LE
FILS DE GUILLAUME TELL
Version
française – LE FILS DE GUILLAUME TELL – Marco Valdo M.I. –
2010
Chanson
suisse-italienne ( en italien – Côme) – Il
Figlio di Guglielmo Tell – Davide Van De Sfroos – 1999
Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.
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Ah,
ah, ah, ah, dit Lucien l'âne dans un braiment hallucinant à
réveiller les morts, même suisses, des kilomètres à la ronde.
Dis,
Lucien l'âne comique, qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi
brais-tu ainsi, demande Marco Valdo M.I.? Tu hallucines, tu as mangé
quoi ?
Ben,
de l'herbe, comme d'habitude... De l'herbe forte, de l'herbe dure...
Du chiendent, des chardons, quelques pousses d'angélique, que
sais-je... ce que je trouve le long de mon chemin... Pour le reste,
je ne brais pas, je ris.
Et
pourquoi ? Et si fort surtout...
C'est
à cause du fils de Guillaume Tell...
Mais
enfin, il doit être mort depuis longtemps, le fils de Guillaume
Tell... Si je me souviens bien, il devait vivre vers 1350...
Oui,
ça, je le sais, je l'ai même promené sur mon dos et on avait fait
une jolie promenade autour du lac des Quatre Cantons... Mais je ris à
cause de la chanson de Van de Sfroos... Elle est vraiment très
drôle...
En
effet... Je la découvre comme toi cette histoire bien connue du
chapeau du bailli que Guillaume ne voulut pas saluer et tout ce qui
s'ensuivit. La Suisse et tout çà... Les banques, le paradis des
riches, l'impitoyable capitalisme à la Suisse, comme Nestlé par
exemple... « ... Et de richissimes Américaines dans de richissimes
palaces soignées par de richissimes docteurs jugés par de
richissimes magistrats. Et tout ce monde roule roule dans de
richissimes voitures. A carrosseries bien ouvragées immatriculées.
... », une Suisse comme la décrit Hélène Bessette dans sa Suite
Suisse et puis, si ces Suisses respectaient leur propre légende de
montagnards et de défense de la qualité de l'alpage, de ses
habitants et de son paysage... ce serait dans la ligne de ce
Guillaume mythique... Mais regarde ce qu'ils font à ce Guillaume
Tell écologiste qu'est Marco Camenisch... Depuis les années qu'ils
le tiennent serré en prison... Non, la Suisse n'est pas ce qu'elle
aurait dû être dans sa légende généreuse de ce Guillaume
montagnard repoussant le pouvoir et la domination, de ce défenseur
des paysans libres de l'arc alpin... Cela dit, cette chanson, moi
aussi, elle me fait beaucoup rire ( j'aime beaucoup l'abricot...
C'est très suisse l'abricot...) et ce Guillaume Tell d'opérette,
complètement bourré qui fout une trouille phénoménale à son
fils... Un héros national « al rovescio »... « à
l’envers »… Un efficace anti-mythe... le nationalisme
plaqué or s'effondre sous le rire... Pour ce que rire est le propre
de l'homme... Une autre manière de tisser le linceul de ce vieux
monde avaricieux et cacochyme.
Heureusement !
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
suis le fils de Guillaume Tell, qui était un grand homme
Mais
voilà, de moi, les gens ne souviennent pas, même pas de mon nom
Et
pensez que c'était moi, ce garçon avec la pomme sur la tête
Et
je ne pouvais pas trembler et je priais : « Espérons qu'il la
touche... »
Et
les gens me regardaient tous, ils me regardaient de leur fenêtre
Tous
les yeux me fixaient, mais moi, je regardais l'arbalète...
«
Papa, papa... Si on essayait avec une pastèque... »
«
Il ne faut pas douter de moi, mon fils, tu sais que ça me fâche ! »
«
Papa, papa... Au moins avec un melon... »
«
C'est pas possible, mon fils, tu le sais... et puis, ce n'est pas la
saison... »
«
Papa, papa... Alors avec un pamplemousse... »
«
Ne crains rien, mon fils; ton papa s'appelle Guillaume ! »
À
y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell
Car
depuis ce jour-là, je me promène avec un lange
Moi,
je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais
depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.
Papa
était déjà au fond, déjà il réglait la mire
Et
moi, j'avais des sueurs froides car il continuait à boire, à boire
des bières...
«
Arrête de boire, papa, autrement tu vas voir double »
«
N'aie pas peur mon fils, au pire... je te tue ! »
Voilà,
je l'entends... Je le sens... Là, il tire !
Quel
est le rigolo qui a dit
Comme
qui dirait :
«
On essaye avec un abricot? »
À
y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell
Car
depuis ce jour-là, je me promène avec un lange
Moi,
je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais
depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.
Je
suis le fils de Guillaume Tell
Qui
ne s'est jamais abaissé à saluer un chapeau.
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