LE TRIOMPHE DE L’IDIOTIE
Version
française – LE TRIOMPHE DE L’IDIOTIE – Marco Valdo M.I. –
2017
Chanson
allemande alémanique – Tubel
Trophy
–
Baby
Jail
– Boris
Koller – 1992
Une
chanson en « Schweizerdeutsch », en allemand alémanique,
qui raconte
l’histoire–
ainsi au moins ai-je
pu comprendre de la traduction
de
l’allemand
par Google – d’un
gros et hautain nazi local, d’un prototype du grand buveur de bière
et animateur
de bar (et, comme nous savons, l’inventeur même du nazisme s’est
lancé
en offrant des
bières
dans un bar de Munich en 1923 – voir
à ce propos
la chanson française Mr
Pif
Paf[[41247]]
lequel,
au
cours d’une de ses interminables beuveries,
assaisonnées d’insultes aux
immigrés,
aux
noirs
et aux
homos,
se
laisse convaincre de participer à un trophée de survie dans la
jungle, une compétition pour les
vrais
hommes… Il ne reviendra
jamais plus raconter
des conneries
dans son
bar préféré,
où il sera vite
oublié
et remplacé
par un
autre idiot décérébré comme lui.
Dialogue
Maïeutique
J’imagine,
Lucien l’âne mon ami, que tu te souviens de Mani Matter qui
s’accompagnant de sa guitare chantait des histoires inquiétantes
en un étrange allemand de Berne.
Bien
sûr que je m’en souviens, Marco Valdo M.I. mon ami, et comment
aurais-je pu l’oublier, lui qui, comme je te l’avais dit, je
crois bien déjà précédemment, moi qui l’avais croisé au creux
des Alpes, quelque temps avant qu’il n’écrase son véhicule
contre un arbre.
Et
comment pourrais-je oublier « Dynamite[[35286]] »,
cette inquiétante
histoire de l’anarchiste qui voulait faire sauter (de nuit, quand
il n’y avait personne) le Parlement suisse, qui se situe sur la
terrasse à Berne.
Et
comment pourrais-je oublier ce Guillaume
Tell de Schiller joué avec tant d’ardeur patriotique[[51464]]
dans les villages suisses ?
Comment
je te le demande, comment oublier tout ça et Mani Matter ?
Et
dès lors, je suis d’autant plus impatient de connaître cette
nouvelle histoire et ce nouvel auteur.
Bien,
bien, Lucien l’âne mon ami, voilà qui me réjouit grandement et
qui simplifie tout, car ainsi je ne dois pas expliquer toute la
singularité du Schweizerdeutsch, ni même t’indiquer l’humour
qu’il recèle.
Tout
ça pour te préparer à cette nouvelle chanson qui s’inscrit assez
bien dans la descendance de Mani Matter. Sache pourtant qu’elle
s’intitule Tubel Trophy – un titre apparemment anglais, mais il
ne l’est pas ; elle est l’œuvre de Boni Koller et bien
évidemment, elle est en Schweizerdeutsch.
Avec
toutes ces précisions, ces tours et ces détours linguistiques, dit
Lucien l’âne en rigolant, je suis bien servi ; je ne sais
toujours rien de la chanson, si ce n’est son titre mystérieux et
le fait qu’elle est en suisse allemand et d’où, cela n’est pas
précisé. Autrement dit, tu m’as mené jusqu’ici en bateau, mais
sur quel lac ? On ne sait et comme âne, je n’aime pas
beaucoup ça. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’un Tubel Trophy ?
Mais,
Lucien l’âne mon ami, tu es bien susceptible, car tu es trop
pressé et cela ne convient pas à ta nature.
Pour
ce qui est du lac sur lequel je t’aurais baladé, ou plutôt Baby
Jail t’aurait promené, ce ne peut assurément être que le lac de
Zurich.
Et
puis pour le reste, nous avons tout le temps. Cependant, je m’en
vais soulager ta tension nerveuse.
D’abord,
je vais t’avouer à propos du Tubel Trophy que je me suis posé
exactement la même question et qu’il m’a fallu tourner et
retourner l’affaire pour trouver un titre en français. Au début–
enfin pas immédiatement quand même, j’avais opté pour La Coupe
de l’Idiotie. Mais, me suis-je dit, c’est assez ambigu. En fait,
j’avais en tête le sens de Coupe comme on l’utilise en football
avec la Coupe du Monde ou en tennis avec la Coupe Davis et je
figurais que tout le monde le comprendrait ainsi jusqu’au moment où
j’ai eu l’impression qu’on pouvait tout aussi bien entendre
« coupe » du point de vue tailleur ou du coiffeur. Plutôt
du coiffeur, d’ailleurs.
Oh,
dit Lucien l’âne, à voir la tête de certains hommes, on pourrait
fort bien penser qu’il y a quelque part un coiffeur qui a mis à la
mode une telle coupe de l’Idiotie et qu’elle s’est répandue
subrepticement dans les rues et sur les écrans.
