RESPIRATION
Version française – RESPIRATION – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne – Fatemi respirare – Ugo Mazzei – 2012
La Migration des oies
Elisabeth Nourse - 1883
Dialogue maïeutique
Comme tu l’auras sans doute ressenti, Lucien l’âne mon ami, comme à peu près tout le monde de par le monde, notre monde est de plus en plus irrespirable et pas seulement au milieu des grandes concentrations de population que sont les mégapoles et les pollutions envahissent les plus profonds océans et les plus hautes montagnes.
Certes, dit Lucien l’âne, je me souviens encore du bon temps où on pouvait courir le nez en l’air sans être incommodé par les relents de combustions diverses Bien sûr, il y avait les feux, les foyers et les âtres, il y avait aussi d’autres odeurs tenaces dans les cités et les hameaux, mais c’étaient – si on peut faire la distinction – des odeurs naturelles. Ça sentait les excréments et la pourriture ; il n’est pas si ancien le temps où, même ici, les égouts n’existaient pas. Mais aussi, la plupart es gens vivaient en dehors des villes.
Cela posé, dit Marco Valdo M.I., cette chanson intitulée en son origine italienne : « Fatemi respirare » (Faites-moi respirer), je l’ai nommée Respiration. C’est l’essentiel de sa revendication, car c’est là une chanson qui revendique et qui, telle une Cassandre contemporaine, prévient. Tout comme sa consœur « LA FIN » (Armageddon), œuvre du même auteur, elle alerte sur les dangers que l’activité humaine fait courir à tout ce qui est vivant sur la planète. Elle dit en substance ce que disent les climatologues : le monde terrestre s’empoisonne de façon accélérée et il faudrait faire (avant qu’il ne soit trop tard) quelque chose pour arrêter cette dégradation générale. Le vrai drame, c’est – contrairement à par exemple, une pandémie, on ne verra les vrais dégâts que longtemps après que les fauteurs auront disparus. À l’échelle de la durée d’une vie humaine, ce sont des processus lents.
Comme s’ils allaient tous les jours au restaurant ou comme s’ils occupaient la maison sans se soucier de l’entretenir, ni des dégradations, et laissaient la note à leurs enfants, demande Lucien l’âne. J’en connais que ne seront pas contents.
C’est pire que ça, dit Marco Valdo M.I., c’est un peu comme si on vivait à crédit et que ce seront les successeurs qui seront tenus de supporter le poids du remboursement avec les intérêts cumulés.
Mais, dit Lucien l’âne, il est des gens qui disent que tout ça n’est pas vrai.
Évidemment, répond Marco Valdo M.I., qu’il y en a qui disent que ce n’est pas vrai, mais ils le disent pour protéger leurs intérêts ou ceux des gens qu’ils servent. Et la chanson leur répond :
« Ce sera ainsi, en vérité, je vous le dis,
On ne peut s’asseoir sur ces ennuis,
Ces tonnes de brut dans la mer,
L’incendie d’une base nucléaire.
Cessez de vous nourrir de mensonges,
Nous payons tout cela de notre vie. »
Ensuite, elle donne à réfléchir :
« Nous avons des yeux pour regarder,
Et des bouches pour parler,
Et des têtes pour penser.
Tout ça n’est pas sans raison,
Respiration ! »
Protéger leurs intérêts ou ceux des gens qu’ils servent, conclut Lucien l’âne, c’est un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de garantir leurs privilèges, promouvoir leurs intérêts, accroître leur domination, renforcer leurs pouvoirs et faire croître et multiplier leurs richesses. D’une certaine manière, l’humanité va se suicider par l’avidité de certains de ses membres, par l’inconscience, réelle ou feinte, de tant d’autres. Rares sont ceux qui n’en veulent pas plus, toujours plus. L’humanité envahit la terre entière et elle la rongera jusqu’à l’os et même, elle le brisera pour sucer la moelle. Ainsi, le seul ennui, c’est qu’elle entraînera dans sa dégringolade presque tout ce qui vit ou survit encore sur la planète. Décidément, la respiration est essentielle et cette chanson n’est pas sans raison. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde décati, oppressé, suant, puant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Respiration.
Tout ça n’est pas raison.
Aux pôles, un vent tropical peste.
Alors que le ciel change de couleur,
Nos yeux suent de pleurs.
Laissez tomber tout le reste.
Pensez à votre futur,
À
tout votre futur.
Pour que les
oiseaux puissent migrer
Dans la même direction en volant,
Pour qu’une étoile puisse illuminer
La route d’un bateau perdu dans l’océan,
Il faut que tous les braves gens
Qui n’ont rien fait jusqu’à présent
Commencent à travailler,
Commencent à travailler.
À ce point, il ne reste plus de temps,
Il n’y a plus d’espace dans le firmament.
Quand la vie nous présentera l’addition,
Nous plongerons dans un lac en fusion.
Faisons en sorte de pouvoir retrouver,
Dans un futur à recomposer,
La lune au milieu de la mer,
La lune au milieu de la mer.
Et
laissez-moi laisser
couler
mon sang
Pour arroser une prairie de mots vermeils
Et qu’on gouverne bien cependant,
Qu’on libère la lumière du soleil
Dans une lueur d’uranium et d’amiante blonde
Comme un fol éclat sur le monde,
Sur toutes les personnes,
Sur des millions de personnes.
Parfois,
il suffit d’une caresse au
vent
Pour embrasser le globe entier,
Et qu’il reste seulement à regretter
De n’avoir pas agi à temps
Dans cette course à la démocratie
Vers une captivité libérée,
Une lente amnésie
Et des larmes désespérées.
Ce sera ainsi, en vérité, je vous le dis,
On ne peut s’asseoir sur ces ennuis,
Ces tonnes de brut dans la mer,
L’incendie d’une base nucléaire.
Cessez de vous nourrir de mensonges,
Nous payons tout cela de notre vie.
Nous avons une voix pour qu’on crie
Et de merveilleux songes,
Et des gens à éduquer,
Nous avons des yeux pour regarder,
Et des bouches pour parler,
Et des têtes pour penser.
Tout ça n’est pas sans raison,
Respiration !
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