Odile
Chanson française – Odile – Ricet Barrier – 1975
Chanson française – Odile – Ricet Barrier – 1975
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Comme
tu le sais, Lucien l’âne mon ami, les émigrés connaissent de
terribles nostalgies et dans ces moments d’une coloration assez
dépressive, ils sont d’une faiblesse insigne et se laissent
emporter par la sentimentale vague.
Oh
oui, Marco Valdo M.I., je crois bien ça et j’en ai connu beaucoup
qu’un air de musique, une chanson, un vêtement, un objet, un
simple mot parfois, que sais-je, mettait la tête à l’envers. Mais
sans doute me racontes-tu ça à propos de la chanson. Et d’abord,
de qui est-elle ? Quel est son titre ? Que raconte-t-elle ?
En
premier lieu, Lucien l’âne mon ami, je précise qu’il s’agit
d’une chanson française écrite par l’incroyable Ricet Barrier,
lequel n’a jamais émigré bien loin. Cependant, il a comme qui
dirait une sorte de génie qui le travaille. Un génie de la chanson
comme il y a un génie des eaux ou un génie de l’air ou du feu et
ce génie lui souffle des histoires que Ricet Barrier, par une autre
forme de génie, sait raconter ; ce sont des histoires de
Gaulois, de paysans, de soldats, de fonctionnaires, de vacanciers
(quand c’est la saison), d’hommes-grenouilles et de
spermatozoïdes ; c’est tout un univers. Ici, il raconte
l’histoire d’un émigré polonais, venu extraire la potasse des
mines d’Alsace. Ce mineur va être la proie d’une crise de
nostalgie fiévreuse en assistant à un spectacle de danses
folkloriques alsaciennes lors d’une fête dominicale locale du côté
du pied du Ballon d’Alsace. Une des danseuses l’a
particulièrement charmé ; elle s’appelle Odile (c’est elle
l’Odile du titre de la chanson) et il l’a emmenée manger (Alsace
oblige!) une énorme choucroute.
Oh,
oh, dit Lucien l’âne en riant à se péter la panse. Ça se corse,
on dirait bien.
Je ne
dirais pas les choses ainsi, réplique Marco Valdo M.I. d’un air
entendu. Pas si vite, en tout cas. Odile est séduisante en costume
folklorique et le soupirant de Podlachie se laisse bercer par son
imagination jusqu’à la noce incluse. Mais, en effet, le lendemain
matin, la situation se corse. Odile repart vers d’autres horizons
avec la troupe de danses folkloriques et selon le lieu, le public et
la demande, vers d’autres costumes et d’autres danses : un
jour, polonaises, un autre berrichonne, russe, tchèque, croate,
basque, finnoise, hongroise, tyrolienne, andalouse, lusitanienne,
sarde, bavaroise, bretonne ou corse, pourquoi pas ? Odile est un
vrai caméléon folklorique. Elle sème la nostalgie et le cafard
dans le cœur des mineurs célibataires.
Mais
qui dira les ravages de la danse folklorique parmi les travailleurs
exilés ? Telle est la question, que tel un prince danois, je me
pose. C’est-là, j’en suis persuadé, Marco Valdo M.I. mon ami,
un excellent sujet d’études ethnologiques ou anthropologiques, le
fondement d’une sociologie particulière, que sais-je moi, l’âne.
En attendant, reprenons nos travaux et tissons le linceul de ce vieux
monde anthropologique, migratoire, nostalgique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Depuis
que j’ai quitté le pays,
C’est dur de travailler ici
Dans la potasse de la vieille Alsace.
C’est dur de travailler ici
Dans la potasse de la vieille Alsace.
Entre
Thann et Niederbraun,
Je me sentais loin de ma Pologne
Jusqu’à ce dimanche matin
Où je t’ai serré la main.
Je me sentais loin de ma Pologne
Jusqu’à ce dimanche matin
Où je t’ai serré la main.
Odile,
Odile,
Qu’il est doux quand on s’exile
Le sourire d’une Alsacienne
En costume traditionnel.
Qu’il est doux quand on s’exile
Le sourire d’une Alsacienne
En costume traditionnel.
Je
t’ai parlé polonais,
Tes yeux seuls me répondaient.
Pour pas causer, on a dansé
Et la choucroute a suivi le bal ;
Ce kouglof, quel régal !
Toi et moi, moitié-moitié,
C’est si bon de partager.
Tes yeux seuls me répondaient.
Pour pas causer, on a dansé
Et la choucroute a suivi le bal ;
Ce kouglof, quel régal !
Toi et moi, moitié-moitié,
C’est si bon de partager.
Odile,
Odile,
Tu seras mon nouvel asile
Et quand poussera le houblon,
Tous deux, nous nous marierons.
Tu seras mon nouvel asile
Et quand poussera le houblon,
Tous deux, nous nous marierons.
Mais
le lendemain, j’ai compris
En te voyant changer d’habits
Que tu t’en allais, tu me quittais.
En te voyant changer d’habits
Que tu t’en allais, tu me quittais.
Tu
étais danseuse du folklore
De l’Alsace au Périgord
Et tu changeais de vêtements
Comme les polkas changent d’amant.
De l’Alsace au Périgord
Et tu changeais de vêtements
Comme les polkas changent d’amant.
Odile,
Odile,
Tu t’en vas vers d’autres villes
Comme les cigognes qui passent.
Reviendras-tu en Alsace ?
Tu t’en vas vers d’autres villes
Comme les cigognes qui passent.
Reviendras-tu en Alsace ?
Depuis
que j’ai quitté le pays,
C’est dur de travailler ici
Dans la potasse de la vieille Alsace.
C’est dur de travailler ici
Dans la potasse de la vieille Alsace.
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