Jours
tranquilles
Chanson
française – Jours tranquilles – Marco Valdo M.I. – 2020
Dialogue
Maïeutique
Comme
tu le sais, Lucien l’âne mon ami, l’humanité vit une période
assez particulière et peut-être étonnante aux yeux d’un
observateur à l’esprit calme et curieux. Ainsi, actuellement,
ici, tout ou presque est à l’arrêt – sauf ce qui ne l’est
pas, bien évidemment. Sauf le bruit infernal qui sort des boîtes
électriquement alimentées.
Sans
doute, Marco Valdo M.I. mon ami, en ces temps d’obligations et
d’interdictions civiques de toutes sortes a-t-on oublié de
préciser que lorsqu’on regarde la télévision ou qu’on écoute
la radio, il est de bon ton de couper le son.
Oui,
reprend Marco Valdo M.I., ce serait une excellente chose qu’un peu
de silence afin que l’on puisse vraiment bénéficier de ces jours
tranquilles. Les jours tranquilles, c’est le rêve absolu et c’est
le titre de cette chanson, que j’avais d’abord intitulée « Vive
les Vacances ! ».
Mais
alors, interroge Lucien l’âne, ces jours tranquilles d’où
viennent-ils ?
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, ces jours tranquilles sont une
réminiscence d’un roman de l’exilé étazunien Henry Miller
– « Jours tranquilles à
Clichy », qui relate son séjour à Paris dans les années
1932-33, années qui précèdent l’installation du Troisième
Reich. « Das
Dritte Reich » est la chanson de Kurt Tucholsky dont
j’étais occupé à faire une version française quand m’est
venue cette soudaine envie d’écrire cette chanson-ci, chanson de
circonstance.
Une
chanson de circonstance ?, demande Lucien l’âne, et me
semble-t-il doublement de circonstance.
Doublement,
en effet, Lucien l’âne mon ami. Ces jours tranquilles (ceux de
Miller), qui précèdent à peine, l’ascension des folies
impériales, semblent confirmer l’adage maritime : « le
calme avant la tempête ».
C’est
étrange, dit Lucien l’âne, la manière dont les idées se forment
dans la tête ; on dirait des collisions de mots. Ainsi, je
suppose que l’autre circonstance est cet étrange printemps qui
s’annonce.
Précisément,
répond Marco Valdo M.I., un peu comme pour les chats qui
s’empressent de sortir de leur torpeur hivernale pour saluer la
venue du printemps, j’ai décidé séance tenante, pris d’une
certaine impulsion, de faire cette petite chanson sans prétention.
Tellement sans prétention que je n’oserais t’affirmer en
connaître véritablement l’objectif, ni même si elle en a un.
C’est une chanson, c’est tout. Et les chansons, c’est comme les
idées, il faut les saisir quand elles passent, sinon on les perd et
c’est ce qu’avait dû faire Charles d’Orléans qui, prisonnier
des Anglois, disait à l’orée d’un lointain printemps :
« Le
temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.
Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissié son manteau !
Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent, d'orfaverie,
Chascun s'abille de nouveau :
Le temps a laissié son manteau ! »
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.
Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissié son manteau !
Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent, d'orfaverie,
Chascun s'abille de nouveau :
Le temps a laissié son manteau ! »
M’est
avis, dit Lucien l’âne, que dans ces circonstances, ce qu’il
faut, c’est un instantané, comme il s’en fait en photographie.
Clic, voilà tout. Enfin,sans plus épiloguer, tissons le linceul de
ce vieux monde en débandade, croulant, paniquant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Hier,
l’hiver s’est enfui
De
tout le pays.
Ce
matin, le matin est gris :
C’est
le printemps des souris.
Ce
matin, il n’y a pas de vent.
L’air
stagne vacant.
Le
monde est en pénitence.
Vive
les vacances.
Tout
comme les fleurs,
Les
feuilles hésitent fort
À
sortir leurs corps,
C’est
le printemps en pleurs.
Un
bourdon solitaire dépaysé
Papillonne.
Le
clocher bourdonne,
Tout
est confiné.
Certains
ont de la chance :
Les
croyants en confiance
Partent
en avance
Pour
de grandes vacances
Au
Paradis,
Au
grand pays
Du
soleil et des houris.
Vive
les vacances !
Notre
avenir est tout en patience,
Vive
les vacances !
C’est
le temps des jonquilles !
La
vie en jaune conserve.
Terrés dans la réserve,
Avec
ou sans famille,
Au
cœur de la ville,
On
coule des jours tranquilles.
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