Les Gueux des Bois
Chanson
française – Les
Gueux des Bois
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 75
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXIV)
Ulenspiegel le Gueux – 75
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXIV)
Dialogue
Maïeutique
À
en croire le titre de la canzone, dit Lucien l’âne, il y aurait
une troisième sorte de Gueux ; après les Gueux de terre et les
Gueux de mer, on découvre les Gueux des bois. Dans le fond, c’est
bien possible et cette nouvelle sorte de Gueux dans son village perdu
dans les feuillages me fait irrésistiblement penser à Walter Scott
et à son Robin des Bois.
À
mon sens aussi, ce n’est pas sans rapport, dit Marco Valdo M.I.,
d’autant que Charles De Coster, né en 1827, avait sans aucun doute
pu lire, déjà dans son enfance ou son adolescence, l’Ivanhoé qui
était le livre d’aventures par excellence et avait marqué les
romanciers romantiques de sa génération. C’est notamment le cas
d’Alexandre Dumas. Par ailleurs, la canzone reprend et sans
hésitation cette même filiation.
Pour
ce que j’en ai vu, et pas seulement le titre, dit Lucien l’âne,
c’est évident. D’autre part, Till lui-même a des points communs
avec l’archer vert de la Forêt de Sherwood : guerre de
libération, résistance, justicier au grand cœur, combattant
inébranlable qui prend le parti des pauvres contre les riches…
J’arrête là, mais la chose est certaine. Je pense aussi
reconnaître ton goût pour le deuxième sens des mots et des choses
dans le titre qui sonne à mon oreille d’âne de bien curieuse
façon ; il me semble entendre : les gueules de bois. Mais
peut-être est-ce pure supputation de ma part ?
Lucien
l’âne mon ami, je ne répondrai pas à pareille insinuation mal
torchée, car elle a toutes les raisons d’être pertinente.
Cependant, pur en revenir à cet épisode de la Légende et à cette
troisième sorte de Gueux, il me semble qu’elle a dû
nécessairement exister, car la répression espagnole chassait les
hérétiques et avait provoqué des exils nombreux ; de
surcroît, dans toutes les guerres de résistance et de libération,
on trouve toujours des maquis, des forêts, des bois, des marais, des
montagnes, quand ce n’est pas des déserts qui sont des lieux de
refuge pour les rebelles. Et enfin, il y aurait mille et mille choses
à dire encore, mais ce n’est pas le lieu ici pour des
développements encyclopédiques. Ici, nous ne faisons qu’effleurer
les choses ; quant aux détails, la chanson en fourmille.
En
effet, Marco Valdo M.I., ici, on laisse place à l’imagination et à
la patiente recherche. Nous pauvres lélians, pauvres descendants des
canuts, nous n’avons pas le temps, ni la notoriété nécessaires
pour pontifier. Il nous revient seulement de tisser le linceul de ce
vieux monde insensé, injuste, imbécile, incorrect et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
soleil d’été tue l’ombre ;
À
midi, le répit n’existe pas.
Délaissant
le bord de la rivière,
Till
et Lamme entrent dans le bois.
Assis
à l’orée de la clairière,
Ébahis,
les deux compères
Regardent
passer les cerfs
Et
les broquarts surgissant du vert.
Till
dit : « Tirons ce gibier
Qui
va à sa reposée dans le hallier.
Poursuivons-le
dans le fourré,
Il
nous fera de quoi manger. »
Lamme
répond : « Cerf est gibier de roi.
Laisse
courir cette bête-là !
Si
on nous prend à le chasser,
Nous
serons pendus sans pitié. »
Une
bande de loqueteux armés
Qui
chassaient la harde.
Emmènent
Till et Lamme prisonniers
À
leur campement, sous bonne garde.
Au
camp, des hommes en armes,
Des
femmes, des enfants, tous en alarme.
Till
dit : « N’êtes-vous pas nos Frères des bois
Qui
fuient la persécution des soudards du roi ? »
« Nous
sommes Frères des Bois,
Dit
le plus vieux, mais qui es-tu, toi ? »
« Je
suis, dit Till, peintre, manant, sculpteur,
Par
le monde, je vais libre et sans peur. »
« Et
qui es-tu toi, gros homme ?
« De
par le monde, je cherche ma femme. »
« Écoute
la sonnerie, le cerf est mort.
Nous
le mangerons ce soir encore. »
Till
dit : « Ne craignez-vous pas
Les
juges, les happe-chair, les forestiers ? »
« Nous
sommes nombreux, ils préfèrent nous ignorer.
Nous
vivons en paix, tant que l’Espagnol n’est pas là. »
Till
dit : « C’est sur mer,
Qu’il
faut combattre ce fléau.
Pour
chasser le bourreau et ses féaux,
Il
n’est plus temps de guerre sur terre. »
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