samedi 27 mars 2021

Le Rockfort

Le Rockfort

Chanson française – Le Rockfort – Marco Valdo M.I.- 2021

 

 

ROCKFORT

 

 Dialogue Maïeutique

 

Comme sans doute, tu as dû en entendre parler, il y a, Lucien l’âne mon ami, une pandémie qui traverse notre monde. Apparemment et c’est rassurant pour toi, les ânes ne sont pas touchés.


Oui, dit Lucien l’âne, j’en ai entendu des échos et depuis un bout de temps déjà, mais ça ne m’affolait pas, car j’en ai connu d’autres et des pires. J’ai même remarqué que les femmes et les hommes, et même certains enfants, se promènent masqués à présent. C’est un changement. Par ailleurs, j’ai entendu dire qu’un cheval avait été contaminé par son cavalier, mais c’est une histoire américaine. Alors, dis-moi, la chanson qu’est-ce qu’elle raconte ?


Ah, répond Marco Valdo M.I., la chanson raconte l’histoire d’un gars qui veut en imposer, qui se prend pour un dur – dur comme le roc, et qui, dans sa vie, joue le rôle d’un rockeur. En fait, c’est plus que ça : il se prend pour un rockeur et il essaye de faire croire aux autres qu’il l’est.


Oh, dit Lucien l’âne, des comme ça, il y en a des tas. On les voit déambuler en roulant des mécaniques, se déhanchant comme des bourriques.


Donc, tu vois de quoi on cause, Lucien l’âne mon ami, et il n’y a pas besoin de t’en dire plus. Tu vois très bien le genre de personnage que c’est. Mais depuis la lointaine époque des Teddy Boys, les choses ont un peu évolué et à la figuration de rue, il faut maintenant ajouter la pantomime sur les écrans, car c’est là que ça se passe ; c’est là aussi qu’on s’affirme, qu’on dit, qu’on fait savoir qu’on est un dur, qu’on a des idées (bien arrêtées – surtout, arrêtées), qu’on sait des secrets et qu’on ne s’en laisse pas conter. Tu sais comme ça se passe : on choisit un nom de bataille et on y va.


Oui, dit Lucien l’âne, je vois bien ça.


Alors, reprend Marco Valdo M.I., le gars – celui de la chanson, se fait appeler Rockfort : rock – fort, fort comme un roc. C’est balaise, non ?


Ça pose son homme, dit Lucien l’âne, et même, avec un nom pareil, on doit le sentir venir de loin.


Sûr que le roquefort, ça sent, d’accord, mon ami Lucien l’âne, mais il n’y avait pas pensé quand il a choisi son nom. Comme je l’ai dit, il se répand sur les réseaux et il joue son cinéma de dur. À force de comploter, de fustiger les étrangers, il se radicalise et de fil en aiguille, il s’achète une arme. Peut-être même, allait-il passer à l’acte et s’apprêtait-il à aller abattre quelques-uns de ses contemporains. Il en était là, mais seulement voilà, le virus l’a rattrapé, l’a infecté et a gâché tous ses projets. Pour la suite, il faut lire la chanson. Au fait quand même, il faut que je te dise que cette chanson m’a été inspirée par celle de Georges Brassens, intitulée « Corne d’Aurochs », dont elle a conservé quelques traces et par celle – pour la fin, de Boby Lapointe, intitulée « Bobo Léon » :


« On l’a mené à l’hôpital
Pour le soigner où il avait mal ;
Il s’était fait mal dans la rue,
Mais on l’a soigné autre part
Et il est mort ! »


Eh bien, dit Lucien l’âne, ce me semble d’ailleurs être le même personnage que Corne d’Aurochs, simplement, il est dans une autre époque et pour les funérailles nationales, il attendra. Concluons, et tissons le linceul de ce vieux monde dur, solide, lapidaire et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Fort comme le rock,

Fier comme un phoque,

Il rêve d’être Johnny,

Ce virus hante ses nuits.

Il le presse, il le talonne,

Et menace sa santé.

Il résiste, il fredonne,

Il chante, il commence à dégoiser,

Il déclare à tour de bras sans détour,

Nuit et jour, sans désemparer :

« Il n’y a que les idiots qui restent dans leur tour,

Moi, je n’ai pas peur, je sors nuit et jour ! »


Fort comme le rock,

Fier comme un phoque,

Seul dans sa chambre, il s’agite

Il diffuse sur les réseaux,

C’est tout son mérite,

Des bruits, des rumeurs de complots,

Il voit partout des ennemis,

Il porte toujours une arme sur lui,

Sur les écrans du monde entier,

Il dénonce les étrangers.

Il se dit solide comme le roc,

En songe, il poursuit l’auroch.


Les jours de confinement,

Il mange chez sa maman.

Il refuse d’être vacciné :

Les vaccins, c’est sûr,

C’est pour les demeurés.

Lui, il résiste, c’est un dur.

Il dénonce mille et mille scandales,

Il répand des histoires de cabales.

Il s’est fait membre d’une confrérie,

Il chasse les athées, les impies.

Il prophétise de grands lendemains,

Il s’invente de grands festins.


Et puis, un soir, il se sent mal :

Il ressent un mal pas normal,

Les symptômes d’une infection,

Il vibre comme un violon,

Il tousse comme une trompette,

Il résonne comme un tambour,

Il siffle comme une clarinette,

Il se tient la tête,

Il soupire, il expire, il s’affale.

À sa tête, à son souffle court,

À son air traqué, on court,

On l’emmène à la clinique locale.


On prend sa température,

On l’oxygène, on le triture.

On se dit, c’est la fin, il va passer.

À une infirmière masquée,

Son agonie est confiée,

Il refuse de se laisser soigner,

Car cette femme vient de l’étranger.

Au terme de ce parcours final,

Évidemment, il meurt, c’est fatal.

On garde de lui un souvenir bancal.

Il était beau comme un roc,

Il voulait marquer son époque.


Dur comme le roc,

Fier comme le phoque,

Il s’appelait Rockfort,

Et maintenant, il est mort.

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