jeudi 1 juillet 2021

La Prise de Monastir

 

La Prise de Monastir


Chanson française – La Prise de Monastir Marco Valdo M.I. – 2021


Épopée en chansons, tirée de L’Histoire du Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi (Dějiny Strany mírného pokroku v mezích zákona) de Jaroslav Hašek – traduction française de Michel Chasteau, publiée à Paris chez Fayard en 2008, 342 p.

Épisode 1 – Le Parti ; Épisode 2 – Le Programme du Parti ; Épisode 3 – Le Fils du Pasteur et le Voïvode ; Épisode 4 – La Guerre de Klim


Épisode 5




ARMÉE TURQUE OTTOMANE – Vers 1900



Dialogue maïeutique


Tu vois, Lucien l’âne mon ami, ce titre « La Prise de Monastir » nécessite une mise au point, une précision particulière destinée à écarter une amphibologie, une ambiguïté. Ce n’est pas la signification de « la prise » qui pose problème. Une « prise » dans ce sens est tout simplement la conquête, l’enlèvement de Monastir.


Si c’est pour dire une telle évidence, Marco Valdo M.I. mon ami, je l’aurais bien énoncée moi-même.


Soit, Lucien l’âne mon ami, mais si je disais, si je faisais ce préambule, c’est qu’il me fallait bien commencer quelque part et souligner ainsi l’importance de la suite. Comme on s’en doute à présent, c’est sur le nom de Monastir que je veux attirer ton attention. D’abord, comme son nom l’indique, quoi que soit devenu Monastir, au départ, il a eu un monastère ou plusieurs, comme ce fut le cas. Un monastère est – tu le sais certainement, mais il convient de le préciser – un établissement qui accueille des moines chrétiens.


Oh, dit Lucien l’âne, je connais une ville qui s’appelle Monastir ; une belle vielle au bord de la mer au fond d’un golfe en Tunisie ; c’était une ville fortifiée de l’Empire ottoman, au temps où les Turcs contrôlaient le sud-est de la Méditerranée.


Certes, répond Marco Valdo M.I., cette ville est célèbre – et encore aujourd’hui bien connue des touristes, mais ce n’est pas d’elle qu’il s’agit ici. Donc, il existait dans ce même empire ottoman, une autre ville fortifiée appelée également Monastir et qui se trouvait en Macédoine. En gros, au nord de la Grèce et des Balkans. C’est bien évidemment de celle-là qu’il s’agit dans la chanson. Aujourd’hui, elle se trouve toujours en Pélagonie, en Macédoine du Nord et s’appelle Bitola. Juste une dernière petite note complémentaire pour indiquer que comme « monastir » renvoie à « monastère » et au grec « monastiri », Bitola renvoie au mot slave « obitel » qui signifie également « monastère ». Bitola était d’ailleurs le nom avant que les Byzantins ne la rebaptisent Monastir.


Oh, dit Lucien l’âne, voilà qui est compliqué. Maintenant, je me souviens, n’était-ce pas elle qui s’appelait au temps de la Préhistoire « Lyncestis », puis plus tard, Heraclea Lyncestis et beaucoup plus tard encore, après tant de séismes, des sacs, des prises et des destructions, fut rebâtie un peu plus loin par les Slaves sous le nom de Bitola. Cependant, je suppose que la chansonne se limite pas à ça.


Non, répond Marco Valdo M.I., car en fait, elle raconte – par la bouche de Klim lui-même – toute l’héroïque campagne du voïvode en terre macédonienne. Maintenant, je te laisse découvrir les détails et le somptueux récit qui les établit.


Faisons ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami, et tissons le linceul de ce vieux monde versatile, confus, monastique, polysémique, énigmatique et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Klim et moi, on descendit le premier raki,

Solennellement, sur le drapeau, on jura.

Puis, on but jusqu’au cinquième raki

Et on partit pour la frontière d’un bon pas.

Au dépôt, on nous donna nos fusils.

Klim dit : et pan !, et on vise bien,

Et on court, et on coupe la tête à l’ennemi.

Parole de voïvode macédonien :

Le Turc doit mourir, c’est écrit.

Passez-moi la gourde et vive le vin.


On nous envoya devant, face aux Turcs ;

Objectif : semer la terreur.

Klim et moi, presque morts de peur,

On a mis le feu à une grange turque.

Du mont Garvan, la nuit, on voyait tout ;

Les feux de l’armée turque brillaient partout.

Klim et moi, sans hésiter, on jeta nos fusils

Et aux soldats ottomans, on se rendit.

À Prague, Klim raconta que lui et moi,

On avait tué des milliers de ces soldats.


Puis, Klim continue avec de grands soupirs

Son récit véridique par la prise de Monastir.

Dans notre commando, on était quatre-vingts

Face à quatre mille janissaires

Et à vingt-huit mille fantassins

Des armées turques régulières.

Avec prudence, on s’approcha

Et encore, l’ennemi nous échappa.

Un matin, devant nous, la forteresse imprenable

Jusqu’au ciel se dressa telle une énorme table.


On prit aux Turcs les canons

On bombarda sans interruption

Trois jours et trois nuits

Au quatrième soir, vint une belle,

La beauté des mille et une nuits,

Fière, elle jura être toujours pucelle.

À mes pieds de voïvode, elle se jeta

Sans tarder, elle fut toute à moi.

Puis, je mis en cendres la ville entière ;

Puis, je fis pendre les habitants avec leurs mères.

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