jeudi 7 juin 2018

LA GUERRE


LA GUERRE


Version française – LA GUERRE – Marco Valdo M.I. - 2018
d’après la version italienne de Riccardo Venturi – LA GUERRA – 2018
de la
Chanson polonaise – WojnaJacek Kaczmarski2006
Texte et musique : Jacek Kaczmarski
De "Suplement" [2006]
(Album supplémentaire a Syn Marnotrawny, l’"opera omnia" de J.K.)


Je vis dans le sous-bois parmi de vieux arbres
Sans savoir que la Machine et la Raison existent.




Dialogue maïeutique


« Je ne le fais pas souvent, au contraire, presque jamais. Pourtant, dans ce cas, je voudrais attirer l’attention sur ce chef-d’œuvre de Jacek Kaczmarski. Un chef-d’œuvre, si tant est que, pas très connu même en Pologne (mais ici je demande évidemment confirmation Christophorus Corvinus). Je saisis l’occasion pour faire une autre chose pour moi fort rare de demander une traduction française à Marco Valdo M.I., parce qu’il me semble que cette chanson « préhistorique » (ou mieux, qui parle de la préhistoire d’aujourd’hui) raconte bien la « guerre de 100 000 ans ». Dobranoc. Riccardo Venturi ». Telle était, en italien que j’ai retranscrit en français « à ma mode », l’invitation que R.V. nous a faite de « traduire » cette chanson polonaise, qu’il avait lui-même traduite en italien. Évidemment, tout ça a l’air bien complexe, mais c’est le fonctionnement normal des Chansons contre la Guerre, un site où rigoureusement personne n’est capable de comprendre toutes les chansons ou les textes qui s’y publient directement dans leur langue originale. Aux dernières nouvelles, on y rencontre 144 langues, sans compter que ces langues n’utilisent pas toujours les mêmes alphabets, les mêmes signes et caractères, ni même la même notation, la même écriture.

Oh, dit Lucien l’âne, voilà qui est preuve d’une belle solidarité internationale et interlinguistique.

En effet, Lucien l’âne mon ami, mais tu m’avais interrompu au moment où je voulais te préciser encore – chose que tu connais certainement, que toutes ces langues non seulement sont différentes, mais en plus, elles n’écrivent pas toutes dans le même sens. Et puis, ce dont on se rend moins compte a priori, c’est que du point de vue informatique, ce site, c’est de la jonglerie de précision. Mais n’importe, je voulais dire aussi que comme toutes les autres transcriptions que firent les copistes à travers les âges, il y a des modifications, des erreurs, des glissements qui s’intercalent.

Ha, dit Lucien l’âne, c’est un vrai problème aussi.

Certes, dit Marco Valdo M.I., mais pour bien fixer les choses, voici ce qui peut se passer schématiquement. On a donc une chanson A dans la langue A – par chance, on possède le texte original de la main de l’auteur ou une édition plausible (ainsi, pour l’instant, on laisse de côté la transcription à l’oreille ou une lointaine copie d’une chanson ancienne ou une série de versions dissemblables) ; le premier traducteur B en fait une version B dans la langue B (on suppose qu’il connaît quand même un peu la langue A) ; le deuxième traducteur C utilise la version B, car il ne comprend pas A et même, il ne peut pas la lire en raison des caractères ou de l’écriture utilisée et il en fait une version C, etc. On suppose qu’ils sont tous compétents dans leur propre langue et que leur version est fiable au moins dans sa propre langue.

C’est bien ce que j’imaginais, Marco Valdo M.I. mon ami. Dans ce cas, B fait confiance au texte A, C à B, et ainsi de suite.

Et c’est le cas, dit Marco Valdo M.I. et souvent même, sans aucun moyen de vérifier les étapes antérieures. D’où l’intérêt et la nécessité de préciser clairement sur quelle version on s’appuie. Ici, par exemple, la version italienne de Riccardo Venturi d’une chanson polonaise de Jacek Kaczmarski. Idéalement, il faudrait dater la version de référence.

Oui, en effet, dit Lucien l’âne. On peut avoir plusieurs versions d’un même texte établies pas un même traducteur à des époques différentes.

Maintenant, reprend Marco Valdo, quelques mots à propos de cette chanson pour dire qu’elle a de la chance que R.V. l’a traduite en italien et qu’il m’a sollicité pour une version française et ceci quelle que soit la « valeur » ou la « qualité » de la version française que j’en ai faite.

Je sais, dit Lucien l’âne, mieux vaut une mauvaise version française que pas de version française du tout. Cela dit, j’espère qu’elle est quand même correcte. S’agissant de cette Pologne souvent si mal embarquée dans l’Histoire, si malmenée par ses voisins et par ses propres dirigeants et pour ce que j’en sais, encore aujourd’hui où elle sombre dans l’idiotisme nationaliste, xénophobe et réactionnaire, concluons en réaffirmant la nécessité de tisser le linceul de ce vieux monde trop nombriliste, conservateur, réactionnaire, passéiste, borné, national, croyant, crédule et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Je vis dans le sous-bois parmi de vieux arbres
Sans savoir que la Machine et la Raison existent.
Je reconnais l’élan aux traces d’excréments ;
Je tue des poissons et je lave le sang dans la rivière.
Je vois l’autour ravager les nids
Et le lac révéler le parcours de la loutre ;
Et je sais, quand je tourne mon regard vers les étoiles,
Qu’elles ne sont pas les étincelles de feux du printemps.

Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.
Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.

Chaque soir, je me penche vers le feu
Et je murmure des invocations improvisées.
J’ai peur du noir et du bruit de la traque ;
Il y a des choses que je ne me représente pas.
J’existe, et ça suffit pour que le monde existe,
Je lis les augures dans les flammes
Et je vois en moi la Folie et l’Ordre,
Comme dans le feu, je vois le Chaud et le froid.

Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.
Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.

Les hommes sont mauvais, mais j’en connais quelques bons.
Ils ne tuent pas l’aigle pour avoir ses plumes,
Et dans leur âme, on ne voit pas la Race Victorieuse.
Ils aiment les Hommes, pas l’Humanité ou le Peuple.
La peur gouverne l’esprit des reptiles,
Mais dans l’éclat des soleils d’été,
Sur le chemin couvert d’herbe,
Leur passage calme ne laisse pas de traces.

Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.
Voilà pourquoi je crois au prodige et à la vérité des prophéties.

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