Sous
la Pluie
Chanson
française – Sous la Pluie – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 27
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Tu
te souviens, j’espère,
Lucien
l’âne mon
ami,
que
l’épisode précédent que racontait la chanson « Les
Fontaines jumelles » s’était achevé par un laconique « Tôt
le matin, il nous faudra partir. »
Certes,
répond Lucien l’âne, et même, je me souviens de l’intervention
musclée de Matthias, qui finit par casser le nez de son frère
Lukas, afin de sauver Barbora des assauts lubriques de son violeur ;
un terrible affrontement fratricide.
Nous
voici, reprend Marco Valdo M.I., au matin et comme prévu, Matthias
s’éveille fort tôt et se prépare à partir.
Il
rassemble des affaires et fait son paquetage ; il y joint
évidemment son coffret secret et roulé dans un étui, le portrait
d’Arlecchina qu’il emmène partout tout au long de ses
pérégrinations. Puis, il s’en va réveiller Barbora pour le grand
départ ; car, véritablement, c’est le grand départ ;
on n’y reviendra pas de si tôt dans cette ferme. Barbora encore à
moitié endormie le suit sans rechigner et sans dire un mot, comme
une somnambule.
Oh,
dit Lucien l’âne, il ne faut pas s’attendre à autre chose d’une
personne qui se trouve au fin fond de sa dépression profonde et
qui la veille encore, a subi une violente attaque de son prédateur.
Elle doit être entièrement réfugiée en elle-même, comme on se
replie dans un trou ou une cave pour se mettre à l’abri du danger
et aussi, pouvoir un peu s’y ressourcer.
Parfaitement,
Lucien l’âne mon ami ; donc, Barbora et Matthias se mettent
en route et s’éloignent au plus vite du village. Cependant, le
ciel ne leur facilite pas la tâche, car les nuages se déversent à
grandes eaux sans interruption. Il pleut tellement que Matthias
revient sur ses pas chercher une bâche pour les couvrir.
Les
voilà en chemin, dit Lucien l’âne ; les amarres sont
rompues. Mais au fait, où vont-ils comme ça ?
En
vérité, répond Marco Valdo M.I., on ne le sait pas. Vu les
circonstances, cette excursion n’a pas été préparée ; sans
doute est-ce : « On ne sait pas où on va, mais on y va et
vite. »
Si
tu veux mon avis, Marco Valdo mon ami, pour la destination, c’est :
« Partout, sauf d’où on vient. » Et plus l’écart
sera grand, mieux ça vaudra.
C’est
bien ça, reprend Marco Valdo M.I. ; maintenant,
je dois te dire que la situation se complique encore, car il y a une
troisième personne qui se retrouve, malgré elle, dans cette
équipée. C’est Arlecchina,
qui
reparaît
puisque Arlequin a repris son errance.
Et l’Arlequine, un peu coquine, lui fait une scène de jalousie à
propos de Barbora et essaye de se débarrasser de cette importune.
Pourtant, Arlequin tient bon et impose à ces deux compagnes,
complices d’un déserteur, la coexistence pacifique.
Voilà
qui est bien qui finit bien, conclut Lucien l’âne. Alors, tissons
le linceul de ce vieux monde pluvieux, humide, glacial, grisouillard
et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Matěj
avant l’aube s’habille,
Met
ses souliers, emballe son fourbi
Et
roulée dans son étui, sa sainte qui sourit.
Il
réveille la fille et l’emmène sous la pluie.
Nulle
protestation, pas de question, Barbora
Se
lève et sans hésiter lui emboîte le pas.
Sur
le sol, il reste quelques taches noires ;
La
nuit, le sang sèche vite dans le noir.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Avec
sur la tête, une bâche à fourrage,
Courbés,
ils s’éloignent vite du village.
Sous
la toile, le nouveau monde s’avançait ;
Personne,
ni eux, ne savait où ils allaient.
« Où
vas-tu, Pollo ? Dis-moi, pulcino,
Que
vas-tu faire, mon beau, de ce ballot ?
Elle
a les jambes vilaines,
C’est
un poids que tu traînes.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
« Oh,
Madonna !, Arlecchino, que fais-tu ? »
« Tu
es jalouse de Barbora ? Que veux-tu,
C’est
un peu ma fille, je ne peux la laisser.
Allons
Arlecchina, viens sous la toile t’abriter.
« Oh,
mon bon, nous avons tant vieilli ! »
Arlequin
essuie le visage de la belle Arlecchina.
« À
trois de front, il nous faut aller au pas
Venez,
je suis déserteur et d’ailleurs, vous aussi. »
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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