La
Leçon d’Alcuin (Vox Media 2018)
Chanson
française – La Leçon d’Alcuin (Vox Media 2018)– Marco Valdo
M.I. – 2018
Dialogue
Maïeutique
Voici,
Lucien l’âne mon ami, une revisitation de Vox Media, une chanson
de 2010. Je l’ai refaite presque entièrement compte tenu de
certains développements actuels. Tu devineras bien lesquels. Par
ailleurs, j’ai conservé une grande partie du dialogue ; j’ai
laissé ces passages tels quels au sein du dialogue actuel.
Vox
Media, dit Lucien l’âne, que veux-tu dire par là ?
Entends-tu signifier une voix, car vox, si je me souviens bien, veut
dire voix en latin, donc, une voix moyenne, une voix du milieu ou une
voix dont le nom serait Media.
Ce
serait plutôt dans ce dernier sens qu’il faut aller, mon ami
Lucien l’âne. Media est une sorte de nom international qui désigne
les moyens de diffusion – et non de communication, comme certains
essayent de le faire croire. On diffuse, un point, c’est tout.
Juste un mot à ce sujet : pour qu’il y ait communication, il
faut qu’il y ait une voie à double sens, un aller-retour, une
expression et une réponse et de surcroît entre deux parties égales.
On est loin du fonctionnement des médias où il y a d’un côté,
un diffuseur, une voix massive, forte, puissante et unilatérale et
de l’autre, des récepteurs minuscules, atomisés et sans voix –
une partie qui seule a le droit de parler ; de l’autre, celle
qui a le devoir de rester muette. Je te laisse deviner qui détient
le pouvoir et dans quelle mesure ce pouvoir est discrétionnaire.
C’est donc bien de la Voix des Médias qu’il s’agit ici et tu
devines bien également pourquoi la canzone parle aussi de Vox Merda.
Pour le reste, tu découvriras par toi-même quels sont les méandres
de la méditation de notre prisonnier. C’est une réflexion sur le
pouvoir. Tu verras qu’il est question aussi de la grosse mouche
bleue qui s’appelle Merda.
Oh !
Les mouches, je ne les supporte pas. Surtout, les taons et les
grosses mouches bleues qu’on appelle chez nous les mouches à
merde. Tiens, Marco Valdo M.I., je ne sais si c’est intentionnel,
mais la canzone me rappelle un auteur de pièces de théâtre grec,
le dénommé Aristophane, qui faisait dans la satire et avait écrit
une histoire où il était également question d’un stercoraire,
d’un bouseux mangeur de merde. Un cousin de Merda, la mouche bleue
qu’on voit sur tous les écrans de télévision et les premières
pages des journaux, entourée de son essaim de gardes du corps. Une
vraie marionnette, celui-là.
Plus
sérieusement, et pour en revenir à la Vox Media, c’est un
instrument de pouvoir redoutable en ce que, vois-tu Lucien l’âne,
mon ami, les humains sont crédules et terriblement influençables.
Mais
la canzone n’est pas aussi éthérée qu’on pourrait l’imaginer.
Elle ne vole pas que par les ondes, elle est aussi incarnée dans un
personnage particulier, celui qui détient le « pouvoir ».
Au début de cette histoire, on trouve Charlemagne et cette réflexion
d’Alcuin, qui fut son ami, son conseiller et son ambassadeur qui
disait : « Vox populi, vox Dei » ; ce que
l’Empereur n’eut de cesse d’inverser, comme le feront tous les
potentats afin de mieux tenir les rênes de l’équipage. Voilà
pour la théorie.
Ensuite,
la chanson évoque un cas contemporain hautement exemplatif ; il
s’agit de Silvio B. qui fut un temps président du Conseil des
ministres en Italie, tout en restant le patron de médias privés et
d’un club de football.
Il
fut aussi, comme sans doute, tu en as eu écho, un grand consommateur
de demoiselles, plus ou moins tendres, à qui il offrait de se faire
voir sur ses écrans ; certaines même eurent droit à des
postes en vue sur la scène politique. Souviens-toi, je t’avais
déjà parlé de George Orwell et de sa mise en garde : « Big
Brother is watching you ! », que dans ce cas-ci, on
pourrait traduire par « Papi vous regarde ! » et
vous montre (offre de voir, faut-il dire) toutes ces belles personnes
et leurs avantages.
