mardi 15 septembre 2020

POINTS DE VUE

POINTS DE VUE


Version française – POINTS DE VUE – Marco Valdo M.I. – 2020

Chanson italienne – Punti di vistaZauber2001






Dialogue Maïeutique


Une chanson, même courte, Lucien l’âne mon ami, peut dire beaucoup de choses à propos du monde tel qu’il est, à propos du monde tel qu’il ne va pas ou plutôt, tel qu’il va mal.


Sûrement, dit Lucien l’âne, tout le monde sait ça.


Peut-être bien, dit Marco Valdo M.I., mais il y a la manière. On peut en condensant faire un petit air qui n’a l’air de rien et qui peu à peu, sans crier gare, peut faire entendre l’indignation face à ce réel que des hommes imposent à d’autres hommes, des femmes ou des enfants. C’est ce que raconte cette chanson en trois petits points de vue portés sur une même chose : une paire de chaussures superflue, absurde, inutile. On a donc : un, le point de vue commercial, celui où seul importe le profit, celui de notre monde actuel en quelque sorte ; deux, le point de vue de l’enfant qui au bout du monde, pour deux fois rien, douze ou quinze heures par jour, trime pour fabriquer ces banales chaussures (une création unique à des millions d’exemplaires) et troisième temps, un homme quelconque achète ces chaussures idiotes et s’empresse d’ignorer dans quelles conditions elles ont été fabriquées. Finalement, que l’enfant ne puisse pas aller à l’école – car il doit fabriquer ces chaussures, que l’enfant perde sa vie à la gagner (à peine) et que tout ça, lui fera un avenir aussi désastreux, malgré ses rêves. De tout ça, l’acheteur s’en fout ; il ne s’intéresse qu’à l’apparence de l’emballage de ses pieds.


La belle affaire, dit Lucien l’âne. Vous les humains, quelle race ! Je préfère nettement rester un âne anonyme.


Oh, tu as parfaitement raison, Lucien l’âne mon ami, mais il est tout aussi possible d’être un homme anonyme et passer dans ce monde – en évitant de telles chaussures – comme par temps de pluie on passe entre les gouttes ; certes, on sera mouillé, c’est inévitable, mais en l’occurrence, c’est l’intention qui compte et on aura fait sa vie sans exploiter, ni déranger les autres.


C’est ça la civilité, mère de la civilisation, dit Lucien l’âne, mais pur ce que j’en sais, la race humaine est très loin d’y parvenir.

Pour en revenir à cette chanson de Zauber, je lui trouve une ancêtre, une sorte d’air de famille, une généalogie dans la conception avec les Actualités de Stéphane Golmann, une chanson écrite et chantée cinquante ans auparavant. Je te laisse découvrir en quoi elles sont proches.

Oui, dit Lucien l’âne, je pense me souvenir de la chanson de Golmann, mais je m’en vais quand même comparer ces deux histoires pour voir en quoi elles sont parentes. D’ici là, tissons le linceul de ce vieux monde exploiteur, bêtasse, frivole, avide, absurde et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane









L’homme regarde

Son bénéfice de mai.

Il dit : « Je sais.

Il m’a fallu de l’audace

Pour à l’Est, m’en aller

Et venir ici sur place

Créer en Asie

Le Fait main en Italie ».





L’enfant regarde

Les chaussures et les ballons en cuir,

Cousus par lui et chuchote :

« Je suis sûr que je vais mourir

Avant que ne vienne le jour meilleur

Où j’aurai moi aussi deux

De ces souliers de Dieu

Ou d’un autre basketteur ».





Un homme regarde

Ces souliers qu’il a payés

Cher, mais il désire

Ignorer qu’il a acheté

En même temps, la vie d’un enfant

Qui a, là-bas au loin,

L’âge de son enfant

Un peu plus ou encore moins.

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