Le Sermon de Cornélis
Chanson
française – Le Sermon de Cornélis– Marco Valdo M.I. –
2018
Ulenspiegel le Gueux – 35
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XI)
Ulenspiegel le Gueux – 35
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XI)
Et même ici, sans aucune retenue,
Les
Adamites courent nus dans les rues.
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L’autre
jour, commence Marco Valdo M.I. du ton du conteur, Till était à
Bruxelles et faisait le rossignol auprès d’une couturière qu’il
avait vue à sa fenêtre.
Sur
ce, Lucien l’âne tout guilleret se met à fredonner :
« Rossignol,
rossignol de mes amours,
Dès que minuit sonnera,
Quand la lune brillera,
Viens chanter sous ma fenêtre »
Dès que minuit sonnera,
Quand la lune brillera,
Viens chanter sous ma fenêtre »
C’est
exactement ça qui s’est passé, Lucien l’âne mon ami, c’est
exactement ça que Till a entendu, mais par une voix plus féminine
que celle du ténor basque, Luis Mariano qui par la voie des ondes
charmait les ménagères qui elles avaient les mains dans l’eau
graisseuse du bac à vaisselle.
Mais,
trêve de marivaudage et de zwanzerie, Till et Lamme, à toute
allure, ont dû fuir Bruxelles et se retrouvent à Bruges, fort
désargentés, ce qui les mène tout droit dans une église en lieu
et place d’une taverne, où ils ne pouvaient payer leur écot.
Alors,
si je comprends bien, dit Lucien l’âne, nos deux compères sont
dans une église. Voilà qui n’est pas ordianire. Et que
peuvent-ils y faire ?
Oh,
là, pas grand-chose, répond Marco Valdo M.I. et d’autant moins
qu’ils arrivent au moment où le Père Cornélis Adriaensen, tel
Jupiter en colère tonne son sermon devant un aréopage de jeunes
femmes, béates de confuse admiration, subjuguées de chrétienne
componction. Le prêcheur de sa chaire les écrase et de son discours
fulmine les hérétiques de tous poils : luthériens,
calvinistes, adamites, libertins et athées, tous gens qui – aux
yeux du religieux aboyeur et à ceux de la Très Sainte Mère de Rome
– sont tous des gueux.
Ah,
dit Lucien l’âne, je vois que le temps est à l’orage, que les
prédicateurs se muent en provocateurs et ouvrent ainsi la porte aux
pires excès, aux plus terribles outrages.
Tu ne
crois pas si bien dire, Lucien l’âne mon ami, car si cette chanson
du Sermon de Cornélis est en soi effrayante, elle n’est que la
première partie du discours du « vilain Père Cornélis »,
dans laquelle il dénonce les hérétiques et les accuse de toutes
sortes de vilenie. La suite est pire encore, mais c’est l’objet
de la ou des prochaines chansons. Une dernière remarque avant de te
laisser conclure. Parlant des Libertins (ne serait-ce pas des
libertaires tout simplement d’être aussi rétifs aux enseignements
de la catéchèse ?), l’énergique Père Cornélis dit que
« le devoir de l’homme est de se soumettre » et
compte-tenu de notre devise, qui est – je le rappelle – « Ne
jamais se soumettre », l’éructant prêcheur nous aurait
montrés du doigt et nous aurait désignés à la vindicte catholique.
Bonté
divine, dit Lucien l’âne en riant de toutes ses dents, il ne me
fait pas peur ce pénible orateur. Attendons donc la suite avec
patience, d’autant plus qu’il te faut encore l’écrire. Alors,
sans désemparer, reprenons note tâche et tissons le linceul de ce
vieux monde sermonneur, accusateur, dénonciateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Plus
tard, à Bruges, en une église,
Till
et Lamme ouïrent ainsi prêchant
Le
vilain Père Cornélis,
Sale,
éhonté, aboyeur prédicant.
Jésus,
clamait-il, fut justement condamné,
Car
il avait désobéi aux lois antiques.
Les
lois punissent toujours les hérétiques
Qui
veulent rejeter la Sainte Autorité.
Une
requête contre l’Inquisition ?,
Contre
les placards si fertiles,
Établis
dans un but si bon,
Plus
nécessaires que le pain et plus utiles.
Dans
quel gouffre infect et puant,
Va-t-on
tomber à présent ?
Luther,
ce bœuf enragé, ce balourd,
Triomphe
en Saxe, en Brunswik et en Lunebourg.
Dans
le Nord, Servet le Lunatique
A
imposé sa vision hérétique :
Il
blasphémait la Trinité.
Heureusement,
Calvin l’a brûlé.
Contre
l’Église, ces loups vont protestant.
Calvin,
sentant l’aigre, dégoûtant,
Face
de fromage et grandes dents,
Ne
vaut pas mieux que l’Allemand.
Que
voit-on en nos pays si pieux ?
Des
Libertins méprisant Dieu.
Et
même ici, sans aucune retenue,
Les
Adamites courent nus dans les rues.
Ils
mentent tous ces hérétiques.
Le
devoir de l’homme
Est
de se soumettre à l’Église catholique,
À
notre Sainte Mère de Rome.
À
Anvers, ils disent ces gueux :
« Il
n’y a pas de Dieu,
Ni
de vie éternelle, ni de résurrection,
Ni
d’éternelle damnation,
Il
n’y a pas de purgatoire. »
Comment
oser douter du purgatoire ?
Sans
lui, bonnes gens, il n’y a pas d’espoir
De
voir un jour Dieu en sa gloire.
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