Marengo
Chanson
française – Marengo – Marco Valdo M.I. – 2015
ARLEQUIN
AMOUREUX – 1
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Au matin, la bataille commença tôt
Sieg oder Tod ! On prit Marengo !
À midi, c'était la victoire.
Gott in Himmel ! Dix mille hommes perdus au soir.
|
Voici
donc, Lucien l'âne mon ami, une nouvelle série de canzones qui s'en
vont te raconter l'histoire d'un Arlequin amoureux, ci-devant
fantassin de l'Empereur autrichien François. Enrôlé de force,
déserteur par vocation, il passera sa vie à fuir, fuir et à se
réfugier en songe dans les bras imaginaires de son Arlecchina. On
verra bien à la fin comment tout cela finira. Oui, Monsieur Po, oui,
Monsieur Li, Oui, Monsieur Chi, Oui, Monsieur Nelle, Oui, Monsieur
Polichinelle.
Mais
qu'est-ce que tu me chantes là ?, Marco Valdo M.I. mon ami. On
dirait une comptine enfantine...
C'en
est une et sans doute l'as-tu entendue des dizaines de fois. En tous
cas, moi, c'est certain. Reste à te dire comment elle est arrivée
jusqu'ici.
Peu
importe, dit Lucien l'âne en pointant ses oreilles vers le ciel.
Pas
du tout. Cette comptine est la cause de tout. C'est le premier moteur
de cet opéra-récit-historique que je m'en vais te conter en un
nombre indéterminé d'épisodes, c'est-à-dire de canzones.
Si
je me souviens bien, ce sera la cinquième série du genre ; il y a eu Le
Cahier Ligné, Dachau Express, Histoires d'Allemagne, Le Livre Blanc…
La
cinquième, en effet et ce sera aussi, le deuxième déserteur, après
Joseph. Et c'est aussi, la deuxième série qui commence par un
souvenir napoléonien, puisque le cycle du Cahier Ligné commençait
par des Souvenirs
napoléoniens. Quant à la comptine… Quant à la
comptine…
Finalement,
quoi, quant à la comptine ?, dit Lucien l'âne d'un air
courroucé en raclant le sol de son sabot noir comme une nuit sans
lune.
Et
bien voilà. L'autre jour, et l'affaire illustre bien comment les
comptines restent dans la tête des gens, les enfants – je ne me
souviens plus de la raison précise – mais les enfants, ils étaient
trois et tous en âge d'être parents, soudain égrenèrent les
souvenirs, comme fait le Frédéric de Claude Léveillée, un autre
Arlequin celui-là. Par parenthèse, Frédéric est une des plus
belles chansons de la langue française et une chanson qui
mériterait que je l'insère dans les chansons de paix, qui sont
comme j'ai coutume de le dire, les meilleures chansons contre la
guerre. Et puis, comme on en était quand même au temps des
carnavals et des arlequinades, Monsieur Polichinelle est soudain
revenu à la mémoire commune et tous les (grands) enfants de chanter :
« Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »
C'est
là que je me suis dit, il faut en faire une chanson, une chanson
d'Arlequin. Et je me suis souvenu de Chveik, du Kanonýr
Jabůrek et de ce roman tchèque que j'avais lu, il y a pas mal de temps,
roman d'un déserteur inouï, écrit par Jiří Šotola. De la chanson, à la série, il n'y a qu'un pas : notre déserteur Arlequin ayant de nombreuses aventures... Ainsi, la série, c'est le
résultat des aventures de ce Matĕj, alias Matthias, Matys,
Matysek, Mathieu, dont le patronyme Kuře,
me
dit-on, signifierait poussin, poulet… Et comme à l'habitude, les
musiciens se font attendre...
Comme
je comprends l'affaire, il s'agit d'une chanson et même d'une série
de chansons (à venir) contre la guerre… Ainsi donc, nous tisserons
par la chanson, l'arlequinade et la désertion, le linceul de ce
vieux monde engoncé dans ses brumes guerrières, ses massacres, sa
sinistrose et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Au
printemps de dix-huit cent,
On
avait dit Bonaparte,
On
avait cru Bonaparte
Cuit
sur le Nil, au soleil éclatant.
Bonaparte,
on avait menti,
Bonaparte
n'était pas rôti.
Bonaparte
était à nouveau là.
Alors,
recommença la corrida.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Moi,
Matthias, quarante ans,
Vagabond
de Bohème, Arlequin dans le vent,
Enrôlé
de force au régiment,
Boutons
jaunes et caleçon blanc.
Instruction
éclair, départ sur le champ,
Vers
le sud, en avant !
Autriche,
Styrie, Vénétie, Piémont,
Le
treize juin, le cul par terre, en position.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Au
matin, la bataille commença tôt.
Sieg
oder Tod ! On prit Marengo !
À
midi, c'était la victoire.
Gott
in Himmel ! Dix mille hommes perdus au soir.
Le
quatorze juin, au soir le la bataille,
Sur
le champ couvert de morts, Matthias le fantassin,
Rescapé
de la mitraille,
Se
mua en Arlequin.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire