lundi 13 décembre 2021

VIVE LA PAPE À LA TOMATE

 



VIVE LA PAPE À LA TOMATE


Version française – VIVE LA PAPE À LA TOMATE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Viva la pappa col pomodoro – Lina Wertmüller (Rita Pavone)1964


Texte : Lina Wertmüller
Musique : Nino Rota
D
u feuilleton télévisé :
Il Giornalino di Gian Burrasca (
tiré du roman de Luigi Bertelli “Vamba”)
Réalisation : Lina Wertmüller
C
hanson interprétée également par Irene Grandi con Stefano Bollani





Vive la papapape à la totototototomamate !




Quand, l’autre soir, on me l’a fait entendre au CPA Firenze Sud, ma première réaction a été de ricasser : « On devrait mettre pappaaippomodòro (La pape à la tomate) dans les Chansons contre la Guerre. » Je l’ai dit comme ça, à la florentine, parce que ça ne sert à rien de tourner autour du pot : la pape à la tomate (et non pas “aux” tomates !) n’est connue qu’à Florence (une de ces choses très simples que peu de gens savent faire correctement). Il ne m’a fallu qu’une minute à peine pour y repenser ; je me suis souvenu de la plus célèbre “chansonnette” du « Giornalino di Gian Burrasca » (Le Journal de Jean Bourrasque), et je me suis dit qu’il devait y avoir eu d’autres temps, autres et lointains, où dans une chanson écrite pour une série télévisée consacrée à « l’enfance » (mais seulement jusqu’à un certain point…) on chantait des choses comme : « L’histoire du passé / nous a appris maintenant / qu’un peuple affamé / fait une révolution ». Comprends qui peut. Puis je me suis souvenu que le scénario en question avait été réalisé par Lina Wertmüller ; et tout est alors devenu plus clair pour moi, étant donné que Wertmüller elle-même a également écrit les paroles de la chanson, avec une musique de Nino Rota (!!!). Lina Wertmüller et Nino Rota ; les mêmes que dans Canzone arrabbiata. Ceci étant, pappaaippomodòro (La pape à la tomate) a vraiment fini par arriver dans les GCC, car c’est une véritable chanson de combat. Nous n’entrerons pas dans tous ces détails ici ; et je pense que, si elle nous lisait, même Lina Wertmüller serait d’accord de tout cœur.


Rappelons brièvement l’histoire de cette chanson. Le « Giornalino di Gian Burrasca », écrit en 1907 par Luigi “Vamba” Bertelli, journaliste et écrivain florentin, a voulu être et a été l’hymne de sincérité d’un garçon de neuf ans (Giannino Stoppani, appelé « Gian Burrasca » en raison de son comportement résolument exubérant) contre l’hypocrisie des adultes et, donc, de la société entière. Luigi Bertelli n’est pas exactement un « révolutionnaire » ; au contraire, il est en perpétuelle polémique contre les socialistes de l’époque qui, d’ailleurs, dans la figure de l’avocat Maralli (le mari de la sœur aînée de Giannino, littéralement déchiré mis en pièces par ce dernier), sont visés et moqués dans le “Giornalino”. Mais, en même temps, le « Giornalino di Gian Burrasca » est une œuvre anarchique, dans laquelle les “gamineries” d’un enfant (et quelles gamineries !) mettent à nu toute une société, celle de l'“Italietta” des années d’avant-guerre, dans toutes ses composantes. À la fin, Giannino est placé dans un pensionnat, la punition ultime pour un garçon, un peu comme une prison. Le pensionnat Pierpaolo Pierpaoli est dirigé par le strict et avide M. Stanislao, grand et maigre, et sa femme Geltrude, basse et grasse. Dans ce nouvel environnement, Gian Burrasca se fait rapidement des amis malgré son âge, et rejoint notamment la société secrète locale « Un pour tous et tous pour un ». Quand, à la suite d’une énième gaminerie, Giannino est enfermé dans une sorte de prison et découvre que la délicieuse soupe maigre du vendredi n’est autre que le fruit de la reconversion des plats de la semaine, il décide de révéler la porcherie en laissant, jour après jour, avec ses camarades, de petites boules d’aniline sur les assiettes : la couleur rouge de la soupe révélera à tous son origine le vendredi suivant. Les directeurs de l’internat tentent d’abord de minimiser l’incident et fournissent d’autres excuses pour la couleur anormale du plat, mais ils sont contraints d’admettre la fraude et de remplacer le plat par de la pappa al pomodoro, très désirée par les enfants, lorsque l’un des conspirateurs met en garde les convives contre l’ingestion du colorant artificiel. Face au harcèlement de M. et Mme Stanislao, ils décident de s’enfuir et Giannino est également renvoyé chez lui suite au scandale.


Une révolte, donc : « Le peuple affamé fait la révolution », et la « révolution » provoquée par la concomitance des ventres vides et les tromperies de qui commande, tromperies dérivées du profit. Il y a de quoi voir beaucoup, beaucoup de choses dans cette petite chanson, et la personne qui me l’a fait remarquer avait raison. La voici donc, interprétée par une toute jeune Rita Pavone, qui jouait le rôle de Giannino dans la série télévisée (qui a connu un succès retentissant : tout le monde s’en souvient encore aujourd’hui, même ceux qui n’étaient pas encore nés à l’époque). À propos, la pappa al pomodoro est l’une des “constantes” de la CPA ; si vous voulez la déguster correctement, vous devez venir dans un endroit où la “révolution” coûte, à tous, dénonciations, prison et assignation à résidence. [RV].




Vive la papapape

À la totototototomamate !

Ah ! Vive la papapape,

À la saveur écaca, écarlate !

Vive la papapape

À la totototototomamate !

Lhistoire du passé

Nous a fait la leçon

Qu’un peuple affamé

Fait la révolution ;

Affamés,

Nous avons raison de nous révolter.

Alors, sans façon,

Mangeons la collation.


Vive la papapape

À la totototototomamate !

Ah ! Vive la papapape,

À la saveur écaca, écarlate !

Vive la papapape

À la totototototomamate !

Le ventre qui barbote

Est cause d’aigreurs

Et cause qu’on complote.

« À bas le directeur ! »

La soupe est cuite

Et chantons en chœur :

Nous voulons sur l’heure,

La pape à la tomate !

Vive la papapape

À la totototototomamate !

Ah ! Vive la papapape,

À la saveur écaca, écarlate !

Vive la papapape

À la totototototomamate !

Vive la papapape

À la totototototomamate !


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