L'HISTOIRE
D’ESPAGNE
(EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS)
Version
française – L'HISTOIRE D’ESPAGNE
(EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS) – Marco
Valdo M.I. – 2017
d’après
la version italienne de Riccardo Venturi
Texte :
Francesc Ribera
Musique
: Xevi Vila
Hégésippe
Simon
LE
PRÉCURSEUR
|
Une
« histoire de l’Espagne » ironique des origines à nos
jours, avec des moments très significatifs comme lorsque les
habitants originaires du continent américain sont si émerveillés
par leurs conquérants qu’ils meurent par milliers dans les mines
d’or pour se payer le catéchisme et les leçons d’espagnol.
Intéressant aussi lorsque le général Franco remporte les élections
de 1936 en devenant le fondateur de la démocratie !
Dialogue
maïeutique
Évidemment,
tout le monde sait que ce n’est pas Franco Bahamonde –
Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de
Dios – qui inventa la démocratie, mais bien Hégésippe Simon ;
on se souvient encore de l’inauguration de sa statue sur la place
principale de la riante commune de Poil, pour célébrer son
centenaire le 31 mars 1914, où le grand précurseur de la démocratie
qu’était Hégésippe Simon était en effet né à Poil, le 31 mars 1814. Il
faut rendre à Hégésippe ce qui lui revient. Répétons-le :
l’inventeur de la démocratie n’est pas Franco, c’est
Hégésippe. On en fit à l’époque une chanson qui atteste la
gloire de ce créateur de la démocratie. Je te propose le refrain de
la biographie héroïque d’Hégésippe Simon, le Grand Précurseur
de la Démocratie :
« Il
fit tout jeune ses débuts politiques
En
se faisant sous la Révolution
Guillotiner
pour la Grande République.
C’est
ce qui fit la gloire de son nom.
Un
peu plus tard, cet aigle au cœur de bronze
En
quarante-huit se faisait fusiller
Et
finalement, c’est en soixante et onze
Qu’il
succombait parmi les Fédérés.
Ah !
Ah ! mes bons amis chantons
La
gloire d’Hégésippe Simon. »
Il
fallait que ce fut dit ; d’ailleurs, le dénommé Franco n’a
jamais participé aux élections de 1936 ; là aussi, c’est un
imposteur.
C’est
bien vrai ça, dit Lucien l’âne en riant.
Maintenant,
mon ami Lucien l’âne, il s’agit de se souvenir que c’est une
chanson catalane et en ce jour de proclamation de l’indépendance,
il importe de plaider pour que sans délai et sans discuter, elle lui
soit accordée. Les Espagnols, quoi qu’en pense le barbeau
madrilène et son chœur national, ont l’habitude de céder aux
demandes d’indépendance et ils ont perdu leur vertu coloniale des
dizaines de fois et depuis longtemps. J’en tiens pour preuve ce qui
suit. Au fil des siècles, les rois espagnols qui se sont succédés
ont dû reconnaître l’indépendance ou abandonner la possession de
– je ne retiendrai que les possessions les plus importantes :
le Sahara espagnol (1976), la Guinée équatoriale (1968), le Gabon
(1900), Malte (1530), la Sardaigne (1718), la Sicile (1735), le
Royaume de Naples (1714), Cuba (1898) Porto Rico et les îles Vierges
(1898), la Floride (1821), une série d’États d’Amérique du
Nord en 1803 (Louisiane, Arkansas, Oklahoma, Missouri, Kansas, Texas,
Colorado, Nebraska, Iowa, Dakota, Minnesota, Wyoming, Montana,
Alberta, Saskatchewan) la Californie en 1821, Hispaniola (Haïti en
1697 + Saint Domingue en 1865), Vancouver, Colombie britannique,
Washington, Oregon, Idaho (1819), les Philippines et Guam (1898),
etc.
Alors,
une indépendance de plus, qu’est-ce que ça changerait ? Au
contraire, l’Espagne se grandirait de choisir d’admettre la
liberté et de rejeter ses vieux démons coloniaux du passé. Elle se
ferait peut-être même une nouvelle virginité.
Oh,
dit Lucien l’âne, la virginité des vierges est une chose
miraculeuse.
