Le But final
Chanson française – Le But final – Marco Valdo M.I. – 2021
LA
ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par
Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von
Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en
parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par
Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce
territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le
monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre,
dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son
abondante littérature.
LA
ZINOVIE
Épisode 1 : Actualisation
nationale ; Épisode 2 : Cause
toujours ! ; Épisode
3 :
L’Erreur fondamentale ;
Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie
Épisode 10
VERS LES SOMMETS
Kuzma Petrov-Vodkin – 1925
Dialogue Maïeutique
En Zinovie, Lucien l’âne mon ami, pour arriver, il faut grimper, car le but final est le sommet et comme on l’a déjà dit ici, tout au sommet du plus haut sommet des sommets, il n’y a qu’une seule place possible : celle du guide. C’est le schéma directeur de l’organisation hiérarchique, qui sous la houlette du guide, propose aux amateurs tout un éventail de sommets, manière de structurer la toile du pouvoir. C’est la ruée vers les sommets.
C’est assez classique, dit Lucien l’âne. De mon expérience, je retiens qu’il y a un tel système dans de nombreuses sociétés – du moins, dans celles que j’ai connues.
Certes, dit Marco Valdo M.I., mais celle de Zinovie est d’une trame très serrée, même si elle est couverte d’une sorte de décor émollient pour rassurer la galerie, autrement dit les gens d’ailleurs. Ceux qui y vivent savent très bien à quoi s’en tenir et comprennent fort vite comment fonctionne le système : d’un côté, on retrouve – loin des sommets – la plupart des gens, ce que les Romains appelaient le vulgum pecus, le troupeau ; de l’autre côté, on découvre ce qu’on nomme généralement, l’élite, ceux qui sortent du rang, ceux qui se placent au-dessus du lot afin d’en tirer des avantages et des privilèges. Évidemment, il existe une hiérarchie de sommets et plus ils sont hauts, moins il y en a ; les sommets s’organisent eux-mêmes en pyramide. Ainsi, du point de vue organisationnel, la Zinovie est une pyramide de pyramides.
Ah, dit Lucien l’âne, voilà un système complexe et apparemment cohérent. On dirait une sorte de carcan qui enserre la société et la contrôle. Mais, pour moi, il n’y a rien là de fort différent de ce qui se passe dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux faibles afin de s’assurer d’avantages et de privilèges.
C’est bien de ça qu’il s’agit, dit Marco Valdo M.I. ; c’est l’objectif et il est déterminé du plus profond du système lui-même ; c’est son processus fondamental, c’est à la fois ce qui le structure, le meut et le tient en vie. C’est également son mode de reproduction. Hors celui-ci, l’ensemble s’effondre et disparaît laissant place à on ne sait trop quoi d’autre. C’est l’argument dont usent ses tenants pour le défendre de toute innovation, par nature périlleuse. On a vu précédemment dans La Carrière du Directeur et Vivre en Zinovie qu’il y avait diverses voies vers le sommet : celle du directeur, celle du héros, celle de l’économie et celle du militaire. Cette fois, on parcourt la voie de la culture et celle du Parti, de ses organes et de la diplomatie.
Voyons voir, dit Lucien l’âne, ce qu’en dit la chanson et ensuite, tissons le linceul de ce vieux monde arriviste, culturé, cultureux, ambitieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
De
la culture avant toute chose !
La meilleure des poses,
C’est la culture.
L’homme moderne civilisé
Ne peut se passer de culture.
C’est une voie à ne pas négliger,
Un monde de possibilités :
L’art, la création, la peinture ;
Très vaste est le champ de la culture.
En Zinovie, la culture n’est pas
Ce que l’ignare croit.
Avec elle, l’horizon s’accroît.
Avant, on ingérait la culture ;
C’était un effort permanent.
À présent, on entre en culture
Comme en religion dans le temps.
C’est un vaste champ où prospèrent
Toutes sortes de gens.
Des artistes, des écrivains, des savants,
Des journalistes, des jeunes premières,
Des acteurs, des chanteurs, des footballistes,
Que de places, que de fonctions,
Pour qui a de l’ambition :
C’est un tremplin des arrivistes.
Dès le temps des biberons,
Les jeunes préfèrent la culture.
Il y a le talent, l’instruction
Et un travail sur mesure,
La gloire, les plaisirs, la télévision,
Les applaudissements, les voyages, les prix.
Les petites filles, les petits garçons,
À la culture, tout est permis.
Sauf bien entendu, la dissidence ;
La moindre erreur, le pied de travers
Ne laissent aucune chance
À qui pense à l’envers.
Le Parti, ses organes, la diplomatie,
C’est une grande famille.
Elle truste les sommets des sommets,
Et le sommet qu’un seul atteint jamais.
On monte par élection,
On monte par cooptation.
La grande affaire est d’y parvenir,
Grimper, grimper dans la hiérarchie,
C’est la vraie méthode en Zinovie.
On conquiert son avenir
Marche par marche ;
C’est ainsi que ça marche.
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