jeudi 23 mars 2017

LE TRIOMPHE DE L’IDIOTIE

LE TRIOMPHE DE L’IDIOTIE

Version française – LE TRIOMPHE DE L’IDIOTIE – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson allemande alémanique – Tubel Trophy Baby JailBoris Koller – 1992





Une chanson en « Schweizerdeutsch », en allemand alémanique, qui raconte l’histoire– ainsi au moins ai-je pu comprendre de la traduction de l’allemand par Google – d’un gros et hautain nazi local, d’un prototype du grand buveur de bière et animateur de bar (et, comme nous savons, l’inventeur même du nazisme s’est lancé en offrant des bières dans un bar de Munich en 1923 – voir à ce propos la chanson française Mr Pif Paf[[41247]] lequel, au cours d’une de ses interminables beuveries, assaisonnées d’insultes aux immigrés, aux noirs et aux homos, se laisse convaincre de participer à un trophée de survie dans la jungle, une compétition pour les vrais hommes… Il ne reviendra jamais plus raconter des conneries dans son bar préféré, où il sera vite oublié et remplacé par un autre idiot décérébré comme lui.


Dialogue Maïeutique

J’imagine, Lucien l’âne mon ami, que tu te souviens de Mani Matter qui s’accompagnant de sa guitare chantait des histoires inquiétantes en un étrange allemand de Berne.

Bien sûr que je m’en souviens, Marco Valdo M.I. mon ami, et comment aurais-je pu l’oublier, lui qui, comme je te l’avais dit, je crois bien déjà précédemment, moi qui l’avais croisé au creux des Alpes, quelque temps avant qu’il n’écrase son véhicule contre un arbre.
Et comment pourrais-je oublier « Dynamite[[35286]] », cette inquiétante histoire de l’anarchiste qui voulait faire sauter (de nuit, quand il n’y avait personne) le Parlement suisse, qui se situe sur la terrasse à Berne.
Et comment pourrais-je oublier ce Guillaume Tell de Schiller joué avec tant d’ardeur patriotique[[51464]] dans les villages suisses ?

Comment je te le demande, comment oublier tout ça et Mani Matter ?
Et dès lors, je suis d’autant plus impatient de connaître cette nouvelle histoire et ce nouvel auteur.

Bien, bien, Lucien l’âne mon ami, voilà qui me réjouit grandement et qui simplifie tout, car ainsi je ne dois pas expliquer toute la singularité du Schweizerdeutsch, ni même t’indiquer l’humour qu’il recèle.
Tout ça pour te préparer à cette nouvelle chanson qui s’inscrit assez bien dans la descendance de Mani Matter. Sache pourtant qu’elle s’intitule Tubel Trophy – un titre apparemment anglais, mais il ne l’est pas ; elle est l’œuvre de Boni Koller et bien évidemment, elle est en Schweizerdeutsch.

Avec toutes ces précisions, ces tours et ces détours linguistiques, dit Lucien l’âne en rigolant, je suis bien servi ; je ne sais toujours rien de la chanson, si ce n’est son titre mystérieux et le fait qu’elle est en suisse allemand et d’où, cela n’est pas précisé. Autrement dit, tu m’as mené jusqu’ici en bateau, mais sur quel lac ? On ne sait et comme âne, je n’aime pas beaucoup ça. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’un Tubel Trophy ?

Mais, Lucien l’âne mon ami, tu es bien susceptible, car tu es trop pressé et cela ne convient pas à ta nature.
Pour ce qui est du lac sur lequel je t’aurais baladé, ou plutôt Baby Jail t’aurait promené, ce ne peut assurément être que le lac de Zurich.
Et puis pour le reste, nous avons tout le temps. Cependant, je m’en vais soulager ta tension nerveuse.
D’abord, je vais t’avouer à propos du Tubel Trophy que je me suis posé exactement la même question et qu’il m’a fallu tourner et retourner l’affaire pour trouver un titre en français. Au début– enfin pas immédiatement quand même, j’avais opté pour La Coupe de l’Idiotie. Mais, me suis-je dit, c’est assez ambigu. En fait, j’avais en tête le sens de Coupe comme on l’utilise en football avec la Coupe du Monde ou en tennis avec la Coupe Davis et je figurais que tout le monde le comprendrait ainsi jusqu’au moment où j’ai eu l’impression qu’on pouvait tout aussi bien entendre « coupe » du point de vue tailleur ou du coiffeur. Plutôt du coiffeur, d’ailleurs.

