lundi 15 mars 2021

Les Yeux rouges

Les Yeux rouges


Chanson française – Les Yeux rouges (Il ne nous reste que ça pour pleurer.) – Marco Valdo M.I. – 2021



RUINES D'ASCALON EN SYRIE

Auguste de Forbin - 1817





Un long article dans les journaux du jour relate les dix années de guerre que Bachar El Assad a fait à son peuple. Étrange anniversaire, mais peut-être vraiment on ne peut rien y faire. Franco a bien dévoré l’Espagne et son ombre vampire traîne encore dans les rues ; jusque en Barcelone, ses fantômes jettent des ombres saugrenues. Je sais, je sais, Lucien l’âne mon ami, écrire n’est plus de mise, les mots rares n’ont plus cours, ce sont des mots trop chers et il en va de même dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux bonnes gens où les morts rares n’ont plus cours, ce sont des morts trop chers, ce sont des morts trop beaux ; il vaut mieux les produire en masse, ça baisse le coût à l’unité.

 

Oui, mais encore ?, dit Lucien l’âne un peu éberlué par cet exorde exalté.


Mais encore ?, je m’en vais te le dire, répond Marco Valdo M.I. Il m’est venu l’idée d’une chanson anniversaire pour célébrer comme il se doit le tueur de Damas Oh, elle ne m’est pas venue toute seule, comme ça, tombée du ciel comme les fusées russes sur les Kurdes. Elle m’est venue en lisant un livre tout récemment paru – enfin, reparu, car à la vérité il date d’avant Mil neuf cent. Monsieur Gallimard, paix à son âme, vient de republier – en folio, livre pas trop coûteux pour ma bourse – les Mémoires de Louise Michel. C’était une bonne femme, au plein sens du mot et qu’on me pardonne, un écrivain de grande taille. Pour le reste, on la sait révolutionnaire et il est vrai qu’elle si employa vivement. N’eût-été l’écart de plus d’un siècle, j’aurais été lui faire une déclaration d’amour.


Pas sûr, dit Lucien l’âne, que tu eus été bien reçu.


Bien reçu, sans aucun doute, mais accepté, ce serait une autre affaire, reprend Marco Valdo M.I, mais tel n’est pas le sujet. Donc, dans ces Mémoires, elle restitue in extenso un de ses poèmes de l’ année soixante-dix, un Buonaparte regnans (mais plus pour longtemps, comme il est apparu). Il s’intitulait (le poème) : Souvenir. Ils fustigeaient et l’Empire, et l’Empereur et la guerre. La référence est là, ira voir qui voudra. Moi, j’en ai fait cette chanson qui s’en va racontant le crime ininterrompu et des complices nombreux viennent prêter main forte au boucher.


Cela dit, il me semble, dit Lucien l’âne, derrière ce rouge sur les yeux entendre l’air obsédant d’yeux noirs


En effet, Lucien l’âne mon ami, ces yeux rouges de pleurs en d’autres moments sont des yeux noirs. Ils dansent affolés au travers de la Syrie en cherchant la sortie de l’enfer et tentent tant et tant d’éviter de prendre place silhouette sur fond de flammes dans la danse macabre nationale.


Et nous, nous, Marco Valdo M.I. mon ami, face aux malheurs de ceux-là, face aux yeux rouges, on ne peut que dire et à notre tour, rougir nos yeux – de tristesse et de honte pour ce vieux monde ; alors, nous lui tissons avec une ardeur et une patience renouvelées le linceul à ce vieux monde madré, roublard, méchant, stupide, avec sa fin qui approche et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Les nuits, on s’assemble dans l’ombre

Pour écarter le rêve sinistre et noir

De l’homme de Damas et sombres,

On soupire en cet immense abattoir.


Le régime tue à son aise,

Tout ici a l’odeur du sang.

Illuminé par ses braises,

Rouge est le soleil couchant.


Caricature, il n’a rien de comique ;

Il étrangle tout, sauf le malheur.

Il n’y a rien d’héroïque

D’assassiner les fleurs.


Poussières, fumées nous exterminent

Et nous font les yeux rouges et nos cœurs

À tant pleurer dans les ruines

Éclatent en rouges fleurs.

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