Comme
disait Boby Lapointe : Davantage d’avantages avantagent
davantage, dit Lucien l’âne en riant de tout son piano. À propos,
Marco Valdo M.I. mon ami, ton personnage a fait des émules et il en
est un qui s’illustre à la tête d’un des pays les plus
puissants du monde. Il n’est pas le seul, d’ailleurs. Il est vrai
que le pouvoir corrompt celui qui s’y frotte et ceux ou celles qui
l’approchent et cette corruption n’est pas un phénomène
extérieur, elle atteint la personne jusqu’au plus profond de sa
personnalité. Cependant, je te l’accorde, cet aspect moral et
individuel n’inquiète pas beaucoup ceux que la corruption touche.
Mais
tu sais, Lucien mon ami l’âne, peu importe le guignol au pouvoir.
En fait, détenir la Vox Media est une arme formidable dans la Guerre
de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d’accroître
leurs richesses, leurs privilèges et leur pouvoir. Vox Media, Vox
Merda. C’est la voix de ce monde cacochyme et puant. Nous
creuserons sa fosse et nous lui tisserons un linceul à sa mesure.
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
y a bien longtemps,
Il
y a mille deux cents ans,
À
Aix, en Allemagne,
L’Empereur
dit à son ministre :
La
voix du peuple est sinistre,
Elle
sent trop la campagne,
Elle
couvre ma voix,
La
voix du Roi.
Alcuin
répondit à Charlemagne
Vox
populi, vox Dei,
Semper
insaniae proxima sit.
Voix
du peuple, voix de Dieu, sic transit !
Se
trouvent toujours proches de la folie.
Tant
que le peuple croira,
La
voix de Dieu sera celle du Roi,
L’Église
y veillera !
Force
reste à la Loi,
Media,
Merda,
Et
patati, et patata !
Merdi,
merda et tralala !
Quand
on a un parti, des sociétés,
On
a des banquiers, des associés,
Des
obligés, des électeurs,
Des
avocats, des curateurs.
Tout
ça n’est pas bien compliqué,
Quand
on a compris la vie.
Il
suffit de gérer
En
bon père de famille.
Un
club de football, c’est épatant ;
On
peut y faire beaucoup d’argent.
Toujours
à la limite de l’escroquerie,
L’équipe
marque des buts et ne perd pas.
Media,
Merda
Mensonges,
faits déformés.
Et
patati, et patata !
Merdi,
media et tralala !
Le
sommeil descend se coucher
Sur
la pensée et les livres absents.
Turpitudes
mégagalactiques, détails insignifiants.
Là-bas
dans le palais, là-bas dans sa villa.
On
finissait le repas.
L’alcool
coulait à flots,
La
musique dégoulinait en sirop.
À
qui le tour ?, dit-il béat.
À
moi, à moi !, crient les Vénus impatientes –
Ce
sont là des dames bien méritantes,
On
entend des gloussements, des rires obscènes,
On
devine l’examen, on imagine la scène :
Les
filles se démènent,
Les
mains se promènent,
Dans
le palais, là-bas,
Là-bas
dans sa villa.
Et
partout on l’entend,
Et
partout, on le voit ;
Il
se défend.
Regard
fixe sur la caméra,
Il
dément.
Media,
Merda,
Et
patati, et patata !
Merdi,
media et tralala !
L’insecte
insatiable
Se
pose du l’État,
Il
s’installe à la table
Et
vide tous les plats
On
ne réussit
Ni
de jour, ni de nuit,
À
chasser ce spectre louche,
Merda,
cette importune mouche,
Grosse
apparition bleue
Qui
naît, croît et prospère,
Agite
ses ailes et sa queue
Et
d’un coup, tombe à terre.
Et
patatras !
Vox
de la folie,
Voix
de l’escroquerie,
Media,
Merda !
Et
patati, et patata !
Merdi,
media et tralala !
Media,
Merda,
Et
patati, et patatras !
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