Les Fiancés de Mai
Chanson
française – Les
Fiancés de Mai– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 63
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXV)
Ulenspiegel le Gueux – 63
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXV)
Dialogue
Maïeutique
Au
commencement, il y avait Till
et Philippe, disait l’autre
chanson,
commente
Marco Valdo M.I., une
chanson qui montrait la face sombre de la Légende. Ainsi,
à l’opposé, il a une face claire de la Légende qui est faite des
amours de Till et de Nelle ; c’est le fil de la vie qui se
dénoue et qui illumine la Légende. Cependant, on l’avait un peu
perdue de vue.
En
effet, dit Lucien l’âne, on se perdrait un peu au travers de ces
massacres et de ces assassinats et les bûchers de l’Inquisition
catholique ne faisaient qu’assombrir le paysage. Mais je t’en
prie, dis-moi, mon ami Marco Valdo M.I., ce qu’il en est des
Fiancés de mai.
Les
Fiancés de mai ?, sans doute, Lucien l’âne mon ami, en as-tu
entendu parler autrefois lors de tes pérégrinations ; c’est
un de ces rites paysans ou païens qui se perpétuent dans les
régions où subsiste une certaine ruralité. Il s’agit d’assurer
l’avenir. En fait, le mois de mai est lui-même chargé de cette
énergie de renouveau, c’est le moment, dans nos régions, où le
printemps s’affermit et où l’année entre dans sa plus lumineuse
saison. C’est aussi le moment des accordailles qui se font pour
donner naissance au printemps suivant ; c’est le moment le
plus propice pour faire bénéficier la génération des meilleures
conditions de vie. Comme
tu le sais, pour faire naître au printemps suivant, il faut s’y
prendre à temps…
Soit,
dit Lucien l’âne, en voilà assez pour les considérations
générales et en quelque sorte, anthropologiques ou sociologiques de
la gloire de mai. Et
si je ne t’interrompais pas, il y a de forte chance que j’aurais
vu venir la légende du Joli
Mois de mai,
du bois
de Chaville et Mai,
mai, mai, du temps des barricades. Mais justement,
j’aimerais mieux en savoir plus sur la chanson elle-même.
Certainement,
Lucien l’âne mon ami. Tu as certainement raison de mettre le holà
à mes débordements ethnologiques et de me ramener à ce qui doit
être dit. Dans les faits, il s’agit de rappeler que Nelle existe,
que pour elle, en l’absence de Till, la vie continue et
qu’il faut qu’elle reste à la maison pour prendre soin de
Katheline que la torture a rendu folle. Ce n’est pas un rappel
anodin que celui-ci qui met en avant la nécessité de la solidarité
et de la protection des plus faibles. Mais, mais, mais, Nelle est
sollicitée par toute la société de Damme pour rentrer dans le
giron commun, se laisser engluer dans le conservatisme social et ses
figures rituelles et par cela, abandonner Till et son combat pour la
liberté et l’indépendance de la pensée et de l’être. Ce que
Nelle se refuse à faire ; pour elle, c’est aussi et
hautement, l’affirmation de son individualité et de son droit à
la rêverie et à la poésie. Voilà ce que raconte la chanson. Pour
les détails et l’anecdote, il suffit de se référer au texte.
Je
m’empresse de le faire et de reprendre notre tâche qui consiste à
tisser le linceul de ce vieux monde engluant, conservateur,
socialisant, enrégimentant, banalisant et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
En
ce temps-là, Till vaguait au lointain
Pour
défendre la liberté
Et
les dames de Damme, un matin
Nelle
viennent trouver.
Nelle,
disent-elles, tu es celle
Qui
de mai est la fiancée
Par
tous les gars désignée
Pour
te cacher dans les roseaux et les prêles.
Je
vous remercie, mes sœurs,
Dit
Nelle, souriante et confuse,
C’est
un grand honneur,
Mais
il faut que je refuse.
Nelle
si fraîche, si sage, si belle,
Tous
les garçons rêvent de celle
À
la beauté si fière,
Que
les commères disent
œuvre de sorcière.
Si
vous accusez Katheline de ce délit,
Vous
êtes lâches, médisantes et bêtes.
La
justice des hommes lui a brûlé la tête ;
Avec
la fumée, s’en est allé son esprit.
« Ôtez
le feu ! », il reviendra !
Accroupie
dans son coin,
Katheline
geint.
« Ôtez
le feu ! », il reviendra !
Dans
les hautes herbes, les fiancés de mai
Se
dissimulent sans peine.
Celui
qui trouvera celle-ci sera roi ;
Celle
qui trouvera celui-là sera reine.
Et
Nelle entend les cris de joie,
Et
Nelle écoute la lointaine voix.
Commères,
dit Nelle, mon cœur n’est pas ici,
Il
vague au loin avec mon ami.
Mon
ami Till, le libre esprit
Qui
marche de pays en pays,
Semant
partout les pépins de liberté
Qui
poussent et repoussent dans l’éternité.
Nelle
songe au doux temps
Où
ardemment, elle cherchait
Dans
les prêles, le fiancé de mai
Et
trouvait Till son galant.
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