mardi 15 décembre 2020

Le Rat de Bibliothèque

Le Rat de Bibliothèque


Chanson française – Le Rat de Bibliothèque – Marco Valdo M.I.2020





Dialogue Maïeutique


Avant même d’aller plus loin, je dois, Lucien l’âne mon ami, avouer mon forfait, un forfait au regard de la mission du traducteur, car ma version française s’est quelque peu éloigné de la chanson « Il topo che mangiava i gatti » de Gianluca Lalli, ce qui se traduit par « Le rat qui mangeait les chats » ; à comparer les deux titres, car comme on le sait, j’en ai fait « Le Rat de Bibliothèque », on imagine une histoire différente. Je peux même jurer que je n’aurais pas pu faire autrement ; il est venu tout seul ce forfait. J’en ai donc fait une chanson française.


Soit, dit Lucien l’âne. Je vois que c’est là un forfait parfait, un vrai forfait bien fait, car tu es un fortiche ; au lieu de le buter le chat a lié amitié avec le rat, ou l’inverse. Ça, c’est juste pour montrer que j’avais compris l’allusion, car je connais aussi mon Vian et pour preuve, je te cite de mémoire ce début d’Arthur, où t’as mis le corps ? (Boris Vian 1958 – interprétation : Serge Reggiani) :

 

« Ce fut un forfait parfait,

Un vrai forfait bien fait,

Car on est des fortiches.

Le client était futé,

Alors, on l’a buté

Pour faucher ses potiches »


Je te dis tout de suite, rien qu’à voir le titre de ta version, que ça me plaît beaucoup et que je suis impatient d’en savoir davantage. Cela dit, ce serait pas mal non plus d’avoir une version française de la chanson italienne d’origine.


Certainement, Lucien l’âne mon ami, car au départ, c’était bien mon intention et donc, je la ferai bientôt, c’est juste une question de mise en page, mais je suis trop ravi de celle-ci pour tarder à la faire vivre. Donc, au départ, l’autre jour, on avait découvert du même Gianluca Lalli, « La nave dei folli », dont j’avais fait une version française, je me suis intéressé à ses autres chansons et j’ai trouvé celle-ci qui m’a intrigué. J’ai commencé à la traduite à la grosse louche pour savoir ce qu’elle contait. Je me suis vite rendu compte que si elle était aimable avec le rat, elle était un peu légère avec le chat qu’elle laissait en quelque sorte berner par le muridé. Alors, face à cette inéquité (oui, je sais, iniquité, mais inéquité, c’est la même chose mais comment dire, en plus feutré, en moins dur), j’ai décidé de refaire la chanson (essentiellement la fin) en créant les conditions d’une coexistence pacifique entre le chat et le rat.


Oh, dit Lucien l’âne, je ne sais comment tu y es arrivé, mais l’idée me plaît d’autant que cette idée en fait une chanson contre la guerre, une chanson qui dit comment faire la paix. C’est merveilleux. Ça me rappelle « Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants », où Maurice est un chat et mène une troupe de rats réellement savants – je me demande même si celui de la chanson n’est pas un de la bande à Maurice – jusqu’à un village où sous l’égide de Maurice, chat, rats et humains finissent pas vivre en bonne entente, où chacun à son niveau (sol et sous-sol), son rôle et son utilité. C’est un début de réalisation de la Déclaration universelle des Droits de l’Âne. À ce moment, Maurice, un maître chat, un de ces matous prodigieux s’en reparte sur les chemins vers de nouvelles aventures.


Oh, dit Marco Valdo M.I., c’est une belle histoire. N’est-elle pas de notre écrivain de chevet ; oui, sans doute, n’est-ce pas ? À propos de chevet, je te signale que le rat lettré de la chanson a bien retenu la leçon de Shéhérazade et des mille et une nuits, ce qui est considérable pour un muridé dont l’espérance de vie est de 600 à 700 jours. D’ailleurs, de ce que j’en sais, il l’applique (lui ou un de ses descendants) encore au clair de lune dans la bibliothèque de mon quartier, comme tant d’autres rats de bibliothèque le font dans le monde entier. Mais, je te laisse conclure.


Ainsi, dit Lucien l’âne, à la fin, ces deux-là – chat et rat, vont pouvoir eux aussi partager le plaisir du dialogue maïeutique et nous, nous allons tisser le linceul de ce vieux monde inculte, raciste, illettré, idiot et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Dans une bibliothèque vivait un vieux rat

Qui lisait, lisait, lisait, lisait, à tour de bras.

D’histoires et de livres, il se gavait ;

Les personnages en immense quantité, il rencontrait.


Il connaissait des chiens aux crocs blancs,

Des rhinocéros, la reine Frédégonde,

Des princesses, des capucins et des éléphants.

L’étendue de ses connaissances étonnait tout le monde.


À ses cousins illettrés, il racontait et se vantait

Que d’un seul coup, il dévorait les chats,

Des chats au goût de papier et d’encre,

Des chats à manger sans attendre.


Mais un jour, un chat à la noire fourrure

Surgit de nulle part et sa tranquillité fut brisée

— Mon cher surmulot, j’apprécie la littérature,

Mais ainsi d’un chat, vous n’avez que l’idée.


Le chat riait dans sa moustache, sans retenue.

Le rat cherchait comment survivre ; sur le champ,

Il débita une histoire que dans un livre, il avait lue

Et le chat, tel un sultan, l’écouta attentivement.


Il était une fois, une araignée qui luttait contre le vent ;

Le rat racontait lentement pour gagner du temps.

Par sa souplesse, l’araignée survécut à Éole,

Comme elle l’avait appris d’un vieux livre d’école.


Le rat connaissait peu les vrais félins,

Mais il profita de la bienveillance du sien,

Qui aimait les contes plus que manger du rat.

Contre de futures histoires, le chat laissa vivre le rat.


Le chat et le rat, depuis lors, chaque soir,

Et en paix, pour au moins mille et une nuits,

Dans la bibliothèque, ensemble sans plus de tracas,

Par les histoires et les livres combattent l’ennui.

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