FAMINE
Version française – FAMINE – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson allemande – Hungersnot – Erich Mühsam – 1916
FAMINE – GUERRE
Simplissimus – Munich 1917
Dialogue maïeutique
Il ne faut pas croire, Lucien l’âne mon ami, il ne faut pas croire que comme cette version française d’Hungernot – FAMINE commence de la même façon que la chanson de Claude Lemesle « Par dix, par cent, par mille… », que chantait Melina Mercouri, comme elle commence de cette même façon, il ne faut pas croire qu’elle raconte la même chose. Soixante-cinq ans après Hungernot, Melina appelait la Grèce à la rébellion contre la dictature des Colonels. Erich Mühsam, c’était en 1916, lui s’en prend à la guerre et il le fait dans la guerre, en pleine guerre. Il s’en prend à Guerre et à sa sœur, Famine. Sœur cadette ? Sœur aînée ? Allez savoir qui de Guerre ou de Faim est venue au monde la première ?
Personnellement, dit Lucien l’âne, je les ai souvent prises pour des sœurs jumelles.
Il faut dire, continue Marco Valdo M.I., que cette année 1916, et les suivantes, l’Allemagne va recevoir la visite de Famine et très, très nombreux – des civils, sont ceux qui vont en souffrir.
Oh, dit Lucien l’âne, il n’y a rien d’étonnant. Aussi loin que je me souvienne, Famine, Misère, Maladie, Mort ont toujours fait escorte à Guerre. Elles n’ont jamais arrêté de courir le monde. Et nous, ici, on s’essaie chanson après chanson, à tisser le linceul de ces épouvantables demoiselles en même temps que celui du vieux monde obscène, absurde, avide, aviné, arrogant, avilissant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Par dix, par cent, par mille, gisent les morts
Par terre, au fond des campagnes violées,
Par les guêpes et les taons de fer frappées.
Et menace et rampe hors
Des tas de feu et de ruines,
Et suce et lèche les ossements,
Et ronge la moelle des gens,
La sœur de la guerre, Famine
Elle
niche au-dessus des portes
et des toits
Et se jette sur les humains et les bêtes ;
Au-dessus des villages, elle tournoie,
Aucun œil, aucune oreille ne la repèrent,
Mais tous les sens la flairent,
Et la peau frémit
Et les cheveux se dressent en épis.
Les
yeux errent, vides
et fixes.
Un enfant tire sur le tablier de sa mère.
Un petit cercueil roule vers le cimetière.
L’instituteur et le curé de la paroisse,
Le souffle court, suent l’angoisse.
Déjà, chez eux, il n’y a plus de pain
« Nous avons gagné ! », baragouine un crétin.
L’armée morte qui repose à l’étranger
Ne rapporte pas de pain à la communauté,
Mais beaucoup de gens en terre sont portés.
Ennemis de personne, à personne, ils n’ont fait la guerre
Ces modernes par millions, ainsi libérés de la misère.
Encore, d’une bouche desséchée, bredouillante,
Retentit le cri imbécile : « Nous avons gagné ! »
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