vendredi 5 janvier 2018

PYROPHAGE

PYROPHAGE
ou 
Mangefeu, le Mangeur de feu

Version française – PYROPHAGE ou Mangefeu, le Mangeur de feu – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – MangiafuocoEdoardo Bennato – 1977
Texte et musique : Edoardo Bennato






Quel nom étrange, tu as donné au personnage de la chanson, dit Lucien l’âne. A-t-on idée de nommer quelqu’un Pyrophage ou Mangefeu. Je ne sais lequel est le plus troublant. Il est vrai que pour moi, c’est le même mot.

Oh, dit Marco Valdo M.I., il n’est pas plus étrange que son nom d’origine en italien Mangiafuoco, qui aurait pu être renommé en français tout simplement : « Mangefeu ». Mais le titre lui-même est plus complexe qu’il n’y paraît ; si l’on pense un instant à Pantagruel et Gargantua, deux romans d’Alcofribas Nasier, alias Séraphin Calobarsy, alias François Rabelais, si l’on suit Voltaire, homme intelligent, écrivain et philosophe de haut vol, dans sa manie des titres à rebond comme « Candide ou l’Optimisme » ou « Zadig ou la destinée », ou encore « Le fanatisme ou Mahomet le prophète ». Ce dernier texte étant lui-même prophétique. Écoute ceci, Lucien l’âne mon ami, tiré de la notule de Wiki : «  Mahomet apparaît comme un nouveau César, un stratège sachant que l’Empire romain n’est plus, que la Perse est vaincue, que l’Inde est réduite en esclavage, que l’Égypte est abaissée, et que Byzance ne luit plus. L’heure de l’Arabie est enfin arrivée : « Il faut un nouveau culte, il faut de nouveaux fers ; il faut un nouveau dieu pour l’aveugle univers ». Mahomet voit donc sa religion comme une politique. Ne croyant pas aux dogmes qu’il impose au peuple, il sait que ce dernier les épousera avec la fureur des fanatiques. » Pour un peu, on se croirait en 2084.
On ne peut, en effet, être plus prophétique, dit Lucien l’âne. Et nul ne peut dès lors prétendre que le ver n’était pas dans la pomme depuis l’origine. À cette précision près que Mahomet n’est qu’un spectre et n’est en définitive qu’une marionnette aux mains de gens qui entendent dominer les autres et répandre le fanatisme sous toutes ses formes. À ce propos, rappelons notre antienne que Voltaire lui-même aurait appréciée : « Fanatiques de tous les pays, calmez-vous ! ». Maintenant, si tu veux bien, revenons à la canzone dont on n’a encore rien dit.

Voire, dit Marco Valdo M.I., la chose n’est pas si sûre. On l’a déjà placée dans les chansons à odeur d’hérésie et de philosophie, même si, paraît-il, l’auteur se défend d’être sujet à pareils penchants. Mais soit, ce n’est qu’une « canzonette », mais des chansonnettes comme celle-là, on en redemande. Donc, le Pyrophage est une sorte de personnage qui rappelle le Cyclope ou le Minotaure. Plutôt ce dernier d’ailleurs. Il terrorise le monde et manipule les gens et vu ainsi, il rappelle pas mal de gens au pouvoir actuellement. Je ne citerai pas de noms, il me faudrait une telle énumération, mais enfin, on voit bien de qui je parle.

Très bien, en effet, dit Lucien l’âne. Pour n’en évoquer qu’un seul, prenons cet analphabète infantile qui chaque jour se déchaîne sur son petit écran portatif et lance illico invectives, dénonciations, mensonges et menaces ; lui, ce serait plutôt Pyrocole qu’il faudrait l’intituler. Quoi qu’il en soit, il faut bien dire que des personnages pareils sont courants dans la Guerre de Cent mille Ans, où ils sont leur rôle à jouer, selon diverses gradations et en fonction des moyens qui sont à leur disposition et une chose est certaine, ils font des dégâts et des dégâts immenses. Et nous n’y pouvons, mais cela ne nous empêche pas de tisser, tisser, tisser encore le linceul de ce vieux monde tyrannique, électif, dévoreur, avide, ambitieux et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ce n’est pas un jeu, nul ne plaisante.
Pyrophage le mangefeu arrive,
Il tire les fils ; c’est lui qui commande
Et fait danser les marionnettes.

Prenez garde les amis,
Il tranche sans merci.
Si on ne danse pas ou on danse mal,
Il vous envoie à l’hôpital.

Mais s’il te trouve sans fil, s’il voit
Que tu ne danses pas, c’est là
Que commencent les ennuis – tu verras.
Fais gaffe, prends garde mon gars,
Car il appelle ses gendarmes
Et fou, il te déclare ! …

C’est un grand bal, ce soir
Et chacun met sa jaquette.
Comédiens et marionnettes,
Tous danseront ce soir.

Tous les chefs de parti
Et par-dessus Pyrophage,
Qui fait le tri,
Tire les fils et s’amuse.

Mais s’il te trouve sans fil, s’il voit
Que tu ne danses pas, c’est là
Que commencent les ennuis – tu verras.
Fais gaffe, prends garde mon gars,
Car il appelle ses gendarmes
Et fou, il te déclare ! …

La danse est très belle
Entre Arlequin et Polichinelle.
Ils se bourrent de coups de pied,
Se brisent les os, et
Pyrophage encaisse.

Pyrophage est un marchand,
Il met très haut les prix.
Il n’a jamais de concurrent :
Qui a essayé s’en est repenti ! …

Mais s’il te trouve sans fil, s’il voit
Que tu ne danses pas, c’est là
Que commencent les ennuis – tu verras.
Fais gaffe, prends garde mon gars
Car il appelle ses gendarmes
Et fou, il te déclare ! …


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