Les Lombrics philosophiques
Chanson française — Les Lombrics philosophiques — Marco Valdo M.I. — 2023
108. LES LOMBRICS PHILOSOPHIQUES — 108. Les Lombrics philosophiques
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
LA ZINOVIE
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107 : Les Ratures
Épisode 108
LE VIOLON ET LA CHANDELLE
Nikolai Nikolaevich Gorlov — 1970
Dialogue Maïeutique
Parfois, dit Lucien l’âne, je me demande d’où sortent ces titres dont, je l’avoue, la signification ne me vient pas tout de suite à l’esprit. J’imagine d’ailleurs que c’est voulu, juste pour piquer la curiosité. Par exemple, ces lombrics philosophiques, tu me diras bien d’où ils proviennent et ce qu’ils font ici. Et d’abord, qui sont-ils, d’où viennent-ils et où vont-ils ? Et ne me réponds pas à la manière de Pierre Dac (Qui sommes-nous ?), qu’ils sont eux, qu’ils viennent de chez eux et qu’ils retournent chez eux. Ça, je le sais, même si je sais aussi que dans la Guerre de Cent Mille Ans, on ne rentre pas toujours chez soi.
Il arrive même qu’on y reste, dit Marco Valdo M.I.
Bien sûr et c’est arrivé à des tas de gens, continue Lucien l’âne. Pour en revenir aux vers, ce que je devine c’est que ces lombrics, si ce sont bien les vers blancs qui hantent, sous terre, les jardins et les cimetières, outre d’être philosophiques sont des êtres métaphoriques.
Ce serait mieux pour eux, dit Marco Valdo M.I., car s’ils ne l’étaient pas leur destin tel que le dessine la chanson serait des plus effrayants et la question existentielle ne pourrait les concerner :
« Ils finissent par milliers
Sous les pneus, sous les pieds…
Pour les vers, est-ce nécessité historique ?
Ou volonté d’un Dieu métaphysique ?
Je vois, dit Lucien l’âne, ces lombrics, ces vers métaphysiques, c’est très poétique, même si leur espérance de vie est fort courte.
Pas tant que ça, répond Marco Valdo M.I., ça dépend. Pour le reste la chanson reprend la lamentation de l’anonyme — dont on finira par se demander si ce n’est pas toutes ces voix en une seule et même personne.
Et que dit-elle, cette lamentation ?, demande Lucien l’âne.
En quelque sorte, elle rejoue à sa manière les tirades de Platon, Hamlet et des armées de théologiens et d’idéologues qui encombrent les siècles des siècles et conclut simplement :
« La vie n’a pas de pourquoi,
Elle est tout juste existence.
On peut vivre sans but,
Jouer du violon ou du luth,
Brûler la chandelle pour exister,
Au bout, il n’y a pas de finalité. »
Oui, mais, demande Lucien l’âne, et l’action dans tout ça ?
L’anonyme, dont je rappelle qu’il vit en Zinovie, dit Marco Valdo M.I., c’est-à-dire qu’il est un moi coincé à la vie à la mort au milieu d’un tas de nous, l’anonyme donc se méfie de la praxis ; il préfère la vie :
« J’aime suivre mon chemin,
Vivre, tenir tête au destin. »
Et finalement, il conclut :
« Changer de vie, échanger son chagrin ?
Et si c’était loisible, à quoi bon ?
On trace quand même son destin.
Jour après jour, les heures s’en vont. »
C’est bien comme ça que je vois les choses, moi aussi, dit Lucien l’âne, et pour ce qui est de suivre notre chemin, tissons le linceul de ce vieux monde drogué à la transcendance, fumeur, fumant, fumiste et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Des deux côtés de la rue,
Des foules de lombrics sont apparues.
Ils rampent sur les trottoirs,
Ils traversent sans un regard.
Ils finissent par milliers
Sous les pneus, sous les pieds.
Pour épargner leurs vies irremplaçables,
Au début, les gens les évitaient
Autant qu’ils le pouvaient.
Il reste une bouillie innommable.
Pour les vers, est-ce nécessité historique ?
Ou volonté d’un Dieu métaphysique ?
Mon idéologie est sévère,
Claire, dure et primaire,
Aussi simple et naturelle que le vers,
Je la tiens de ma grand-mère.
J’aime suivre mon chemin,
Vivre, tenir tête au destin.
J’aime être agréable
Avec les gens, mes semblables.
Pour être un être humain
Sans illusion, je fais le bien.
La mort ne m’impressionne pas.
Même mort, je ne la sentirai pas.
L’univers est infiniment grand
Et qui suis-je ? Qui suis-je vraiment ?
Tout juste un minuscule corpuscule
Égaré dans un Cosmos majuscule ;
À peine un petit moment
Dans le cours perpétuel du temps.
Combien de particules misérables
Du passé vaguent vers le futur ?
Où noter ce nombre incommensurable ?
Et ce qui est le plus sûr et le plus dur :
En un instant, perdre son moi,
Quand tout le reste continuera.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Tout ça n’a pas de sens,
La vie n’a pas de pourquoi,
Elle est tout juste existence.
On peut vivre sans but,
Jouer du violon ou du luth,
Brûler la chandelle pour exister,
Au bout, il n’y a pas de finalité.
Changer de vie, échanger son chagrin ?
Et si c’était loisible, à quoi bon ?
On trace quand même son destin.
Jour après jour, les heures s’en vont.
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