Oh, dit Lucien l’âne, à voir la tête de certains hommes, on pourrait fort bien penser qu’il y a quelque part un coiffeur qui a mis à la mode une telle coupe de l’Idiotie et qu’elle s’est répandue subrepticement dans les rues et sur les écrans.

Sans doute comme tu le dis, à voir certaines têtes… mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit, reprend Marco Valdo M.I.. Dès lors pour éviter cet amphibologique casse-tête, je me suis rabattu sur l’histoire et son déroulement. Pour ta gouverne, je vais te retrace ce parcours.
L’histoire est celle d’un Tubel, d’un idiot, vantard, hâbleur, raciste, grande gueule, buveur, un pilier de cabaret, généralement assez alcoolisé auquel les amis de bar, les habitués du bistrot inventent toute une histoire pour se débarrasser de lui. Et ils vont y arriver.
Cette histoire est assez grosse pour que tous, excepté l’intéressé, comprennent la blague ; l’idiot s’y laisse prendre. Il s’agit, lui dit-on, d’un concours doté d’un grand prix (deux kilos d’or fin) qui se déroule au cœur de la forêt vierge en Afrique où il s’agit de survivre pendant un mois sans argent et sans papiers – ce qui en soi est déjà une énormité : que faire dans la jungle avec de l’argent et des papiers ?
Évidemment, lui dit-on, comme c’est en Afrique, les concurrents africains ont de bonnes chances de l’emporter.
L’idiot ne se démonte pas et proclame qu’il s’en va leur montrer « à ces singes » et qu’il entend bien remporter le concours.
D’où le titre : « Le Triomphe de l’Idiotie », ambigu aussi, mais pour le bon motif du double sens humoristique de triomphe au sens de « prix, récompense, célébration de la victoire » – et notre idiot s’y voit déjà ; et de deuxième part, le sens qu’avait donné Jules Romains avec Le Triomphe de la Médecine. Par parenthèse, le Docteur Knock avec ses allures et ses méthodes assez manipulatrices et son tempérament autocratique avec lesquels il soumet tout un village, annonce – dès 1923 – d’autres thaumaturges et l’empire qu’ils peuvent prendre sur les gens et les ravages qu’ils peuvent causer.
Mais je dévie.
Dans le titre tel que je l’ai finalement pensé, c’est l’idiotie qui triomphe – sur toute la ligne, puisque notre idiot (nullement métaphorique) s’engagera dans ce concours imaginaire et finira par se perdre dans la forêt africaine.

Certes, certes, Marco Valdo M.I. mon ami, j’entends bien ce que tu dis. Mais, j’aimerais que tu me dises si cette chanson aborde aussi nettement cette interprétation politique que tu évoques.

Bien sûr qu’elle le fait, Lucien l’âne mon ami, et même avec une virulence, une force rare de ces temps-ci, elle s’en prend au populisme, aux populistes ; elle met en garde contre les hommes ou les femmes à poigne :

« Vous les idiots qui marchez derrière n’importe quel imbécile,
Qui baignez dans votre merde, avec la poigne qu’il a, il vous tirera à lui. »

Et mieux encore, par sa parabole, elle met à jour les racines, la racine du mal, le fondement du pouvoir fort que sont précisément l’idiotie et son triomphe et je te laisse faire le lien avec certains personnages contemporains.