Sans
doute comme tu le dis, à voir certaines têtes… mais ce n’est
pas de cela qu’il s’agit, reprend Marco Valdo M.I.. Dès lors
pour éviter cet amphibologique casse-tête, je me suis rabattu sur
l’histoire et son déroulement. Pour ta gouverne, je vais te
retrace ce parcours.
L’histoire
est celle d’un Tubel, d’un idiot, vantard, hâbleur, raciste,
grande gueule, buveur, un pilier de cabaret, généralement assez
alcoolisé auquel les amis de bar, les habitués du bistrot inventent
toute une histoire pour se débarrasser de lui. Et ils vont y
arriver.
Cette
histoire est assez grosse pour que tous, excepté l’intéressé,
comprennent la blague ; l’idiot s’y laisse prendre. Il
s’agit, lui dit-on, d’un concours doté d’un grand prix (deux
kilos d’or fin) qui se déroule au cœur de la forêt vierge en
Afrique où il s’agit de survivre pendant un mois sans argent et
sans papiers – ce qui en soi est déjà une énormité : que
faire dans la jungle avec de l’argent et des papiers ?
Évidemment,
lui dit-on, comme c’est en Afrique, les concurrents africains ont
de bonnes chances de l’emporter.
L’idiot
ne se démonte pas et proclame qu’il s’en va leur montrer « à
ces singes » et qu’il entend bien remporter le concours.
D’où
le titre : « Le Triomphe de l’Idiotie », ambigu
aussi, mais pour le bon motif du double sens humoristique de triomphe
au sens de « prix, récompense, célébration de la victoire »
– et notre idiot s’y voit déjà ; et de deuxième part, le
sens qu’avait donné Jules Romains avec Le Triomphe de la Médecine.
Par parenthèse, le Docteur Knock avec ses allures et ses méthodes
assez manipulatrices et son tempérament autocratique avec lesquels
il soumet tout un village, annonce – dès 1923 – d’autres
thaumaturges et l’empire qu’ils peuvent prendre sur les gens et
les ravages qu’ils peuvent causer.
Mais
je dévie.
Dans
le titre tel que je l’ai finalement pensé, c’est l’idiotie qui
triomphe – sur toute la ligne, puisque notre idiot (nullement
métaphorique) s’engagera dans ce concours imaginaire et finira par
se perdre dans la forêt africaine.
Certes,
certes, Marco Valdo M.I. mon ami, j’entends bien ce que tu dis.
Mais, j’aimerais que tu me dises si cette chanson aborde aussi
nettement cette interprétation politique que tu évoques.
Bien
sûr qu’elle le fait, Lucien l’âne mon ami, et même avec une
virulence, une force rare de ces temps-ci, elle s’en prend au
populisme, aux populistes ; elle met en garde contre les hommes
ou les femmes à poigne :
« Vous
les idiots qui marchez
derrière n’importe quel imbécile,
Qui
baignez dans votre merde,
avec la poigne
qu’il a, il
vous tirera à
lui. »
Et
mieux encore, par sa parabole, elle met à jour les racines, la
racine du mal, le fondement du pouvoir fort que
sont précisément l’idiotie et
son triomphe et je te laisse faire le lien
avec certains personnages contemporains.
Merci
beaucoup, Marco Valdo M.I., je relève ton défi. Je verrai donc bien
parmi ces
personnages contemporains, que je n’hésiterai pas à définir
comme des Tubels, comme de dangereux crétins :
Tubel
n°1 : le Président des USA – Donald Trump (Leur
Bon Président[[55201]])
Tubel
n°2 : le Président de la Russie – Vladimir Poutine
Tubel
n°3 : le Président de la Turquie – Recep
Tayyip Erdoğan (Erdowie,
Erdowo, Erdowahn [[53086]])
Tubel
n°4 : le Premier Ministre de la
Hongrie : Viktor Orban
et
tout un tas d’autres dont la liste serait tellement longue que
j’arrête ici.
Et
d’ailleurs, assez causé, passons à la canzone et reprenons
ensuite notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde cerné
par les populistes et le populisme, qui est la maladie sénile des
nations, gangrené, pourri jusqu’à la moelle et cacochyme.
Heureusement
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
était une fois un idiot à la boisson mauvaise
Qui croyait que
la peau blanche résulte du lavage.
Il croyait que le boucher
cultive les saucisses
Et que partout, où le soleil brille, il
y aurait une carte de glace.
Il pensait qu’il aurait droit à
la sécurité pour toujours ;
Il s’imaginait que sa maman
nettoierait sa chambre tous les jours.
Il
était une fois un idiot qui était assis à la table des
habitués.
Il disait :
Celui qui travaille, mérite aussi quelque
chose à manger ;
Il criait :
C’est un scandale,
c’est une catastrophe,
Quand on
a besoin d’un serveur, il vient tout de suite avec ses enfants.
Il
faisait des
plaisanteries bêtes sur les pédés et les
nègres.
