CHANSON DE MORT JUIVE
ou LES DIX FRÈRES
Version française – CHANSON DE MORT JUIVE ou LES DIX FRÈRES – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson de langue allemande (Yiddish) – Jüdischer Todessang, oder Zehn Brüder – Aleksander Kulisiewicz – 1942
[1942]
Texte :
Rosebery
D’Arguto (Martin Rozenberg)
Musique :
From
a Yiddish Folksong (“Tsen Brider”)
Da
una canzone popolare yiddish (“Tsen Brider”)
Aleksander
Kulisiewicz : Songs From The Depths Of Hell
Folkways
Records Album N° FSS 37700 (1979)
PDF Booklet Available
Annotated by Peter Wortsman
La
couverture
de l’album, inspirée de cette chanson, est de
Gertrude Degenhardt, femme
de
Franz-Josef
Degenhardt.
CHANT DE MORT
Aleksander Kulisiewicz (1918-1982) était étudiant en droit dans la Pologne occupée par l’Allemagne lorsque, en octobre 1939, il a été dénoncé pour des écrits antifascistes, arrêté par la Gestapo, et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Chanteur et auteur-compositeur amateur, Kulisiewicz a composé 54 chansons pendant près de six ans d’emprisonnement à Sachsenhausen. Après la libération, il se souvint de ses chansons, ainsi que de celles apprises de ses compagnons de prison, dictant des centaines de pages de texte à son infirmière d’assistance dans une infirmerie polonaise.
En
septembre 1939,
le compositeur et
chef de chœur
juif de Berlin,
Rosebery D’Arguto
(né Martin
Rozenberg) fut
envoyé au camp
de concentration
de Sachsenhausen
(juste au nord
de Berlin). En
1940, il organise
clandestinement un
chœur de camp
à quatre voix,
composé de 25
à 30
prisonniers. Quand
en 1942, les
Juifs de
Sachsenhausen découvrirent
qu’ils seraient
bientôt “transférés”
à Auschwitz-Birkenau,
D’Arguto composa
son terrible
« Chant de
la Mort juive »,
sur la musique
d’un vieux
chant folklorique
yiddish, « Dix
Frères ». Il
a intentionnellement
écrit les
paroles en
allemand pour que
les autres
prisonniers puissent
comprendre l’accusation
portée par sa
chanson. Fin
octobre 1942, 454
prisonniers juifs,
dont D’Arguto
et tout son
chœur, furent
envoyés à
Auschwitz-Birkenau. Le
compositeur a été
tué en 1943.
Bom bom bom bom…bom bom bom bom
Bom bom bom bom…bom bom…bom bom
Li-lay, li-lay…li-lay
La-la-la-la-la-la-la
Li-lay, li-lay…li-lay
Bom bom bom bom bom…bom bom bom bom
Bom bom bom bom…bom bom…bom bom
Dix frères, nous étions
Avec le vin, nous trinquions
L’un d’entre nous est mort,
Nous sommes neuf encore.
Aie, aie, aie !
Judas au violon,
Moïse à la basse,
Chantez-moi une petite chanson,
Nous devons aller au ga-a-s !
Judas au violon,
Moïse à la basse,
Chantez-moi une petite chanson,
Nous devons aller au ga-a-s !
Au gaz,
Au Gaaazz !
Bom bom bom bom…bom bom bom bom
Bom bom bom bom…bom bom…bom bom
Li-lay, li-lay…li-lay
La-la-la-la-la-la-la
Li-lay, li-lay…li-lay
Bom bom bom bom bom…bom bom bom bom
Bom bom bom bom…bom bom…bom bom
Le seul frère je suis resté,
Avec qui pleurer ?
Les autres sont tués !
Les neuf, imaginez ?
Judas au violon,
Moïse à la basse,
Écoutez ma dernière petite chanson,
Moi aussi, je dois aller au ga-a-s !
Judas au violon,
Moïse à la basse,
Écoutez ma dernière petite chanson,
Nous étions dix frères,
Nous n’avons commis aucun crime,
Aucun crime.
Li-lay, li-lay…li-lay
La-la-la-la-la-la-la
Li-lay,
li-lay…li-lay
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