vendredi 26 août 2022

CHANT DE LA PAUVRETÉ ENDORMIE

 

CHANT DE LA PAUVRETÉ ENDORMIE


Version française — CHANT DE LA PAUVRETÉ ENDORMIE — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson allemande — Lied von der schlafenden ArmutStrom&Wasser2007


Texte et Musique : Heinz Ratz

Album : Farbengeil

 

 

 


 

LA PAUVRETÉ EN MARCHE

Antonio Berni — 1934


 

 

 

Dialogue maïeutique


Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson qui illustre le principe fondamental de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, les puissants aux faibles et aux désarmés pour imposer et maintenir leur domination et accroître leurs richesses et leurs privilèges.


Fort bien, dit Lucien l’âne, mais que dit-elle d’autre ?


Deux choses essentielles sont à retenir, répond Marco Valdo M.I. ; d’abord, elle pose le problème en termes de justice et d’injustice ; elle donne à l’injustice une personnalité, elle est en fait une force au service des riches dans l’affrontement en cours, tout comme l’argent. La chanson les désigne comme les facteurs de la misère des autres. De plus, tout cal avec une certaine apparence, un certain masque de bienveillance. C’est ce que raconte la première partie de la chanson.


« Les possédants ne veulent pas partager.

L’animal le plus avide pille le monde entier

Avec des gestes charitables et des couperets sanglants. »


C’est une accusation directe me semble-t-il, dit Lucien l’âne. Et que dit-elle d’autre ?



La deuxième partie, reprend Marco Valdo M.I., fait état de la réaction des gens qui subissent son emprise. Elle annonce le réveil de la pauvreté endormie sous la forme d’une mystérieuse menace dont la puissance est celle du nombre. Il ne s’agit s encore ici que d’une invocation, d’une sorte de prédiction :


« Entendez-vous le cri des nuits blêmes ?

La pauvreté endormie, même,

Même la pauvreté a de la force ! »


C’est déjà ça, dit Lucien l’âne, mais ça ne règle pas la question. Le réel reste le réel et le monde reste le monde ; et la discrimination et le déséquilibre restent ce qu’ils sont, à ceci près que les écarts augmentent et que le nombre des pauvres et des miséreux est toujours plus grand, ne fût-ce que parce que la quantité d’humains sur la Terre augmente à chaque instant et que les améliorations qu’a pu apporter l’évolution de ces derniers siècles ont des conséquences désastreuses.


Curieusement, dit Marco Valdo M.I., le progrès des uns ou celui réalisé dans un domaine, entraîne d’effroyables régressions pour d’autres. Un peu comme dans le domaine immense des sciences, la découverte de nouveaux domaines ouvre de nouveaux champs à découvrir ; le savoir croissant fait croître l’étendue de l’ignorance et il me semble qu’on ne peut échapper à ce processus paradoxal. Autrement dit, c’est comme sur l’océan, plus on avance, plus l’horizon recule — et encore, l’océan est fort limité. C’est encore plus pertinent dans l’espace.


Laissons ici ces questions en suspens, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde déséquilibré, injuste, insensé, insane, inéquitable et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.




L’injustice court en de plus fins habits,

Elle tue en douceur par délégation.

Elle s’entoure d’envieux polis

Et change les mots d’or en poison.

Elle rit de bon cœur d’opprimer.

Derrière les murs, elle parle de liberté.

L’injustice regrette de manière très convaincante

Sa malheureuse démarche oppressante.


Construit sur le dos bosselé du pognon,

Le sort balance entre les morts.

On se familiarise avec la dépression

Et l’acier pour décor.

Le prix de la liberté est toujours l’argent.

Les possédants ne veulent pas partager.

L’animal le plus avide pille le monde entier

Avec des gestes charitables et des couperets sanglants.

L’argent s’octroie plus de concessions

Et se célèbre avec passion.

Entendez-vous le cri des nuits blêmes ?

La pauvreté endormie, même,

Même la pauvreté a de la force !


Les infirmes, les vieillards, les mendiants,

Jetés comme des ordures,

Surgissent soudain dans la froidure

De votre monde de comptes et de bilans.

Ils sortent de leurs trous comme les rattes,

Le regard plein de misère et d’impuissance.

Alors, la peur grimpe sur vos cravates,

Et vous criez protection et surveillance.


Vous pouvez toujours les écraser, les briser,

Comme des bêtes, les repousser dans les coins secrets.

Entre violences et cris désespérés,

Leur nombre sera plus grand que jamais.


À la nuit, vous vous enfermez.

Dehors, la faim déchire le silence.

Ils sont des millions à crier.

Vos fenêtres étouffent la souffrance.


Vous les riches, les beaux, vous les toujours raison,

Vous vous célébrez avec passion.

Entendez-vous le cri des nuits blêmes ?

La pauvreté endormie, même,

Même la pauvreté a de la force !

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