris de Kerouac, alias Jack Kerouac


L'Amérique n'existe plus, le temps passe.
Alors, pour l'Amérique, oui, il y avait les soutes pleines d'âmes
Et maintenant, elles reviennent en arrière avec un sourire amer.


Il n'y a plus d'Amérique


Le naufragé, perçu le jet, moulina du bras
Lançant un cri inhumain en appel
Le poing levé, replia la tête sur le tronc,
Les jambes écartées dans une prière inconnue
En concentrant en lui des milliards d'unité, de volonté
Gisant inactives dans l'univers,
Il les ramassa, et il se projeta avec la vitesse du silence dans le jet, dans le jet ;


Ce fut ainsi que l'Amérique resta seule.


Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique,
Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique ;


Il n'y a plus.


Entre temps cet enfant que je vis serré serré contre son père dans Bowery Street
Tous ivrognes, regardés et aimés de personne, de personne, de personne


Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique,
Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique ;


Il n'y a plus.


Albert Camus disait que l'Amérique est une colonie de sinistrés mentaux
Alberto Moravia avec ses lesbiennes (et son astuce) dit que l'Amérique est le pays du destin
Entretemps, on m'a tué Jack Kerouac à 47 ans après qu'il ait écrit Les Souterrains…


Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique,
Il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus, il n'y a plus d'Amérique ;


Il n'y a plus.

lundi 16 novembre 2015

UNE FEMME

UNE FEMME

Version française – UNE FEMME – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Una donnaIl Teatro degli Orrori – 2015


L'élimination systématique des Yazidis (pour commencer… et ensuite à qui le tour ?), c'est la logique de l'édification d'une sous-humanité et de son corollaire : d'une surhumanité.

L’actualité. Une femme parle : « Mais regarde, tu les vois, mon ami, ce sont des réfugiés, ils fuient une mort certaine et nous ici à nos petites affaires, et toi, femme, la beauté de ton sourire parle de ton courage, sa douceur est un drapeau ». Dans le livret , c’est l’unique texte qui manque, à sa place il y a une photo. « J’ai vu la photo d’une fille et suis remonté à la source, nous l’avons achetée à une agence irakienne. C’est une fille yazida de quatorze ans en fuite de l’Isis avec ce qui reste de sa famille, elle porte un kalashnikov que lui a donné l’Unité de Protection du peuple kurde pour la protéger. Le clic la cueille alors qu’elle se tourne, cueille son regard extraordinaire : dans cette photo il y a la contemporanéité. Il ne parle pas seulement du drame des réfugiés, de cette incroyable migration. Il parle même de nous, de nos égoïsmes, de notre indifférence. Pour ceci j’ai mis seulement l’image : le texte est cette fille ».



Ah, mon ami Lucien l’âne, vois ma perplexité. Je viens de faire une version française d'une chanson italienne d'un groupe dont le nom est en soi tout un programme : « Il Teatro degli Orrori » - Le Théâtre des Horreurs et un nom tout à fait pertinent en ce qui concerne notre « monde ». C'est un groupe musical actuel et la chanson est de cette année 2015. Et comme tu l'as pu voir dans le mot du commentateur italien, il y a une liaison directe entre cette chanson et « l'actualité ». Même si, l'actualité, on s'en fout.


On s'en fout ? Que veux-tu dire ?, toi que je vois te préoccuper constamment, au jour le jour, des histoires humaines, de ce qui se passe dans ce foutu monde.


Eh bien, je veux tout simplement indiquer que ce grand dégueuloir d'informations en continu et ce matraquage cervical permanent doivent être évités comme la peste. Et spécialement dans leurs versions audios et audio-visuelles qui paralysent, pétrifient toute capacité de réflexion – en raison-même de leur soi-disant immédiateté (un leurre, puisque précisément, comme ce sont les médias par excellence, ils médiatisent), de leur instantanéité (effective, celle-là), de leur caractère répétitif hypnotique et de l'éparpillement de la pensée qu'ils créent par l'atomisation de la relation du réel. En fait, contrairement à ce que son apparence laisse supposer, l'écran n'est pas un miroir neutre, une fenêtre ouverte sur le monde ou la radio, une oreille attentive. Ce sont plutôt des machines à décerveler ; tel est leur caractère intrinsèque, quelle que soit la bonne volonté de ceux qui travaillent à alimenter ces machinesPour mieux me faire comprendre, je dirai : c'est dans leur nature. Il suffit de voir comment ils sont obligés de saucissonner le monde – en de minuscules tranches. Elles débitent la réalité en rondelles d'informations. Je m'arrête là, sinon…


Sinon ?, s'écrie Lucien l'âne, arrêté lui aussi subitement dans son élan réflexif… Sinon, tu n'en finirais jamais avec cette parenthèse. Quand tu te laisses entraîner, on voit bien où tu démarres, mais on ne sait jamais quand tu vas aboutir…


Et en finale, je ne parlerai jamais de la canzone, dont je te rappelle (ici, je raccroche au train) qu'elle s'intitule Una donna, Une Femme. Une femme en fuite, avec un fusil-mitrailleur à l'épaule. Elle fuit les tueurs, violeurs, sadiques, croyants, déments de l'État islamique. Et l'image le laisse penser aussi : le cas échéant, elle fera usage de son fusil. Tel est la signification de cette photo et de son regard.


