KAMIKAZE
Version
française – KAMIKAZE – Marco Valdo M.I. – 2016
Voyage
intérieur vers une mort violente et destructrice. Écrite en 2003,
inspirée des guerres d’Afghanistan et d’Irak,
la chanson parle d’un choix en
même temps désespéré et « logique », fille de
l’impuissance face à
la
douleur de ses gens. Le morceau conteste la rhétorique
« occidentale » qui décrit le kamikaze comme un être
inhumain et irrationnel en présentant sa décision comme un
geste volontaire
de
protestation contre une guerre inégale,
subie sans possibilité de réplique.
Dialogue
maïeutique
Mon
ami Lucien l’âne, nous vivons tous au Danemark, dans l’empire ou
dans le royaume, je ne sais ; sans doute dans les deux.
Au
Danemark, Marco Valdo M.I. mon ami ? Que vient faire le Danemark
dans cette histoire de kamikaze ? À première vue, je ne le
comprends pas, sauf si tu fais allusion au prince Hamlet et à la
célèbre réplique, tirée de la pièce qui lui fut consacrée, qui
disait exactement – du moins dans sa version française de
François-Victor Hugo : « Il y a quelque chose de pourri
au royaume de Danemark ». Ou alors, peut-être, est-ce à cause
de ces histoires de caricatures qui avaient titillé la barbe du
prophète ?
Lucien
l’âne mon ami, c’est toujours un plaisir de converser avec toi,
car tu as l’esprit vif et tu en uses avec intelligence. En premier
lieu, si tu le veux bien, laissons de côté ces caricatures et la
barbe du prophète qui ne sont que des péripéties, tout comme le
kamikaze lui-même. Car, en tant que tel, le kamikaze revêt une
importance qui tend nettement vers zéro. L e kamikaze est un
accident de parcours et comme tel, sans incidence sur l’ensemble du
cheminement de la vie.
Autrement
dit, son importance réelle est nulle, même si sa nuisance est
grande et même si ponctuellement, son acte apparaît catastrophique.
Cependant, la destruction et l’autodestruction ne sont en rien une
manière de modifier le cours du réel. De toute façon, comme la
rivière sur le noyé ou sur le silex, la vie passe dessus et
l’oublie.
Cependant,
c’est bien d’Hamlet qu’il s’agit et de cette réplique, que
je ferai mienne pour la circonstance. Car, en effet, il y a quelque
chose de pourri dans le monde dès lors que des gens en viennent à
jouer au kamikaze et à assassiner d’autres gens au seul motif
qu’il s’agit de complaire à leur désespoir ou à je ne sais
quels religion, dieu, prophète, foi, croyance. Face à cela,
l’humaine nation n’a qu’une seule voie à suivre, c’est
d’user de sa raison – oui, cette bonne vieille raison qui guidait
déjà certains philosophes grecs et que depuis deux mille ans, des
prédicateurs et des illusionnistes, je veux dire par là des
marchands d’illusions et des bonimenteurs, ont mise à l’index,
ont avilie par leurs mensonges et leurs délires théologiques. Je te
le répète l’homme doit encore construire son humanité.
Construire
son humanité ? Que veux-tu dire par là, Marco Valdo M.I. mon
ami ?
Je
te réponds en quelques mots : il s’agit pour l’homme
individuel de se reconnaître comme membre de l’humaine nation, de
considérer celle-ci comme encore à construire elle aussi ; de
reconnaître qu’il est un être vivant et que l’espèce humaine,
comme son nom l’indique, est une espèce « vivante »
parmi les autres et sans aucun doute, minoritaire et absolument
dépendante de l’ensemble de son biocosme. Il s’agit pour l’être
humain de construire jour après jour sa propre humanité. Un peu
comme l’artisan, le compagnon réalise son chef-d’œuvre, l’homme
se doit de faire de sa vie son propre chef-d’œuvre d’humanité.
Encore une fois, dans des temps anciens, aux origines de la pensée,
avant l’arrivée des prédicateurs, certains philosophes de la
Grèce antique avaient commencé à faire ainsi de leur vie une œuvre
en tant que telle. Quand on réfléchit, on découvre qu’il est
d’autres façons de combattre le désespoir et les horreurs de la
vie que de jouer au kamikaze. Candide avait raison : il importe
(et il suffit au bonheur des jours) de cultiver son jardin, sentence
qui s’applique aussi bien à l’être humain individuel, à
l’humaine nation qu’à l’ensemble du vivant.
Quant
aux kamikazes, dit Lucien l’âne en penchant un peu la tête sur le
côté, je pense que tu as raison et qu’au vu de leur place
insignifiante dans la suite des événements, de leur effet dérisoire
sur le réel et sur le cours des jours, on ne peut que leur suggérer
d’appliquer notre jolie sentence : « Fanatiques de tous
les pays, calmez-vous ! » et reprenons notre tâche,
elle-même minuscule et sans effet immédiat, qui est de tisser le
linceul de ce vieux monde illusionniste, kamikaze, croyant, crédule,
religieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans
les ventres vides, la rancœur
Amplifie songes et courage
Et la répression demeure
Pour venger l’outrage.
Les fleurs sont couchées sur le champ,
La faux les abat dans le sang.
Les chenilles du char écrasent
Un soleil qui se traîne.
Amplifie songes et courage
Et la répression demeure
Pour venger l’outrage.
Les fleurs sont couchées sur le champ,
La faux les abat dans le sang.
Les chenilles du char écrasent
Un soleil qui se traîne.
Et
tu te demandes où est la voix de Dieu ?
Et
par terre tombe fauché
L’enfant pauvre
Au petit visage marqué
Par un triste destin et par la misère.
Soudain, il se lève et ses yeux extasiés
S’irisent de mille couleurs.
Son visage se fond dans les prés
Parmi l’espérance et les fleurs.
L’enfant pauvre
Au petit visage marqué
Par un triste destin et par la misère.
Soudain, il se lève et ses yeux extasiés
S’irisent de mille couleurs.
Son visage se fond dans les prés
Parmi l’espérance et les fleurs.
Et
tu me demandes où est la main de Dieu ?
Et
il court loin du néant
D’un Dieu sourd-muet et impuissant ;
Loin des yeux du père,
Il court avec son assiette pleine de rien
Et sa lèvre gelée souffre
Et n’esquisse plus de sourires enfantins.
Trop verte est sa prairie,
Morceau de champs élyséens.
D’un Dieu sourd-muet et impuissant ;
Loin des yeux du père,
Il court avec son assiette pleine de rien
Et sa lèvre gelée souffre
Et n’esquisse plus de sourires enfantins.
Trop verte est sa prairie,
Morceau de champs élyséens.
Et
tu te demandes où est le visage de Dieu ?
Et
le visage de Dieu va-t’en le chercher
Parmi les autres gens rassemblés.
Son poing qui est le mien à présent
S’élève féroce et puissant.
Écoute le miracle arrivé
De son cri qu’il m’a donné
À l’instant où retentit l’explosion.
Parmi les autres gens rassemblés.
Son poing qui est le mien à présent
S’élève féroce et puissant.
Écoute le miracle arrivé
De son cri qu’il m’a donné
À l’instant où retentit l’explosion.
L’entends-tu la voix de Dieu ?
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