Merci beaucoup, Marco Valdo M.I., je relève ton défi. Je verrai donc bien parmi ces personnages contemporains, que je n’hésiterai pas à définir comme des Tubels, comme de dangereux crétins :
Tubel n°1 : le Président des USA – Donald Trump (Leur Bon Président[[55201]])
Tubel n°2 : le Président de la Russie – Vladimir Poutine
Tubel n°3 : le Président de la Turquie – Recep Tayyip Erdoğan (Erdowie, Erdowo, Erdowahn [[53086]])
Tubel n°4 : le Premier Ministre de la Hongrie : Viktor Orban
et tout un tas d’autres dont la liste serait tellement longue que j’arrête ici.
Et d’ailleurs, assez causé, passons à la canzone et reprenons ensuite notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde cerné par les populistes et le populisme, qui est la maladie sénile des nations, gangrené, pourri jusqu’à la moelle et cacochyme.

Heureusement 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Il était une fois un idiot à la boisson mauvaise
Qui croyait que la peau blanche résulte du lavage.
Il croyait que le boucher cultive les saucisses
Et que partout, où le soleil brille, il y aurait une carte de glace.
Il pensait qu’il aurait droit à la sécurité pour toujours ;
Il s’imaginait que sa maman nettoierait sa chambre tous les jours.

Il était une fois un idiot qui était assis à la table des habitués.
Il
disait : Celui qui travaille, mérite aussi quelque chose à manger ;
Il
criait : C’est un scandale, c’est une catastrophe,
Quand on a besoin d’un serveur, il vient tout de suite avec ses enfants.
Il
faisait des plaisanteries bêtes sur les pédés et les nègres.
Il
disait : Je ne vais quand même pas encore payer des impôts pour des fainéants.

Il était une fois un idiot qui payait des tournées de bière.
Alors, ils lui dirent qu’il y avait un concours dans la forêt vierge :
Survivre un mois, sans banque et sans papiers.
Ensuite, il y aura une fête et même deux kilos d’or comme premier prix.
Ils lui ont montré un cahier avec une grande publicité ;
Là, tout y était précisément décrit.

Il y avait une fois un idiot et un café plein d’ivrognes.
Tous le suppliaient : Idiot, fais donc cette coupe !
Fier et tout seul, il est monté sur la table,
Il criait : « Oui, je vais leur montrer à ces singes ! »
Il a commandé encore de la bière et on l’a entendu dire
Que même dans la forêt vierge, il serait supérieur aux nègres.

Il était une fois un idiot qui en avion s’est rendu
En Afrique, car là-bas, il était très attendu.
Il est monté comme un roi dans une grande auto ;
Ses aides ont mis des vivres dans son sac à dos,
Pendant des jours, ils avancèrent, jusqu’au bout du monde.
Et là, sans passeport et sans argent, ils le laissèrent.

Il était une fois un idiot qui se traînait à terre.
On lui avait promis la dernière grande aventure,
Il errait tout sale et tout seul dans la forêt vierge.
Enfin, dans un village, il rencontra des soldats.
Il criait : Je veux rentrer chez moi, ça ne m’amuse pas ;
On voudrait voir votre passeport, ont dit les soldats :

Il était une fois un idiot, un vrai de vrai ;
Il a disparu quelque part, très loin d’ici, dans la forêt.
Il n’a jamais compris que cette coupe,
Avait été inventée pour se débarrasser d’un idiot.
Ils l’ont très vite oublié dans son bistrot,
Et un nouvel idiot s’est bientôt assis à sa place.

Le triomphe de l’idiotie n’a pas besoin d’autant de strophes ;
Chaque idiot le comprend et
même les philosophes.
Vous les idiots qui colportez vos sottises,
Vous les idiots qui marchez derrière n’importe quel imbécile,
Qui baignez dans votre merde, avec la poigne qu’il a, il vous tirera à lui.
Mais vous ne manquerez à personne, si vous n’êtes plus ici.


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