Il disait :
Je ne vais quand
même pas encore payer des
impôts pour des
fainéants.
Il
était une fois un idiot qui payait des tournées de bière.
Alors,
ils lui dirent qu’il y avait un concours dans la forêt
vierge :
Survivre un mois, sans banque et sans
papiers.
Ensuite, il y aura une fête et même deux kilos d’or
comme premier prix.
Ils lui ont montré un cahier avec une
grande publicité ;
Là, tout y était précisément
décrit.
Il
y avait une fois un idiot et un café plein d’ivrognes.
Tous
le suppliaient : Idiot, fais donc cette coupe !
Fier
et tout seul, il est monté sur la table,
Il criait :
« Oui, je vais leur montrer à ces singes ! »
Il
a commandé encore de la bière et on l’a entendu dire
Que
même dans la forêt vierge, il serait supérieur aux nègres.
Il
était une fois un idiot qui en avion s’est rendu
En Afrique,
car là-bas, il était très attendu.
Il est monté comme un roi
dans une grande auto ;
Ses aides ont mis des vivres dans
son sac à dos,
Pendant des jours, ils avancèrent, jusqu’au
bout du monde.
Et là, sans passeport et sans argent, ils le
laissèrent.
Il
était une fois un idiot qui se traînait à terre.
On lui avait
promis la dernière grande aventure,
Il errait tout sale et tout
seul dans la forêt vierge.
Enfin, dans un village, il rencontra
des soldats.
Il criait : Je veux rentrer chez moi, ça ne
m’amuse pas ;
On voudrait voir votre passeport, ont dit
les soldats :
Il
était une fois un idiot, un vrai de vrai ;
Il a disparu
quelque part, très loin d’ici, dans la forêt.
Il n’a
jamais compris que cette coupe,
Avait
été inventée pour se débarrasser d’un idiot.
Ils l’ont
très vite oublié dans son bistrot,
Et un nouvel idiot s’est
bientôt assis à sa place.
Le
triomphe de
l’idiotie n’a
pas besoin d’autant
de strophes ;
Chaque idiot le comprend et même
les philosophes.
Vous les idiots
qui colportez vos sottises,
Vous
les idiots qui marchez
derrière n’importe quel imbécile,
Qui
baignez dans votre merde,
avec la poigne
qu’il a, il
vous tirera à
lui.
Mais
vous ne manquerez à personne, si
vous n’êtes plus ici.
Qui baignez dans votre merde, avec la poigne qu’il a, il vous tirera à lui. »
Qui croyait que la peau blanche résulte du lavage.
Il croyait que le boucher cultive les saucisses
Et que partout, où le soleil brille, il y aurait une carte de glace.
Il pensait qu’il aurait droit à la sécurité pour toujours ;
Il s’imaginait que sa maman nettoierait sa chambre tous les jours.
Il disait : Celui qui travaille, mérite aussi quelque chose à manger ;
Il criait : C’est un scandale, c’est une catastrophe,
Quand on a besoin d’un serveur, il vient tout de suite avec ses enfants.
Il faisait des plaisanteries bêtes sur les pédés et les nègres.
Il disait : Je ne vais quand même pas encore payer des impôts pour des fainéants.
Alors, ils lui dirent qu’il y avait un concours dans la forêt vierge :
Survivre un mois, sans banque et sans papiers.
Ensuite, il y aura une fête et même deux kilos d’or comme premier prix.
Ils lui ont montré un cahier avec une grande publicité ;
Là, tout y était précisément décrit.
Tous le suppliaient : Idiot, fais donc cette coupe !
Fier et tout seul, il est monté sur la table,
Il criait : « Oui, je vais leur montrer à ces singes ! »
Il a commandé encore de la bière et on l’a entendu dire
Que même dans la forêt vierge, il serait supérieur aux nègres.
En Afrique, car là-bas, il était très attendu.
Il est monté comme un roi dans une grande auto ;
Ses aides ont mis des vivres dans son sac à dos,
Pendant des jours, ils avancèrent, jusqu’au bout du monde.
Et là, sans passeport et sans argent, ils le laissèrent.
On lui avait promis la dernière grande aventure,
Il errait tout sale et tout seul dans la forêt vierge.
Enfin, dans un village, il rencontra des soldats.
Il criait : Je veux rentrer chez moi, ça ne m’amuse pas ;
On voudrait voir votre passeport, ont dit les soldats :
Il a disparu quelque part, très loin d’ici, dans la forêt.
Il n’a jamais compris que cette coupe,
Ils l’ont très vite oublié dans son bistrot,
Et un nouvel idiot s’est bientôt assis à sa place.
Chaque idiot le comprend et même les philosophes.
Vous les idiots qui colportez vos sottises,
Vous les idiots qui marchez derrière n’importe quel imbécile,
Qui baignez dans votre merde, avec la poigne qu’il a, il vous tirera à lui.
Mais vous ne manquerez à personne, si vous n’êtes plus ici.
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