J'espère bien, dit Lucien l'âne, qu'elle ne devra pas en arriver là.


Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Mais, en réfléchissant, on ne peut s'empêcher de penser qu'elle aurait pu être juive quelque part en Pologne, en Lituanie ou en Ukraine vers 1943, au temps des Einsatzgruppen (https://fr.wikipedia.org/wiki/Einsatzgruppen)Je ne prends évidemment pas cette référence par hasard.


J'imagine assez. Je te connais bien, Marco Valdo M.I. mon ami, et je sais ta cohérence. Dès lors, dis-moi…


J'ai choisi ce retour anachronique car j'entends signifier qu'on se trouve en présence de deux États totalitaires absurdes et qu'à bien des égards, cet État islamique est comparable à l'État nazi. Un des traits communs les plus marquants est cette manie de l'administration, de l'enregistrement, de la « systématique » dans le massacre (et pas seulement). Il y a là des émules d'Adolf Eichmann (https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Eichmann). Sans doute, sont-ils pires encore à bien des égards. Ainsi, Brecht avait raison : « le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde ». On est en présence d'une logique tout à fait similaire d'élimination ou d'esclavagisation de populations entières, en l'occurrence, les Yazidis, une population kurde présente dans les montagnes de l'Asie mineure depuis des milliers d'années (on parle de plus de 6000 ans) parce que Kurdes, parce que Yazidis. L'élimination systématique des Yazidis (pour commencer… et ensuite à qui le tour ?), c'est la logique de l'édification d'une sous-humanité et de son corollaire : d'une surhumanité.


Un telle élimination , en français, ça s'appelle un génocide. Il me semble d'ailleurs, à moi qui ne suis qu'un âne, que c'est là une pratique assez courante parmi les humains. En vrac, je cite (et forcément, j'en oublie et sans doute, beaucoup) : les Arméniens, les Héréros, les Roms, les Rwandais, les Juifs, les Amérindiens, les Inuits, les Biafrais, les Tasmaniens… Sans oublier les espèces animales. Là, on ne compte même plus celles qui ont été totalement éliminées. Le tout selon des modalités diverses et à des époques différentes. Je me demande, mais ce n'est pas ma spécialité, s'il existe une histoire des génocides (des génocidés et des génocidaires), car on devrait pouvoir dégager des points communs à toutes ces guerres humanicides.


Maintenant, j’en viens à une question qui touche au binôme guerre et paix. Il me plaît de définir la guerre comme une agression et la paix comme une manière de vivre sans pratiquer l'agression. Mais ça ne résout pas le problème pour celui qui est agressé. Ici, dans la canzone, cette jeune femme, cette jeune fille yazida. Sa réponse au problème est double : un, face à la guerre, fuyons. Excellente solution quand on peut le faire et si on en a les moyens, y compris financiers. Mais comme tu le sais, la plupart des gens n'ont ni la possibilité de s'échapper, ni les finances. Sinon…


Sinon ?, demande Lucien l'âne abruptement.


Sinon, deux : quand il n'y a plus d'échappatoire, il faut faire face et on doit passer à la résistance, puis ensuite, quand ce sera possible, à l'élimination de l'agresseur. Telle est la voie de la paix. Une précision s'impose cependant : un agresseur est considéré comme éliminé à partir du moment où il a été écarté du lieu de l'agression et qu'il n'est plus en état d'agresser.


En quelque sorte, dit Lucien l'âne en hochant son large front, il convient d'éviter le génocide à rebours. Voyons cette canzone et reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde assassin, massacreur, génocidaire et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Une femme, une fille prête à donner tout ce qu’elle a sans réserve. En échange de rien.
Une femme, une fille sans réserve ; en échange 
de rien.
Mais regarde, regarde, regarde, 
ce n’est pas n’importe quelle image, observe bien autour la route de poussière et cette femme marche seule, tenant par la main un enfant, elle semble pressée, qui sait où elle va ? Qui sait pourquoi toi par contre tu t’es arrêté à me regarder pour un instant comme si tu me connaissais et m’aimais bien; peut-être cette mitraillette sur mon dos a une seule parole, comme le monde qui tourne, comme ton destin, le monde qui virle destin.

Moi, je ne sais pas décrire ce sentiment où il m’arrive de te penser près de moi, mais tu es si lointaine et tant en danger que tu pourrais mourir.
Tu pourrais mourir
Et me vient une tristesse, une amertume si grande que je voudrais pleurer crier disparaître pour toujours

Une femme, une fille
Prête à donner tout ce qu’elle a, sans réserve, en échange de rien.
Une femme, une fille, ses espérances en échange de rien.

Je ne sais pas décrire ce sentiment qui me vient de vouloir t’embrasser fort comme si nous étions,
Depuis tant de temps, des amis très proches.
Nous, nous ne nous abandonnerons jamais, mais jamais.
Nous, nous ne nous abandonnerons jamais, mais jamais.
Nous, nous ne nous abandonnerons jamais.

Mais regarde, regarde, regarde, tu les vois, mon ami, ce sont des réfugiés, ils fuient une mort certaine et nous ici à nos petites affaires, et toi, femme, la beauté de ton sourire parle de ton courage, sa douceur est un drapeau rouge déplié au vent, autre chose que les nénettes qui défilent, tu t’es arrêtée un instant pour me regarder avec ton arme à l’épaule.
Tu as une seule parole, comme le monde qui tourne, comme ton destin.