C’est
d’autant plus vrai en Espagne où la vénération pour ces
descendantes de Vénus est de plus extrême ; ils ont tué tant
de gens en son nom. De plus, la Vierge est censée faire des
miracles ; alors, attendons. À propos de miracle, je ne peux
m’empêcher de te rappeler l’histoire du rabbin de Bratislava ou
de Prague qui avait dû répondre aux comitards locaux du Parti
communiste tchécoslovaque (c’était en 1968) inquiets de l’arrivée
soudaine de milliers de touristes en chars d’assaut, venus du pays
voisin, qui lui posaient avec insistance la question épineuse de
savoir quand ces joyeux visiteurs s’en iraient et surtout, comment.
Le rabbin, qui n’en menait pas large, réfléchit et répondit.
J’ai consulté en haut lieu et Dieu m’a fait connaître deux
solutions : une solution normale et une solution miraculeuse. La
première, la solution normale est que des milliers d’anges vont
descendre du ciel et ramener ces honorables visiteurs chez eux. Ah !,
fit le comité. Et la solution miraculeuse, alors ? La solution
miraculeuse, dit le rabbin, c’est qu’ils s’en aillent
d’eux-mêmes. Comme l’Histoire (encore elle) nous l’a appris,
c’est pourtant celle-là qui triompha ; au bout d’un temps,
ils s’en allèrent et depuis, ils ne sont jamais revenus. On peut
dès lors espérer un miracle espagnol.
Dans
le fond, conclut Lucien l’âne, miracle pour miracle, ils ont
vraiment gagné un mondial et Saint Bernabéu s’en réjouit encore.
Avant de terminer, je voudrais rappeler ce que je disais l’autre
jour :
« les
Catalans sont des gens patients. Mais quand même, la seule voie
raisonnable serait d’accorder leur indépendance à ces gens et
puis, ensuite, trouver les arrangements qui s’imposent entre des
voisins égaux ; ce serait d’ailleurs absolument indispensable
du fait que les territoires sont immobiles. Voilà ce que je peux
dire, moi qui ai vu tant de conflits, de luttes de libération. »
Pour
le reste, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de
ce vieux monde réactionnaire, colonial, franquiste, débile, stupide
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Bienvenue
à la conférence magistrale
Sur
l’histoire officielle de l’Espagne
Qui
dégonflera les fables et les contes malséants
Dont
les nationalistes abreuvent les enfants.
Avec
l’aide de gens comme Fabra et Bauzá
Pour
combattre les mensonges, finalement parviendra
À
toutes les écoles, le cours d’histoire
D’Espagne
que les enfants devraient savoir.
Trois
mille ans d’histoire font de l’Hispania
La
nation la plus ancienne du monde, et déjà
Dans
les peintures d’Altamira, on voit
Santiago
Bernabéu, un tricorne et une tuna.
Les
Romains et les Wisigoths sont venus ici
Non
en conquérants, mais comme touristes
La
Dame d’Elche, qui parlait le valencien
Se
mit à l’espagnol, un beau matin.
Mais
ce qui est si
Étrange
et si confondant,
C’est
malgré une si
Grande
Histoire, d’Espagne, pourtant,
Certains
veulent foutre le camp.
Le
roi Jacques, qui était subtil et lapaoparlant
Sans
reconquête, chassa de Majorque et du Levant,
Tous
les Maures qui étaient venus
Voler
le travail des gens du cru.
Plus
tard, on a découvert le Nouveau Continent
Et
les pauvres de là-bas s’en émerveillèrent tant
Qu’ils
moururent par milliers dans les mines
Pour
payer les cours d’espagnol et le catéchisme.
Et
ainsi, on est devenu l’empire
Où
le soleil jamais ne se couche
Et
si l’empire a fondu, c’est qu’on n’usa pas
De
la force contre ceux qui ne l’aimaient pas.
Quand
l’Europe fit sa première révolution industrielle
D’abord,
on a fainéanté et puis, on a couru derrière elle
Et
on a évolué jusqu’au moment précis
Où
Franco a remporté les élections de trente-six.
Franco
lui-même est le fondateur
De
la démocratie et en détient les droits d’auteur.
Certaines
personnes attribuent aux Grecs cette invention,
Mais
ce gouvernement du peuple est une perversion.
La
démocratie et la monarchie séparément
Nous
ont donné un résultat si spécial
Qu’on
les a unies expérimentalement.
Et
qu’on a gagné
le mondial.
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