vendredi 16 décembre 2016

TOUT CHANGE

TOUT CHANGE



Version française – TOUT CHANGE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Alles verändert sichGert Möbius1971
Interprétation : Ton Steine Scherben
Texte : Gert Möbius
Musique : Rio Reiser

HÉRACLITE


Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson assez courte et en apparence assez simple. Mais la réalité apparente est souvent trompeuse. C’est le cas cette fois avec cette chanson qui relève de l’épigraphe ; d’ailleurs, elle fut gravée elle aussi, non dans la pierre, mais dans le vinyle. Elle s’intitule Tout change.

Marco Valdo M.I. mon ami, tu sais comme moi d’où je viens et combien longtemps j’ai aprcouru les rives de la mer Égée, celles de l’Hélespont et d’autres encore aux bords de la Méditerranée, que les Romains ont appelée Mare nostrum, un propos d’impérialistes et de colonisateurs. Enfin, soit, passons. D’ailleurs depuis la plus haute Antiquité, cette « mare nostrum » a toujours vu sur ses bords fleurir les dictateurs sous les formes et les apparences les plus diverses. C’est encore le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, les dictateurs ne se veulent plus (provisoirement ?) empereurs ; ils se proclament présidents. C’est le cas du côté de la Corne d’Or.
Cela dit, le titre me paraît être en syntonie avec le Πάντα ῥεῖ (Tout coule) d’Héraclite et de ce fait, être une proclamation relative au destin de notre monde, qui a ainsi une histoire et s’en vient de la plus haute Antiquité, bien avant Lucie et Cro-Magnon, jusqu’à aujourd’hui sans qu’il y ait autre chose qu’un sens de consécution, car tel est le sens du monde et il ne pourrait y en avoir d’autre. Seul ce qui sera peut être changé et ne peut être univoquement déterminé. Panta rhei, ainsi va le monde, ainsi va la rivière. Est-ce bien là la philosophie de la canzone?

En effet, Lucien l’âne mon ami, c’est une chanson philosophique au plein sens du terme et au-delà, une chanson qui invite à l’action. Elle est tout à fait dans le sens de son époque et dans celui du mouvement qui la sous-tend, un mouvement issu de 1968 et qui se traduisait hors des institutions et des organisations établies; c’est e qu’on a connu sous le nom de mouvement autonome ou extra-parlementaire. Un mouvement qui n’est d’ailleurs pas disparu et qui comme à l’époque déjà se propage par la chanson, à l’écart et en dehors des structures qui pèsent sur la société, la contrôlent, la manipulent et au besoin, la censurent.

Pourtant, dit Lucien l’âne en faisant l’âne pour avoir du foin, la presse est libre, les médias sont libres – du moins, dans notre partie du monde.

Libres, libres, c’est vite dit, répond Marco Valdo M.I. C’est ignorer qu’ils sont aux mains soit de pouvoirs sous contrôle de l’État ou de pouvoirs publics – en gros, sous contrôle des milieux politiques ; soit des groupes financiers qui s’emparent des moyens de diffusion ou les tiennent par la manne publicitaire. Dans un cas comme dans l’autre, on comprend immédiatement les limites de la « liberté » de paroles et d’action des médias, de la presse, de la radio, de la télévision et même, de ce qui circule sur le Net et on n’a aucune peine à imaginer le rôle que ces pouvoirs entendent leur faire jouer vis-à-vis des gens, un peuple devenu public. Et cette censure, cette main mise impose ses diktats la plupart du temps de façon implicite. Les médias comprennent très bien et très vite qu’il serait en effet assez contre-indiqué de révéler aux gens qu’on les contrôle, les manipule et les censure. Ce serait découvrir le pot aux roses de la démocratie. En somme, la démocratie est un peu comme le clavecin, une démocratie très tempérée.

Parfois cependant, il y a un responsable qui lâche le morceau, qui dévoile la supercherie. Ainsi, un ancien dirigeant d’une télévision française n’a pas pu s’empêcher de dire, en un terrible lapsus :

« Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».
Dans le cynisme, on a rarement été aussi loin.
De même, question de faire avaler tout ça aux gens, jeunes et vieux, on leur parle du changement, on leur fourgue du changement par charretées entières.
Comme l’écrivait Lampedusa : « Tout doit changer pour que rien ne change ». Comme quoi, tout change sans que rien ne change tout en faisant croire qu’il y a du nouveau. On maquille – c’est mieux pour le spectateur – le passé, le présent et même le futur.

La chanson aussi parle du changement, appelle à changer le monde et ce qui la distingue, c’est qu’elle appelle à changer en dehors du système, en dehors des mantras que marmonnent ses hérauts, de ces messages liminaires ou subliminaires diffusés par les médias.
Mais la réalité revient au galop et elle s’impose dès qu’on commence à la penser simplement, sans fioritures, telle qu’elle est en dehors des marchands de sable, des dealers d’informations, des fabricants de menteries. Elle rappelle aussi que le changement ne peut se faire que dans le réel, qu’il n’est pas une image, qu’il ne se réduit pas à une apparence (vestimentaire, esthétique, maquillage) ; on n’est pas ce qu’on paraît, on est ce qu’on fait (en ce compris, « ne rien faire et refuser de participer à la mascarade »).

Eh bien , Marco Valdo M.I. mon ami, même si nous avons l’idée que le monde dans lequel nous vivons est doté d’une formidable pesanteur sociale, qu’il est doué d’une faculté extrême d’inertie, qu’il aime par-dessus tout le changement qui ne change que les apparences, qu’il apprécie une sorte d’irisation, de voile irisé qui couvre d’un chatoiement trompeur son immobilité obstinée, et parce que nous savons tout cela, nous tissons obstinément son linceul à ce vieillard injuste, inique, avide et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Il n’y a pas de soleil, quand on ne le voit pas.
Il n’y a pas de vérité, quand on ne la cherche pas.
Il n’y a pas de paix, quand on ne la veut pas.

Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !
Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !

Un arbre ne peut fleurir, si aucun soleil ne brille.
Il n’y a pas de fleuve, si aucune pluie ne tombe.
Il n’y a pas de vérité, quand on ne la cherche pas.
Il n’y a pas de liberté, quand on ne la prend pas.

Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !
Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !

Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu'on reste seul !
Tout change, quand on change.
Mais on ne peut gagner, tant qu'on reste seul !

Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !
Tout change, quand on le change.
Mais on ne peut gagner, tant qu’on reste seul !



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