mardi 15 novembre 2016

À L’ATTAQUE !


À L’ATTAQUE !


Version française – À L’ATTAQUE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson néerlandaise – Ten AanvalBram Vermeulen2004 (au plus tard !).



Eh bien, Marco Valdo M.I. mon ami, je ne t’imaginais pas aussi proche d’un chanteur néerlandais. Je n’imaginais même pas que tu te mettes à faire des versions françaises de chansons néerlandaises, car depuis les années que tu fais des versions françaises de textes venus de multiples langues, tu en avais peu faites venues du néerlandais, alors que tu vis dans un pays censément bilingue, sinon trilingue et où la langue de la majorité de la population est précisément le néerlandais.

Oh, Lucien l’âne mon ami, comme tu le vois, je le fais. Et j’ajoute, je le fais avec plaisir, me
même si je le fais mal. Il y a à cela diverses raisons. La principale, c’est que pour une fois, on ne me l’impose pas. Car, vois-tu Lucien l’âne, pelons l’oignon une bonne fois. J’aurais volontiers appris le néerlandais – qu’on m’a enseigné de force pendant au moins quinze ans, s’il n’avait pas été une expression directe de la domination de la majorité et aussi, plus « historiquement » de la création de ce pays bancal, voulu par les puissances contre-révolutionnaires vers 1815. En somme, on nous a coupés de notre Hainaut qui allait jusqu’aux portes de Paris et on nous a insérés de force dans un pays où on nous a réduits à la portion congrue.

Oh, dit Lucien l’âne, il est idiot en effet d’imposer de pareilles contraintes à des populations et le faire à des enfants, a des conséquences tout au long de leur vie, si ce n’est au-delà.
Enfin, Lucien l’âne mon ami, il m’a bien fallu vivre avec cette incongruité nationale et trouver refuge dans une de ces réserves indiennes de Wallonie. Passons et revenons à la chanson de Bram Vermeulen et pour commencer à Bram Vermeulen lui-même, artiste antimilitariste et de ce fait, par-delà les idiomes, très proche. Et dans le but de prouver ma sympathie pour ce poète, je m’en vais te faire connaître son testament – c’est une chanson, un poème.

Il est temps, dit Lucien l’âne, car il est mort en 2004, à la fin de l’été, en Italie ; son cœur l’avait lâché. Et donc, ce testament ?

D’abord, pour tout dire, ces histoires de testament me renvoient toujours à François Villon et à la Supplique de Georges Brassens et puis, en cascade, à bien des autres. Et pour tout te dire quand même, en ce qui me concerne, en guise de testament, je me verrais bien revêtir du « Je voudrais pas crever » du bon Boris Vian. Mais enfin, le voici d’abord, comme il se doit en néerlandais et ensuite, ma version française.

TESTAMENT
Testament – Bram Vermeulen – 2004


« Als ik dood ga, huil maar niet
ik ben niet echt dood moet je weten
het is maar een lichaam dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij die bent vergeten.
En als ik dood ga, treur maar niet
ik ben niet echt weg moet je weten
het is de heimwee die ik achterliet,
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten.
En als ik dood ga, huil maar niet
ik ben niet echt dood moet je weten
het is het verlangen dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten
dood ben ik pas als jij me bent vergeten. »

Et la version française (2016) :

« Si je meurs, ne pleure pas !
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai seulement laissé là un corps.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Quand je mourrai, n’aie pas de chagrin !
Je ne suis pas vraiment parti,
J’ai seulement abandonné la nostalgie.
Je mourrai si tu m’oublies, demain.
Si je meurs, ne pleure pas !
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai jeté le désir par-dessus bord.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Je mourrai quand tu m’oublieras. »

Et maintenant, quelques mots sur la chanson « Ten Aanval ! ». Que raconte-t-elle ?

Eh bien, Lucien l’âne, c’est une attaque en règle contre le militarisme et le goût de certains de provoquer et de faire des guerres. « Ten Aanval » peut se traduire indifféremment par « À l’attaque ! », « Au combat ! » et « À l’assaut ! » et décliné en « Sus ! », « Sus à l’ennemi ! » et toutes les variantes du genre.

« À l’attaque ! », « Au combat ! » et « À l’assaut ! » et décliné en « Sus ! », « Sus à l’ennemi ! » et toutes les variantes du genre, quel beau programme !, dit Lucien l’âne en éclatant de rire. On n’en demande pas tant. Nous dont la tâche, bien au contraire, est de tisser encore et toujours le linceul de ce vieux monde guerrier, belliciste, belliqueux, inquiet et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ô ces grands hommes, regardez-les, aller au pas.
Regardez-les ces braves hommes marteler le pas de parade.
Écoutez-les chanter ces hommes fiers le chant du soldat.
À l’attaque, à l’attaque, à
l’attaque, à l’attaque !

Regardez-
les ces hommes obéissants pleins de raison commettre des assassinats.
Regardez-
les ces hommes aveugles combattre pour le grand massacre.
Écoutez-le
s gueuler ces hommes fâchés le bon droit de leur combat !
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !

Regardez-les s’incliner ces grands hommes devant leurs amis décédés.
Écoutez-
les crier, ces hommes peureux, le besoin désespéré.
Regardez-
les pleurer, ces hommes forts, la vie n’a jamais été si grande.
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !

Pauvres hommes, grands hommes, hommes stupides, hommes aveugles.
Regardez-les ces vieux hommes qui auraient dû gagner.
Écoutez-les se taire ces hommes raides pour écouter ce qu’ils entendent du dedans,
Rajeunissez-les, ces hommes stupides, et ils recommenceraient !
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !

Pauvres hommes, grands hommes, hommes stupides, hommes aveugles.
Drogués à la sensation du combat, pour toujours égarés,
Tristes exemples d’humanité. La guerre comme spécialité.
Pauvres hommes, grands hommes, hommes stupides, hommes aveugles.

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